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09/03/2010 | |||
Amazonie, Congo, Indonésie et Sibérie
Une réunion sur la forêt pour sauver les poumons de la planète | |||
(MFI) La sauvegarde des grands bassins forestiers du monde, véritables poumons de la planète, est au centre de la conférence internationale ministérielle qui a lieu à Paris le 11 mars 2010. Une conférence à l'initiative du Président français Nicolas Sarkozy - qui souhaite la mise en ouvre rapide de l'accord de Copenhague sur le climat de décembre 2009. | |||
Nicolas Sarkozy a lancé l'idée de l'organisation d'une réunion sur la forêt avec les représentants des grands bassins forestiers - Amazonie, Congo, Indonésie et Sibérie - et des principaux bailleurs de fonds afin de permettre de faire un pas décisif vers l'établissement rapide d'un mécanisme de lutte contre la déforestation. La réunion est organisée avec les ministères des Affaires étrangères et de l'Environnement. En Amérique du Sud, la forêt amazonienne - une forêt équatoriale de 6 millions de km2 située dans le bassin amazonien, surtout au Brésil (60 %) mais aussi en Equateur, en Colombie, au Venezuela, en Guyane française, au Surinam, au Guyana, en Bolivie et au Pérou -, est considérée comme le « poumon de la Terre » : c'est l'un des plus importants réservoirs de biodiversité (la moitié des forêts tropicales du monde). Deuxième poumon, en Afrique centrale, la forêt du Bassin du Congo est le deuxième massif forestier tropical après la forêt amazonienne, couvrant plus de 2 millions de km². En raison de la surexploitation du bois, notamment par les entreprises étrangères, la déforestation y est importante. Les dégâts sont écologiques, avec une diminution de la biodiversité, mais les conséquences sont aussi économiques avec la perte de ressources financières à long terme. Demande en énergie, urbanisation, l'intérêt de l'homme s'est accru Les pays concernés, Cameroun, République centrafricaine, Gabon, République du Congo, République démocratique du Congo, Guinée équatoriale et Tchad, ont lancé un processus devant permettre une meilleure gestion des ressources forestières. En 2002, lors du Sommet de la Terre, à Johannesburg, un partenariat a été lancé pour le bassin du Congo regroupant les Etats-Unis, la France, les États de la Commission des forêts d'Afrique centrale (Comifac), les autres bailleurs de fonds et les ONG. La forêt indonésienne représente 50 % des forêts tropicales du sud-est asiatique. Elle s'étend sur 74 % de la surface du pays soit 109 millions d'hectares. La filière bois compte pour 3 % du produit national brut indonésien et mobilise 2,5 millions d'emplois directs, auxquels il convient d'ajouter 1,2 million d'emplois liés à des industries comme la construction et l'ameublement. Quant à la Russie, elle abrite environ 70 % des forêts boréales de la planète (plus des 3/4 se trouvent en Sibérie et le reste dans sa partie européenne). Avec l'augmentation de la demande en énergie et l'urbanisation, l'intérêt de l'homme pour ces forêts s'est accru, et d'importantes surfaces ont disparu. 13 millions d'hectares de forêts disparaissent chaque année Selon les experts, 13 millions d'hectares de forêts disparaissent dans le monde chaque année, entraînant des dommages écologiques irréversibles et menaçant le mode de vie des sociétés humaines qui en dépendent directement. Une conjonction de facteurs contribuent à la déforestation : hausse de la demande globale de bois et de denrées agricoles, liée à l'élévation des niveaux de vie, développement des agro-industries, mais aussi croissance démographique, pauvreté et migrations rurales dans les pays forestiers. Les forêts, précise-t-on de source française, tiennent un rôle crucial dans le maintien des grands équilibres écologiques, en raison de la diversité biologique qu'elles abritent. Par ailleurs, le mode de vie des populations locales, et notamment des populations autochtones, est parfois étroitement lié aux forêts et les ressources qu'elles en tirent permettent d'améliorer leurs conditions d'existence. En outre, les forêts jouent un rôle économique important à travers la production de biens. Une économie de services tend également à se développer avec l'écotourisme et par la valorisation des services liés à l'environnement. 10 à 19 % des bois importés par l'UE sont d'origine illégale La nécessité d'une gestion durable des forêts est renforcée par les liens entre forêts et changement climatique. Le déboisement, ainsi que la dégradation des écosystèmes forestiers, constituent d'importantes sources d'émission de gaz à effet de serre. Les forêts ont donc une place importante parmi les enjeux globaux du développement durable et l'action collective internationale pour la préservation des écosystèmes forestiers doit être renforcée, souligne-t-on à Paris. Plusieurs organisations s'occupent de cette préservation : le Forum des Nations unies sur les forêts (FNUF) et le Comité des forêts de la FAO. D'autres accords multilatéraux traitent des problèmes liés de près ou de loin aux forêts : la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et