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09/12/2008 | |||
Dette des plus pauvres : mobilisation pour une meilleure gestion | |||
(MFI) Les pays pauvres ont connu ces dernières années un allègement substantiel du fardeau de leur dette extérieure mais beaucoup reste encore à faire pour éviter un « réendettement », en cette période de crise qui frappe au premier chef leurs principaux bailleurs de fonds. Dans ce contexte, les instances financières internationales comme la Banque mondiale ou spécialisées comme le Club de Paris – qui réunit la plupart des créanciers publics – se mobilisent pour éviter les dérapages. | |||
La Banque mondiale a lancé un mécanisme de gestion de la dette afin d’aider les pays en développement à prévenir tout problème futur lié à la dette et a appelé les bailleurs de fonds à honorer leurs engagements en faveur d’une réduction de cette dette. « Les mesures d’allégement de la dette prises en faveur des pays très endettés ont largement contribué à la réduction de la pauvreté et à la réalisation des objectifs de développement », souligne Carlos Primo Braga, directeur du département de la politique économique et de la dette de la Banque. « La crise financière qui sévit actuellement engendre néanmoins de nouveaux problèmes en la matière et pourrait entraîner une réduction des ressources consacrées à l’allègement de la dette », ajoute-t-il. Grâce à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et à l’initiative multilatérale d’allégement de la dette, la réduction des paiements du service de la dette de 34 pays, dont une majorité d’africains, s’est accompagnée d’une augmentation sensible des crédits consacrés à la lutte contre la pauvreté. De même, les mesures d’allégement de la dette devraient entraîner une réduction de plus de 90 % de l’encours de la dette extérieure des 34 pays très endettés ayant dépassé le point de décision PPTE. Les appels à la prudence se multiplient Mais les appels à la prudence se multiplient. Ainsi Danny Leipziger, vice-président du groupe de la Banque pour la réduction de la pauvreté et la gestion économique, avertit : « Les perspectives liées à la dette demeurent très sensibles aux chocs, en particulier dans les pays ayant une base d’exportation limitée concentrée sur un petit nombre de produits, et seront très largement fonction de la nouvelle donne financière », précise-t-il. Fin novembre à Doha, en marge de la conférence de suivi sur le financement du développement, la Banque mondiale a appelé tous les créanciers à s’associer à des initiatives d’allégement de la dette et à faire en sorte qu’elles bénéficient de financements adéquats. Elle a également réitéré son engagement à apporter aux pays en développement une assistance technique dans le cadre d’initiatives concertées, par le biais d’instruments comme le Mécanisme de gestion de la dette. L’assistance technique fournie au titre de ce Mécanisme s’adressera en priorité aux pays à faible revenu et son financement bénéficiera de concours de l’Autriche, de la Belgique, du Canada, des Pays-Bas, de la Norvège et de la Suisse, qui se sont déjà engagés à verser 12 millions de dollars. Selon la Banque mondiale, 34 des 41 pays éligibles à l’initiative PPTE répondent aux conditions requises et 23 d’entre eux ont atteint le point d’achèvement et peuvent donc prétendre à un allégement irrévocable de leur dette. Une aide d’un montant de 77 milliards de dollars a été engagée en faveur de ces 34 pays, ce qui représente en moyenne environ 50 % de leur Produit intérieur brut 2007. Club de Paris : le partage d’informations est au cœur de toute approche coopérative De son côté, le Club de Paris a décidé de jouer la carte de la transparence pour inciter aussi à une meilleure coordination entre créanciers, qu’ils soient publics ou privés, membres ou non du Club, avec en ligne de mire de nouveaux bailleurs comme la Chine, qui investit à tour de bras en Afrique notamment. Ainsi, pour la première fois depuis sa création il y a plus de cinquante ans, les membres du Club de Paris ont décidé de publier le montant des créances qu’ils détiennent sur les États étrangers. « Cette initiative vise à renforcer la transparence sur les données de dette et à inciter l’ensemble des créanciers, notamment les principaux créanciers des pays en développement, à s’engager dans un processus de d’information et de publication des données de dette », indique un communiqué du Club de Paris. Il affirme que le partage d’informations est au cœur de toute approche coopérative pour évaluer de façon fiable les risques de surendettement et résoudre de manière efficace les problèmes d’endettement des pays en développement. Le tableau publié par le Club de Paris sur son site Internet* indique le montant total des créances détenues par ses membres sur chaque pays débiteur, en distinguant les créances d’aide publique au développement (APD) et les créances qui ne relèvent pas de l’APD. Le montant total des créances, hors intérêts de retard, s’élève à 330,2 milliards de dollars, dont 172,5 milliards de dollars de créances d’APD et 157,7 milliards de créances non APD ; 10 % de ces créances (environ 31 milliards de dollars) sont dus par des pays pauvres très endettés, le Club de Paris ayant l’intention d’en annuler la majeure partie, dans le cadre de l’initiative PPTE, pour les pays qui mettent en œuvre des réformes et des politiques en faveur de la réduction de la pauvreté. Près d’un tiers des créances (environ 100 milliards de dollars) est détenu sur des pays émergents d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. La pleine participation de tous les créanciers à l’initiative PPTE est essentielle Le Club de Paris reconnaît en outre les efforts réalisés par les autres créanciers pour favoriser une restructuration ordonnée de la dette souveraine, notamment ceux mis en œuvre par les créanciers privés – comme les porteurs de titres obligataires. Il estime toutefois que la pleine participation de tous les créanciers à l’initiative PPTE est essentielle pour ramener les ratios de dettes à des niveaux soutenables. « Une participation insuffisante risquerait de faire perdurer des situations d’endettement excessif, de remettre en cause l’efficacité de l’initiative PPTE et d’empêcher les pays éligibles de tirer un plein bénéfice des allégements de dette (accroissement des dépenses pour la réduction de la pauvreté, amélioration des perspectives d’accès au marché du crédit) », dit-il. Comme première étape vers une transparence accrue sur la dette, les pays membres du Club de Paris envisagent de publier des informations globales sur l’ensemble de leurs créances d’ici à la fin de l’année 2008, et encouragent les principaux créanciers à suivre cet exemple. Ils se déclarent aussi très favorables à un approfondissement des relations entre créanciers, précisant que pour la première fois, en juin 2008, des représentants des créanciers émergents étaient présents à la réunion annuelle que le Club de Paris organise depuis 2001 avec les créanciers commerciaux. * http://www.clubdeparis.org/sections/services/communiques/pour-contribuer-plus/viewLanguage/fr | |||
Marie Joannidis | |||
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