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Nigeria - Bénin (2-1)
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Les Ecureuils marquent les esprits
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A l'instar de Damien Chrysostome (à droite) qui dispute un ballon à l'attaquant nigérian John Utaka, la défense béninoise s'est montrée plus à son avantage face aux Super Eagles. Photo AFP
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Les Nigérians ont logiquement dominé les Béninois qui quittent la Tunisie avec une consolation, celle d’avoir enfin inscrit un but, le premier des Ecureuils lors d’une phase finale de CAN. En quart de finale, les Super Eagles affronteront le Cameroun.
Laminés lors de leur précédente sortie face au Maroc, les Béninois voulaient absolument, pour leur dernier match de la CAN, laisser une meilleure impression. Il en allait de l’honneur des jeunes joueurs présents en Tunisie et de l’avenir de cette sélection, qui participait pour la première fois à une phase finale de CAN et qui s’apprête à disputer les phases éliminatoires de la prochaine Coupe du monde. En proie à de vives tensions notamment dues à des problèmes financiers, le groupe des joueurs béninois s’était fixé un objectif prioritaire pour cette rencontre face aux redoutables Nigérians, celui d’inscrire enfin un but.
A la puissance et à la technique des Nigérians, ils ont opposé leur vivacité et leur envie. Ils se multiplient aux quatre coins du terrain au cours des dix premières minutes, en faisant preuve d’une motivation inversement proportionnelle à l’humiliation vécue quelques jours plus tôt. Peu économes, les Ecureuils jettent toutes leurs forces dans la bataille. Mais le manque de précision ou la précipitation ne leur permet cependant pas vraiment d’inquiéter le gardien nigérian. Patients, les Super Eagles attendent leur heure. A la 16e minute, le jeune gardien béninois Maxime Agueh, titularisé pour la première fois de la CAN, prive Kanu d’une balle de but grâce à une bonne sortie. Et il est à nouveau décisif quelques minutes plus tard sur une frappe d’Okocha qu’il détourne en corner.
Bien mieux organisés en défense et s’appuyant sur un gardien inspiré, les Béninois prennent peu à peu confiance, à l’image de Jocelyn Ahoueya qui se permet de tenter une frappe des quarante mètres à la demi-heure de jeu. Peu entreprenants, les Nigérians déclenchent l’ire de leur entraîneur Christian Chukwu qui s’agite sur le banc et crie sans cesse des consignes. A quelques mètres de lui, un autre entraîneur chauve et corpulent, le Ghanéen Cecil Jones Attuquayefia, fait de même avec la sélection béninoise. Les Super Eagles ont l'oreille la plus réceptive. A la 35e minute, sur un corner nigérian, Agueh sort et dégage des deux poings. Le ballon retombe sur une tête nigériane et revient vers les buts béninois. Le milieu Garba Lawal le prolonge d’un tacle glissé au fond des filets et permet au Nigeria de mener 1 à 0 à la mi-temps.
Le pardon de Chukwu
Le Bénin revient sur la pelouse avec les mêmes intentions. Devant, le capitaine Oumar Tchomogo donne le tournis aux défenseurs nigérians. Il voit presque ses efforts récompensés à la 56e minute mais son tir, dans un angle trop fermé, est facilement capté le gardien nigérian. Okocha, le capitaine des Super Eagles, continue lui aussi de montrer la voie à ses partenaires. Sa maîtrise technique provoque l’admiration du public, et ce d’autant qu’il enchaîne beaux gestes et lourdes frappes. Les Béninois résistent bien mais peinent de plus en plus à se dégager tant la pression des Nigérians s’intensifie. Le manque de lucidité est ainsi à l’origine du deuxième but nigérian : au lieu de dégager un ballon qui traîne dans la surface, le défenseur Anicet Adjamossi tente de repartir à l’attaque balle au pied. Il se fait alors contrer par John Utaka qui ne laisse ensuite aucune chance à Agueh. Cinq minutes plus tard, le Nigeria est même sur le point d’inscrire un troisième but au terme d’une très belle action collective mais le coup de tête du défenseur George Abbey passe légèrement à côté du but.
Même à 2-0, les Béninois continuent de s’accrocher, à l’instar du milieu Moussa Latoundji qui remonte inlassablement les ballons. Lui et ses coéquipiers se voient enfin récompensés de leurs efforts à la 89e minute. Sur une longue touche, Latoundji se retrouve seul devant le gardien et réussit parfaitement sa reprise de volée. Les Ecureuils sont fous de joie, et les Nigérians se retiennent pour ne pas se joindre aux scènes d’embrassades. L’excellent esprit qui a présidé à cette rencontre marquera, sans nul doute, la première phase de cette CAN. Heureux d’avoir marqué un but, les Béninois ont quitté le terrain soulagés après le coup de sifflet final, et ce malgré leur défaite 2 buts à 1.
Ils ont trouvé dans les vestiaires une ambiance beaucoup moins sereine, les problèmes internes reprenant rapidement le dessus. Les joueurs ont respecté leur contrat en donnant le plus possible et ils attendent désormais de la fédération une attitude similaire. Car si l’inorganisation perdure, certains d’entre eux pourraient décider de ne plus porter les couleurs nationales, à l’image du capitaine Tchomogo qui évoquait clairement après la rencontre la possibilité de mettre un terme à sa carrière internationale. Quant aux Super Eagles, ils peuvent être satisfaits d’avoir décroché, sans trop forcer, leur qualification pour les quarts de finale. Une satisfaction à laquelle s’ajoute la joie de récupérer pour le reste de la compétition les trois joueurs exclus la semaine dernière pour indiscipline. Victor Agali, Yakubu Aiyegbeni et Celestine Babayaro ont en effet été pardonnés par leur entraîneur et ils font à nouveau partie du groupe qui préparera la prochaine rencontre contre le Cameroun.
Le capitaine béninois Oumar Tchomogo laisse exploser sa colère au micro de Jean-François Pérès.
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Olivier Bras 04/02/2004
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