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Tunisie - Sénégal (1-0)
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Un duel d'hommes dans le brouillard
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A l'image de ce duel entre Karim Hagui (en l'air) et El Hadji Diouf, le quart de finale entre la Tunisie et le Sénégal a été un match très engagé et hâché par de nombreuses fautes. (Photo AFP)
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L'enjeu était énorme, des deux côtés. On redoutait un match heurté, cela a été le cas. La Tunisie, pour son esprit d'entreprise lors de la première mi-temps, a peut-être mérité sa victoire.
De notre envoyé spécial en Tunisie
Le froid et l'épais brouillard qui avait envahi la capitale tunisienne n'avaient pas découragé les 60.000 spectateurs qui avaient pris rendez-vous avec leur équipe au stade de Radès. Inquiets, un peu moins toutefois que lors du match d'ouverture face au Rwanda, pas complètement rassurés sur les prestations précédentes des hommes du Français Roger Lemerre. Dans le camp d'en face, on n'avait pas plus de certitudes. L'équipe n'avait pas renouvelé ses prestations mondiales de 2002 et sa sortie face au pays organisateur était faite pour confirmer ou infirmer les premières impressions.
Dès le départ, l'opposition de styles était évidente. Beaucoup plus de mobilité et de vivacité côté tunisien, contre une présence athlétique imposante chez les Sénégalais, ce qui n'était naturellement pas une surprise. Un vrai petit jeu du chat et de la souris, cette dernière étant incarnée par les deux attaquants de poche au maillot blanc, Ziad Jaziri et Santos. On les voyait régulièrement jaillir bien lancés par le milieu de terrain, mais sans jamais réellement menacer la gerdien sénégalais Tony Sylva. El Hadji Diouf dans un rôle mal défini - on nous l'avait annoncé avant de pointe flanqué sur sa droite d'Henri Camara et sur sa gauche de Lamine Sakho- celui d'un joueur sans poste fixe, offensif bien évidemment, mais d'abord chargé de déplacer les défenseurs centraux Jaïdi et Badra qui ne sont pas des chevaux de course. Teigneux, hargneux comme de coutume, il passait une partie de son temps à tempêter, plus contre lui-même sans doute que contre l'arbitre ou ses adversaires. Du Diouf dans le texte.
La Tunisie continuait de faire vivre le ballon quand les Sénégalais semblaient plutôt présents sur le terrain pour imposer leur puissance athlétique, casser le rythme de l'adversaire, lui pourrir ses ballons. D'une manière générale, il y eut peu d'alertes sur les buts lors de la première phase qui se terminait avec un avantage à la Tunisie pas concrétisé au tableau de marque.
Un état d'esprit exécrable
La deuxième mi-temps allait être une succession de fautes et de chocs plus ou moins sérieux. Les Tunisiens s'étaient époumonés à partir dans tous les sens pour une pêche sans poisson. Les Sénégalais s'énervaient, faute de trouver une assise. Une situation qui s'explique en grande partie par l'absence de Khalilou Fadiga. Le brouillard se faisait de plus en plus dense, on n'y voyait de moins en moins clair sur la pelouse, le jeu dégénérait constamment, hâché par des fautes. Lorsque peu après l'heure de jeu, héritant d'une balle aérienne légèrement à l'extérieur de la surface, Anis Ayari effectuait un magnifique retourné acrobatique qui atterrissait sur le côté gauche de la surface où la tête puissante de Jawhar Mnari faisait mouche, Lamine Diatta ne pouvant qu'accompagner le ballon dans la cage sénégalaise. Un à zéro. Unique but d'une partie qui ne laissera pas un souvenir impérissable, surtout d'une période disputée dans un état d'esprit exécrable. Pour la petite histoire on notera que l'arbitre a accordé dix minutes de temps additionnel, ce qui est exceptionnel et qui indique que les arrêts de jeu ont été très nombreux.
Il fallait un vainqueur. La Tunisie n'a pas commis un hold-up. Quant au Sénégal, il paye un après-Coupe du monde qui ne s'est pas déroulé dans la plus grande sérénité. Le onze sénégalais demeure une force vive du football africain. Il lui a manqué un peu d'humilité et la volonté de se remettre plus fondamentalement en question. De la discipline aussi. Après tout, ce n'est pas bien grave sauf pour ceux qui ont cru que les Lions de la Teranga étaient arrivés au sommet et que rien, ni personne, ne pourrait les en déloger. D'autres en ont fait l'expérience avant eux. En demi-finale, la Tunisie trouvera sur sa route soit le Cameroun, soit le Nigeria. Et la bataille livrée ce samedi à Radès laissera sûrement des traces, et ce même si l'équipe du pays organisateur aura une journée de repos supplémentaire.
L'attaquant sénégalais Mamadou Niang exprime sa déception au micro de Philippe Zickgraf.
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Gérard Dreyfus 07/02/2004
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