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Aboubacar Titi Camara
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L’envie de terminer en beauté
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Aboubacar Titi Camara tient enfin une occasion d'enrichir un palmarès personnel qui n'est pas à la hauteur de son talent. (Photo AFP)
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Après une longue et riche carrière européenne à laquelle il a mis un terme l’été dernier, Titi Camara a annoncé qu’il ne jouerait plus avec la Guinée après la CAN. Il rêve de terminer sur coup d’éclat.
Lorsque l'entraîneur de la Guinée, le Français Michel Dussuyer, a rendu publique début janvier la liste des joueurs qui disputeraient la CAN 2004, la présence d'Aboubacar Titi Camara a surpris certains observateurs. Le nom de cet attaquant ne circule en effet plus beaucoup dans le football international depuis l'été 2003. Parti jouer dans le club qatari d'Al Saïlyya, Titi Camara n'affronte depuis que d’anciennes gloires du football mondial comme le Français Franck Leboeuf ou l'Argentin Gabriel Batistuta. Mais à la différence de ces anciens internationaux, il poursuit toujours à 31 ans le rêve d'accomplir de nouveaux exploits avec sa sélection nationale, la Guinée.
Cette envie de continuer à jouer avec le Syli national a d’ailleurs provoqué la fin brutale de sa dernière expérience en Angleterre. Le club londonien de West Ham n'a pas apprécié qu'il se soit envolé en juillet 2003 pour Conakry afin de disputer un match de qualification de la CAN 2004. Il a participé à la large victoire de son équipe sur l'Ethiopie (3-0) qui a permis à la Guinée de prendre la tête du groupe 2 et de décrocher ainsi son billet pour la Tunisie. A son retour en Angleterre, Titi Camara apprenait qu'il ne faisait plus partie du club de West Ham.
L'itinéraire européen de ce joueur commence en 1990 à Saint-Etienne. Après cinq saisons chez les Verts, Titi Camara prend en 1995 la direction du club de Lens. Il y reste deux saisons et s'illustre notamment en Coupe de l'UEFA. Sa générosité et sa vaillance séduisent le public du Stade Bollaert. Avec lui, l'attaque nordiste gagne en efficacité. Le RC Lens est dans une phase ascendante qui va le conduire, en 1998, au titre de champion de France. Titi Camara n'est cependant pas là pour savourer cette réussite avec ses anciens co-équipiers. Il a mis le cap au début de la saison sur Marseille où ses débuts sont difficiles. Il ne parvient à inscrire que deux buts en 31 matchs et gagne une réputation de «vendangeur» d’occasions. La saison suivante, Titi Camara est bien plus en réussite et gagne enfin l’affection des supporters marseillais qui regrettent son départ à l’été 1999 pour l’Angleterre.
Un «grand d’Afrique»
Bredouille de titres en France, Titi Camara a l’espoir d’étoffer son palmarès dans le club mythique de Liverpool. Réclamé par l’entraîneur français Gérard Houllier pour pallier la blessure de Michael Owen, il devient le premier joueur guinéen à évoluer dans le championnat de Premier League. Avec dix buts inscrits lors de la première saison, il devient le chouchou du stade d’Anfield. Sur le site du club, les historiens de Liverpool ont tenu à rappeler le grand dévouement de ce joueur pour les Reds et notamment le but de la victoire inscrit en octobre 1999 contre West Ham, quelques heures seulement après avoir appris le décès de son père.
La saison suivante est bien moins florissante pour Titi Camara et ses relations avec Gérard Houllier se dégradent progressivement, jusqu’à la signature en décembre 2000 dans un club moins huppé, West Ham, mais qui compte dans ses rangs des joueurs en devenir comme Frédéric Kanouté ou Kaba Diawara. Pour Camara, l’expérience anglaise va finalement se terminer sur une fausse note: son club est rétrogradé en division inférieure à la fin de la saison 2003 et il part vers le Qatar, toujours sans aucun trophée dans ses valises.
C’est en fait avec sa sélection nationale que Titi Camara a montré le plus de constance au cours de sa carrière. Il était déjà de l’aventure tunisienne du Sily national lors de la CAN 1994 et espère bien aller beaucoup plus loin sur les mêmes terres. La qualification pour les quarts de finale représente déjà une belle réussite pour ce vétéran qui a notamment signé le but de l’égalisation face à la Tunisie, évitant ainsi à sa sélection de devoir passer par la terrible épreuve du tirage au sort qui aurait dû décider du nom du deuxième qualifié dans le groupe A entre le Rwanda et la Guinée. Titi Camara, auteur d’un but lors de chaque match de la Guinée dans cette CAN, a dû apprécier les commentaires laudateurs de différents entraîneurs, notamment ceux de Roger Lemerre qui a notamment fréquenté ce joueur à Lens et qui parle de lui comme d’un «grand d’Afrique». Un bel hommage pour celui qui avait été baptisé «Mon tout petit» par sa mère et qui s’est ensuite retrouvé affublé du raccourci «Titi» par sa sœur.
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Olivier Bras 06/02/2004
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