| |||
31/03/2009 | |||
Sommet du G20 à Londres le 2 avril 2009 Les demandes de l’Afrique | |||
(MFI) L’Afrique cherche à contrecarrer les effets néfastes de la crise économique mondiale en réclamant, à l’occasion du sommet du G20 – qui regroupe les pays développés et émergents –, à la fois une plus grande représentativité du continent dans les instances financières internationales et une aide accrue de ses bailleurs de fonds, eux-mêmes en proie à la récession. | |||
« L’Afrique est marginalisée, même si pour ce deuxième sommet du G20 à Londres, le 2 avril, le président du Nepad, le chef d’Etat éthiopien Meles Zenawi, est invité en même temps que l’Afrique du Sud qui siège en tant que pays émergent », souligne-t-on à la Banque africaine de développement (Bad). « Le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique (Nepad) est un concept et non un pays ; l’Afrique est un continent aux économies diversifiées et il est absolument nécessaire que cette diversité soit représentée », précise la même source. La Bad assistera au sommet en tant qu’invité informel. L’Afrique a tenu à se préparer pour ce nouveau rendez-vous planétaire en tenant de nombreuses réunions, y compris avec le Premier ministre britannique, Gordon Brown, qui préside le G20 de Londres et qui a assuré à plusieurs dirigeants africains qu’il veillerait à ce que les intérêts des pays les plus pauvres soient pris en considération. Le Département britannique du développement international (DFID) a estimé que quelque 90 millions de personnes supplémentaires pourraient être réduites à la pauvreté d’ici la fin de l’année prochaine. De son côté, le président français Nicolas Sarkozy a annoncé au cours d’une brève visite en Afrique son intention d’inscrire le problème de la dette sur l’agenda du G20. Sous l’effet de facteurs échappant au continent Un rapport sur l’impact de la crise sur les économies africaines, élaboré par le comité des ministres des Finances africains et des gouverneurs des banques centrales, souligne les perspectives et précise les recommandations de l’Afrique au G20. Il met d’abord l’accent sur le fait que les efforts de ces dernières années risquent d’être contrecarrés « par des facteurs échappant au contrôle du continent ». « Alors que les effets initiaux de la crise financière ont tardé à se faire sentir en Afrique, l’impact apparaît désormais de façon claire. Il emporte avec lui entreprises, mines, emplois, revenus et moyens d’existence », souligne le document, qui insiste sur le fait « que le temps presse et que l’adoption de mesures décisives pour remédier à la crise ne peut plus attendre ». Ainsi, les perspectives de croissance se sont considérablement détériorées. Les équilibres macroéconomiques ont empiré, et de nombreux pays sont confrontés à un creusement des déficits des comptes courant et budgétaire. La crise est en train de briser le commerce, principal facteur des fortes performances de croissance enregistrées ces dernières années en Afrique. Outre les exportations, les flux de capitaux sont également en train de baisser, tout comme les transferts de fonds des travailleurs immigrés et les recettes tirées du tourisme. Le stock des réserves en devises diminue dangereusement, et certains pays (par exemple, la République démocratique du Congo) disposent de réserves correspondant à quelques semaines d’importations seulement, ce qui met sérieusement en cause leur capacité à importer les denrées alimentaires, les fournitures médicales et les intrants agricoles. Le secteur privé a aussi été affecté par la pénurie de liquidités sur les marchés internationaux. Une croissance qui va tomber sous la barre des 3 % Les projections montrent que le taux de croissance tombera, pour la première fois depuis 2002, sous la barre de 3 % en 2009 (2,8 %). L’Afrique subsaharienne devrait enregistrer une croissance encore plus modeste, affichant un taux de croissance de 2,5 % seulement. Les experts africains souhaitent que de nouvelles ressources soient débloquées rapidement. « Les bailleurs de fonds sont déjà en retard par rapport aux engagements pris avant la crise, c’est-à-dire fournir à l’Afrique 70 milliards de dollars d’ici 2010 : on en est à peine à 30, soit moins de la moitié, et il en faudrait encore plus », précise un responsable de la Bad. L’OCDE précise qu’en 2008, les apports nets totaux d’aide publique au développement (APD) en provenance des membres du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE se sont tout de même accrus. Les données préliminaires publiées fin mars montrent que les apports nets d’APD bilatérale des donneurs du CAD à l’Afrique en 2008 ont totalisé 26 milliards de dollars dont 22,5 milliards à destination de l’Afrique subsaharienne. Sans tenir compte des dons au titre de l’allégement de la dette dont le montant est volatil, l’aide bilatérale consentie à l’Afrique et à l’Afrique subsaharienne s’est accrue de respectivement de 10,6 % et 10 % en valeur réelle. Marie Joannidis Du nord au sud du continent africain, les effets de la crise (MFI) Les économies de grande envergure et financièrement développées et ouvertes ont été les premières à être touchées par la crise, par le biais des marchés financiers (Afrique du Sud, Égypte) et des exportations (pétrole pour l’Algérie, le Nigeria et l’Angola, et minerais pour l’Afrique du Sud). Le Botswana a connu une forte baisse de la production industrielle, des recettes d’exportations et des recettes publiques. Ce pays s’est révélé hautement vulnérable en raison de sa forte dépendance vis-à-vis de l’exportation de diamants (représentant 35 à 50 % des recettes publiques). La Tunisie, elle, a traversé toutes les étapes du ralentissement économique, depuis la contraction de la production industrielle et des exportations jusqu’à la diminution des recettes publiques et des réserves en devises. La spécialisation excessive dans les produits miniers s’est révélée plus catastrophique encore pour les pays dans lesquels la gouvernance est d’un niveau modeste et les institutions étatiques faibles, comme la RDC et la République centrafricaine, et des pays surtout agricoles comme l’Ethiopie ou le Kenya ont vu la diminution de leurs réserves en devises. Plusieurs pays ont pris des mesures d’incitation pour promouvoir la demande intérieure et la création d’emplois dont Maurice, le Nigeria, le Liberia, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Cap-Vert, l’Ouganda, le Soudan et la Tunisie. M.J. Déficit et croissance : quelques chiffres (MFI) Le déficit prévu des recettes d’exportations sera, selon le rapport, de l’ordre de 251 milliards de dollars en 2009 pour l’ensemble du continent, et atteindra 277 milliards de dollars en 2010, les pays exportateurs de pétrole enregistrant les plus grandes pertes (respectivement 200 et 220 milliards de dollars). Les exportations diminuant plus rapidement que les importations, la balance commerciale se détériorera dans la plupart des pays. Les exportations pour 2009 et 2010 ont été révisées à la baisse de 40 %. En conséquence, après avoir enregistré un excédent global confortable de l’ordre de 2,7 % du PIB aussi bien en 2008 qu’en 2007, le continent devrait afficher un déficit global de 4,3 % du PIB en 2009. Selon les estimations, pour atteindre les taux d’investissement requis pour juste maintenir la croissance d’avant-crise en Afrique, il faudrait mobiliser des ressources additionnelles de l’ordre de 50 milliards de dollars en 2009 et de 56 milliards de dollars en 2010. Pour accroître l’investissement de façon à le porter au niveau requis pour accélérer la croissance et garantir la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, il faudrait des ressources additionnelles de l’ordre de 117 milliards de dollars en 2009 et de 130 milliards de dollars en 2010. M.J. | |||
|