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26/02/2008
Chronique Musique : l'Orchestre national de Barbès ; Toumani Diabaté

La renaissance de l’ONB

(MFI) Depuis l’album Poulina paru en 1999, l’ONB, l’Orchestre national de Barbès, n’avait pas donné signe de vie. On croyait même qu’il s’était dissout. Mais l’envie de créer était trop forte pour ce collectif franço-maghrébin qui s’est enfin décidé à reprendre le chemin des studios en signant Alik (Wagram). Avec ce titre que l’on pourrait traduire par « attention ! », les 12 membres réunis autour du pilier Youssef Boukella nous alertent : « Après neuf ans d’absence, c’était une manière de dire à notre public : Attention, on revient, on est toujours là ! Mais on interpelle aussi les gens en leur disant : “ Faites attention à ce qui se passe en ce moment dans le monde ” », précise Kamel Tenfiche. Ce troisième enregistrement marque une mutation du groupe, qui joue désormais moins la carte du grand mixage entre le raï, le chaâbi algérois et les musiques gnawa. Par-ci, on dénote de la pure chanson française et par-là, on remarque un clin d’œil à la rumba congolaise. Autre innovation pour l’ONB version 2008 : l’usage plus fréquent du français aux côtés de l’arabe et du berbère. Résidence est le titre qui illustre le mieux cette orientation. Reprenant un texte datant de 1970, cette chanson évoque l’actualité brûlante de l’immigré toujours dans le rôle du bouc émissaire. L’esprit rock rode également sur cet enregistrement avec Sympathy for the Devil, une reprise des Rolling Stones. A signaler également l’hommage à des grands noms de la chanson algérienne comme Mohammed Larbi, disparu en 1988, sur Civilise. Un morceau à la rythmique binaire qui met en lumière la poésie bédouine. Quels que soient les titres, le groove qui a fait la réputation de cette joyeuse bande est toujours là. Si bien que ce dernier album sonne presque live. Une manière de rappeler l’ONB est avant tout un groupe de scène. Le public français peut d’ailleurs le vérifier en ce moment puisqu’il se produit aux quatre coins de l’hexagone.

Toumani Diabaté, incontestable maître de la kora

(MFI) Après l’album Boulevard de l’indépendance enregistré avec le Symmetric Orchestra, le virtuose malien de la kora revient aujourd’hui en solo avec The Mandé Variations (World Circuit/Harmonia mundi). Un cd très personnel qui n’est pas sans rappeler Kaira, le premier enregistrement entièrement instrumental de Toumani Diabaté, paru il y a plus de vingt ans. Mélodies subtiles, jeu extrêmement technique, les huit pièces de kora traduisent tout l’esprit de l’artiste à fois ancré dans la tradition mandingue et curieux de modernité.
Le morceau d’ouverture Si Naani, de plus de dix minutes, donne le ton avec une ligne mélodique peule délicate agrémentée d’accents blues. Kaounding Cissoko nous entraîne sur un autre terrain. Avec sa pluie de notes, ce titre transpose les rythmes en cascade du sabar sénégalais. De son côté, Cantelowes est une exploration impressionniste de Diaraby, une chanson d’amour traditionnelle. Mais la composition la plus époustouflante est certainement El Nabiyouna. Elle débute sur un mode mauritanien ancestral pour atteindre des thèmes flamencos et indiens avant de revenir à un rythme malien. Issu de la culture griotique, Toumani Diabaté confirme ici son potentiel avec sa harpe ouest-africaine à 21 cordes qui se montre tout autant méditative que lyrique. Originaire de la capitale malienne, ce musicien a commencé à pincer les cordes de la kora à l’âge de 5 ans, avant de devenir élève-professeur à l’Institut national des arts de Bamako. Depuis, il n’a cessé de frotter son instrument à différents univers musicaux. De Peter Gabriel à Taj Mahal en passant par Sting, le koraiste a été de toutes les aventures. Mais la rencontre la plus marquante pour lui a été celle avec Ali Farka Touré sur l’album In the heart of the Moon. D’ailleurs, sur The Mandé Variations, Toumani Diabaté rend hommage à son ami à travers une remarquable improvisation qui porte humblement le nom du regretté bluesman du Sahel.

Daniel Lieuze

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