son protocole de Kyoto, la Convention sur la diversité biologique (CDB), la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) ou encore la Convention du patrimoine mondial de l'Unesco. L'Organisation internationale des bois tropicaux (OIBT), créée en 1983 pour développer le commerce international tout en soutenant la gestion durable, fournit normes et appui technique et financier aux pays-membres. L'Union européenne a, quant à elle, adopté en 2003 le plan d'action Forest Law Enforcement Governance and Trade (FLEGT), qui vise à réduire les volumes de bois illégal entrant dans l'UE et à renforcer la gouvernance dans les pays producteurs par le biais d'accords volontaires de partenariat. Selon les estimations, 10 à 19 % des bois importés par l'UE sont d'origine illégale. En outre, la Banque mondiale estime que le coût de l'exploitation illégale pour les économies nationales des pays producteurs s'élèverait à 10 milliards de dollars par an. La déforestation tropicale représente davantage d'émissions de gaz à effet de serre que l'ensemble du secteur des transports au niveau mondial et l'UE souhaite que la déforestation soit réduite de moitié d'ici 2020 afin de contenir le réchauffement global sous les 2 C. La Conférence de Copenhague a été l'occasion d'annoncer des financements précoces dont une partie sera destinée au volet « forêt » de la lutte contre le changement climatique. Six pays dont la France ont ainsi annoncé qu'ils y affecteraient près de 3,5 milliards de dollars sur la période 2010-2012. MFI / Glossaire sur les forêts Bassin de carbone : Tout système ayant la capacité d'accumuler ou de libérer du carbone (biomasse forestière, produits du bois, sols, atmosphère). Employé aussi comme synonyme de réservoir. Contenu exprimé en unité de masse. Biosphère : Partie de la sphère terrestre, siège de la vie sous toutes ses formes - comprend les organismes vivants, les matières organiques résultant de la vie (litière, détritus, sol). Déforestation : Transformation de terres forestières en étendues non forestières, directement du fait de l'homme. Dégradation : On appelle « dégradation de la forêt » l'épuisement de la forêt jusqu'à son couvert vertical au sol, à un niveau dépassant les 10 %. Forêt : Surface de terre (0,05 à 1 hectare minimum) ayant un couvert vertical au sol de plus de 10 à 30 %, et des arbres d'une hauteur minimale (2 à 5 m). La définition varie car le protocole de Kyoto permet aux pays de spécifier une définition précise à l'intérieur de ces paramètres utilisable pour la prise en compte des émissions à l'échelon national. Produits du bois : Produits dérivés du bois brut récolté dans les forêts, comprenant bois de feu et grumes, et produits dérivés tels que sciages, contre-plaqués, pâte de bois, papier, etc. Puits : Tout processus ou mécanisme qui absorbe un gaz à effet de serre ou un précurseur de gaz à effet de serre présent dans l'atmosphère. RED : Réduction des émissions dues à la déforestation : diminution des émissions dues aux pertes de stocks de carbone avec changement d'affectation de la terre REDD : Réduction des émissions dues à la déforestation et la dégradation forestière: diminution des émissions du stock de carbone mais sans changement d'affectation de la terre (ex : exploitation du bois de feu). REDD+ : Réduction des émissions dues à la déforestation, la dégradation forestière et à la conservation, la gestion durable des forêts et l'augmentation des stocks Régénération : Repeuplement par des moyens naturels (ensemencement sur place ou par des peuplements voisins ou semences apportées par le vent, les oiseaux et autres animaux) ou par des moyens artificiels (jeunes plants ou graines). M.J. MFI / Chiffres-clé sur les forêts Les forêts : 30 % de la surface émergée du globe (près de 4 milliards d'hectares). Sa teneur totale en carbone (638 gigatonnes pour 2005, soit 25 % du carbone dans la biosphère terrestre) est plus grande que la quantité de carbone dans toute l'atmosphère. Contenu carbone dans un arbre (ex. palissandre de 30 m de haut et de 80 ans) : 5,4 tonnes de CO2, soit les émissions d'un vol de 600 km en Airbus A320, ou l'élevage de 16,7 boufs à viande, ou un tour du monde en voiture (44 000 km) ou la production de 13,4 tonnes de blé. Déforestation : 20 % des émissions annuelles de gaz à effet de serre ; 13 millions d'hectares par an (surface de la Grèce). Personnes vivant grâce aux richesses des forêts : 1,2 milliard. Potentiel de réduction REDD : 3 gigatonnes de CO2 équivalent par an d'ici à 2020. Mécanisme de développement propre (MDP) forestier (boisement et reboisement) : 8 projets sur près de 2 000 projets. Estimations des coûts (variables). CNUCC : 9 milliards d'euros annuels pour supprimer toute déforestation dans les pays non industrialisés d'ici 2030. Rapport Stern : 2,2 à 2,4 milliards d'euros/ an. Institut international pour l'analyse des systèmes appliqués (IIASA) : 12,5 à 20 milliards d'euros/an. Commission européenne : 15 à 25 milliards d'euros/ an. M. J. | |||
Marie Joannidis | |||
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