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Economie solidaire

Trois questions à Guy Hascöet, secrétaire d'Etat à l'économie solidaire :<br> "<i>L'économie n'est pas une, mais plurielle</i>"<br>

RFI : L'économie solidaire, effet de mode, dont vous bénéficiez avec la création d'un secrétariat d'Etat ou mouvement de fond, face à la mondialisation ?


Guy Hascoët :
Deux tendances de fond sont effectivement à l'£uvre. Plus on va vers une globalisation des marchés et plus, par réaction ou par équilibre, on voit apparaître la revendication qu'il existe un autre espace, d'autres logiques. C'est la consécration du fait que l'économie n'est pas une, mais plurielle. Il convient de le reconnaître et d'accompagner cette émergence en la dotant d'outils et de réglementations, comme on le fait pour le secteur dominant. Ce mouvement correspond à une mutation culturelle. Au-delà de l'organisation des Etats, des unions d'Etats, des règles de régulation internationales, apparaît un mécanisme de création de solidarités locales, inter-individus, inter-groupes, inter-communautés qui est le pendant culturel de la globalisation. Cela a bousculé la sphère économique, cela va bousculer la sphère démocratique. On assiste à une accentuation de l'autonomie et donc de la responsabilité. Ce n'est pas seulement une réponse à la crise. Je considère que le tiers-secteur est un champ d'activité à part entière, qui, sans doute, a plus que d'autres la mission d'articuler le monde de l'insertion. Mais il faut que les choses soient claires : ce ministère n'est pas celui du traitement social du chômage.


RFI : Quels sont les obstacles au développement de l'économie solidaire auxquels vous allez vous attacher ? Notamment, le foisonnement des statuts et des réglementations qui régissent ce secteur sont-ils une richesse ou un inconvénient ?

GH : Ce n'est pas la diversité des statuts qui est un obstacle, c'est le fait que le mouvement soit né d'une volonté forte, sous des formes parfois imparfaites, qui a devancé sa reconnaissance par l'Etat. Il faut lui donner des règles qui correspondent à ses spécificités. Aujourd'hui, les pratiques sont parfois en contradiction avec le droit, mais comme elles sont légitimes, il faut que le droit rejoigne la légitimité et qu'elles connaissent un développement plus harmonieux. Ce qui empêche le développement puissant d'un certain nombre de services de proximité ou d'autres activités, c'est d'être sans arrêt en condition de survie.
Une rationalisation ou une réglementation excessive peut être la crainte d'un certain nombre d'acteurs de terrain. Je voudrais pouvoir les rassurer : a priori, la reconnaissance, y compris par le législatif, n'a pas de raison d'être un malheur. Je suis persuadé que le jour où le droit aura rattrapé la société, on verra réapparaître d'autres choses qui, à nouveau, bousculeront la frontière. Mais c'est la vie, cela.


RFI : Les pays du Sud mènent des expériences variées d'économie dite populaire ou solidaire, avec le micro-crédit, les coopératives villageoises etcà Des passerelles, des échanges d'expériences, des coopérations sont-ils envisageables ?

GH :
Il y a, d'abord, tout le champ du commerce équitable, sur lequel j'ai bien l'intention de mettre en £uvre un certain nombre de démarches, pour donner une place plus significative à ce type de partenariat. Ensuite, il y a tout ce qui concerne la finance et le micro-crédit, les chaînes de solidarité, la petite entreprise. C'est un des exemples dont le Nord, à l'exception du Québec, s'est complètement inspiré de ce qui se passait au Sud. La contrainte, beaucoup plus forte au Sud, a amené beaucoup plus de créativité. Peut-on favoriser les partenariats ? Il y en a déjà et, compte-tenu de la puissance financière du Nord, la coopération décentralisé permet parfois d'apporter des garanties permettant aux acteurs du Sud d'aller plus loin dans leur démarche.
Il y a enfin, tout ce qui favorise les échanges, en mettant en avant le développement durable, les éco-labels, le transfert de technologies, la reconnaissance du commerce équitable et donc de les différencier au niveau des règles douanières. Il y a une recherche à faire. On peut l'attendre de l'Union européenne ou de la France et j'ai des propositions à faire en ce domaine.



par Propos recueillis par Francine  Quentin

Article publié le 12/07/2000