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Economie solidaire

Insertion des chômeurs: <br> on ne prête pas qu'aux riches !<br>

Particulièrement adapté à l'économie du tiers-monde, le micro-crédit se développe, depuis une dizaine d'années, dans les pays développés, au fur et à mesure que l'exclusion progresse. Exemple de prêt solidaire en France.
Sur le principe de la Grameen Bank (la banque des pauvres) fondée au Bangladesh par l'économiste Muhammad Yunus, Maria Novak a fondé, en 1990, l'ADIE, l'Association pour le Droit à l'Initiative Economique, pour "accompagner les chômeurs et les Rmistes qui veulent créer leur propre emploi sous forme d'une entreprise individuelle". Depuis dix ans, cette association soutient l'initiative de personnes en situation précaire en leur ouvrant l'accès au crédit (les prêts solidaires sont d'un montant maximum de 30 000 francs) et en leur apportant la formation et l'accompagnement (logistique, financier, juridique et administratif) dont ils ont besoin pour créer leur emploi. L'ADIE possède une vingtaine d'antennes dans toute la France et dans les DOM-TOM. "La demande ne cesse de croître et notre objectif est de rendre leur autonomie et leur dignité aux personnes exclues de l'activité économique et du système bancaire classique" assure Maria Novak. Plusieurs dizaines de milliers de projets arrivent à l'association chaque année et l'ADIE doit faire le tri. Seuls 2 500 seront financés. Comment s'y prend-elle pour en choisir un plutôt qu'un autre ? "Nous nous fondons sur l'aptitude du candidat à devenir entrepreneur et, concernant le projet en question, nous évaluons son adéquation au marché local, sa faisabilité et sa viabilité".
Depuis la création de l'association, près de 8 000 emplois ont ainsi été créés dans des secteurs aussi divers que "l'artisanat, les services à domicile ou non, les petits commerces". Le taux de survie des entreprises financées (75% après 2 ans) est à peu près le même que celui de la moyenne nationale pour la création d'entreprise.

Dans son action, l'ADIE est soutenue financièrement par les pouvoirs publics et le secteur privé. Le financement de ces prêts "se fait en partie sur nos fonds propres et en partie par des banques dans le cadre d'accords de partenariat. Pour les prêts bancaires, le risque est partagé par la banque à hauteur de 25% et par l'association à 75%".

Lors des Etats généraux de la création d'entreprise, le 11 avril 2000, Lionel Jospin a annoncé une série de nouvelles mesures. Que vont-elles apporter de nouveau notamment pour l'ADIE ? "Nos créateurs auront moins de frais à payer, ils pourront plus facilement créer une SARL (société à responsabilité limitée) car la mise initiale était de 50 000 francs et elle n'est plus que de 10 000, ils auront accès aux prêts subordonnés et des avantages sur les charges sociales".

Avec la création d'un secrétariat d'Etat à l'économie solidaire dans le deuxième gouvernement de Lionel Jospin, dirigé par Guy Hascoët, la situation en France devrait s'améliorer. Maria Novak est optimiste "C'est une très bonne nouvelle. Il y a énormément à faire en matière d'économie sociale et solidaire. Je ne sais pas exactement quel sera le dessein exact de la politique menée, mais je me réjouis de cette nouvelle. A l'heure actuelle, l'économie solidaire est un réel besoin, et c'est bien que tous les exclus puissent se retrouver dans une famille commune".



par Clarisse  Vernhes

Article publié le 12/07/2000