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CAN 2004

Tous contre le Cameroun


L'équipe camerounaise en pleine célébration lors de la dernière Coupe d'Afrique des nations au Mali
®DR



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  Rigobert Song, capitaine des lions indomptables, décrit son état d'esprit avant la rencontre.
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Le maillot de la discorde  ( 24/01/2004)

La Cameroun qui rêve d'une troisième couronne consécutive, ce qui constituerait un exploit sans précédent, figure au premier rang des favoris. Mais, pas plus que les autres, il n'est assuré de son avenir.

De notre envoyé spécial à Tunis

A quelques heures du coup d'envoi de la 24ème Coupe d'Afrique des nations, toutes les données sont désormais rentrées et dans les ordinateurs. Mais cela reste bien trop mathématique pour discerner le podium du 14 février au soir. Le football n'est pas une science exacte et trop de paramètres continuent de nous échapper pour affiner un pronostic. Il faudra attendre la première sortie de chaque équipe pour y voir un peu plus clair.

Dans cet état de confusion légitime, un nom vient spontanément à l'esprit, celui de Cameroun. «On ne craint personne, on respecte tout le monde» confiait jeudi Rigobert Song, le capitaine des Lions Indomptables. Bien sûr, le Cameroun rêve d'une troisième couronne consécutive. Bien sûr, le Cameroun rayonne encore de ses exploits lors de la Coupe des Confédérations (finaliste face à la France). Ces performances sont-elles cependant suffisantes pour mettre à la raison une meute ambitieuse accrochée à ses basques? Leurs adversaires savent qu'à la détermination des Lions toujours avides de succès s'ajoute cette année le souvenir d'une double terrible douleur: la mort, sur le terrain, de leur copain, ami et confident, Marc Vivien Foé, et celle, toute récente, de l'épouse de Roger Milla dans un accident de voiture. Honorer leurs mémoires, pouvoir leur dédier une nouvelle Coupe serait leur manière à eux de leur adresser leurs plus affectueuses pensées.


Dans une telle bataille, leurs adversaires n'auront cependant que faire des arguments sentimentaux. Tout se jouera sur le terrain. Et les Indomptables devront déjà se méfier d'un premier tour, a priori à leur portée face à une Algérie qui a composé à la hâte sa sélection et qui a montré un visage inquiétant en s'inclinant voilà quelques jours devant son public face au Mali. L'Egypte, capable du meilleur et du pire a rajeuni son équipe, appelé ses professionnels, notamment Mido, afin de rééditer le coup de Ouagadougou. Ses derniers résultats n'ont cependant pas été fameux. Enfin, dernière équipe du groupe C, le Zimbabwe est un nouvel arrivant sur la scène continentale et peut, à ce titre, crééer la surprise lors de cette compétition.

L'invité surprise béninois

Le groupe D, à Sfax et Monastir, est celui de trois anciens vainqueurs de la CAN -Afrique du Sud, Maroc, Nigéria-, de trois anciens mondialistes. Le premier est en perte de vitesse et les derniers avatars concernant l'entraîneur ne sont pas de bon augure. L'équipe est la plus âgée des seize présentes en Tunisie et le rappel de John Moshoeu est plutôt à prendre comme un signe de faiblesse. Le renouvellement ne s'est pas fait. Le Maroc a tellement déçu ces dernières années qu'on garde un goût d'inachevé à croire que les Lions de l'Atlas sont plus à l'aise sur la scène mondiale que sur la scène africaine. Prudence, prudence avant de les écarter de la course au carré final.

Le Nigeria n'en finit pas de jouer les filles de l'air, invariablement perturbé par des problèmes de gestion d'équipe. Sous la houlette d'un Okocha rayonnant à Bolton, il ne peut pas ne pas être intégré dans l'éventuel carré d'as. Il aimerait bien retrouver en finale un Cameroun qu'il n'a jamais battu lors de l'ultime rencontre (84, 88 et 2000). Le chemin sera semé d'embûches, pas infranchissables cependant. Surtout ne pas écarter le Nigeria avec un Julius Aghahowa qui a joué en Tunisie à l'Espérance de Tunis et qui n'est jamais si bon que lorsqu'il porte le maillot des Super Eagles avec lesquels il s'est révélé voilà quatre ans. Invité surprise, le Bénin, héros des éliminatoires, pense peut-être un peu trop pouvoir se comporter comme un vieux routier. Le public béninois voit son équipe mettre à la raison des équipes autrement aguerries à ce genre de rendez-vous. Il risque de déchanter. Le Bénin n'a encore rien prouvé. Qui veut aller loin a intérêt à ne pas fanfaronner.

Un Tunisien averti en vaut deux

Les deux autres groupes ne sont pas plus déchiffrables. Bien sûr comment ne pas accorder sa confiance à la Tunisie dans le groupe A, et au Sénégal dans le groupe B. La Tunisie est chez elle, avantage et inconvénient. Le terrain de Radès lui est plutôt favorable, sa préparation a été la meilleure des seize formations en présence, ses joueurs ont de l'expérience. Saura-t-elle résister à la pression? On le saura dès le match inaugural contre le Rwanda. La crainte des Tunisiens s'exprime sous la forme d'un souvenir, celui de la CAN 94, quand les Aigles de Carthage avaient abdiqué d'emblée au stade El Mensah contre un inattendu Mali. Un Tunisien averti en vaut deux. Plus jamais un tel scénario, mais comment dans le même temps ne pas l'appréhender. On mesurera à ce premier match la patte de Roger Lemerre exilé volontaire. Après ses démêlés avec l'équipe de France et avec le public français, lui aussi part en reconquête.

Les trois autres équipes du groupe A sont autant de points d'interrogation. La République Démocratique du Congo en retours permanents, tous les deux ans, a la bonne manie de se faire oublier entre deux CAN avant de s'immiscer gentiment au second tour. La Guinée ne manque pas de joueurs de qualité mais elle est passée à côté de ses chances. Beaucoup d'improvisation et une cote qui n'a cessé de baisser. Rois de la curiosité, les Rwandais forment l'ensemble peut-être le plus attendu en raison du passé dramatique de ce pays. On ne connaît pas son football en dehors de sa région. Et quand on ne connaît pas, on a la réaction immédiate de barrer le nom à l'heure des pronostics. Abedi Pelé dit que c'est une bonne équipe -elle a éliminé le Ghana - et que ses adversaires risquent d'être surpris. Bons techniciens, bonne présence physique. Et si le Rwanda allait en quart de finale?

Le Mali en outsider

Que va faire le Sénégal? Gagner la Coupe, comme ses performances réalisées voilà un an et demi au Mondial inciterait à le penser. La situation n'est pas du tout la même. Alors que l'équipe semblait en pleine ascension voilà deux ans, elle inspire certaines réserves aujourd'hui. Intrinsèquement, les Sénégalais peuvent postuler au titre. Ils ont bien des ressources pour y parvenir. Attention, ils vont disputer deux derbies contre le Mali et le Burkina Faso. Un Mali impressionnant à Alger (2-0 contre les Fennecs le 15 janvier). Cette victoire en match de préparation est importante moralement. Les Aigles, qui avaient été l'équipe la plus séduisante voilà deux ans sous la direction d'Henri Kasperczak, devraient être encore en phase ascensionnelle. Un très bon outsider.

Toujours présent depuis 1996, le Burkina Faso, sans faire de vague, poursuit sa route profitant, comme son voisin malien d'une politique de jeunes intelligemment conçue. A cet égard Burkinabé et Maliens devraient faire des émules en Afrique. Le Kenya est sans doute l'équipe la plus délaissée au moment des pronostics. Ses apparitions dans les CAN ne lui ont jamais permis de sortir de l'anonymat. Et rien ne laisse penser qu'il en ira autrement en Tunisie.

Décidément, rien ne permet d'enlever le Cameroun de sa place de premier favori. Derrière on mettra le Sénégal et le Nigéria si l'un et l'autre retrouvent le plaisir de jouer. Puis la Tunisie qui court après une couronne depuis quarante ans. A égalité, le Mali, en raison de sa prestation lors de la dernière CAN. Et encore derrière, l'Egypte et le Maroc. A bien y réfléchir, cette CAN pourrait bien être celle de toute une série de surprises.
Gérard Dreyfus
23/01/2004




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