Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Internet

Le coup de Net ne détrône pas encore le coup de fil

L'arrivée de la téléphonie sur Internet pourrait-elle bouleverser le marché des télécommunications ? Pour les opérateurs traditionnels, elle a déjà incité à poser la question des choix stratégiques pour le long terme avec plus d'acuité.
« La téléphonie sur Internet n'a pas engendré le raz-de-marée que l'on annonçait entre 1995, moment où les premiers essais de voix sur IP (Internet Protocol) ont été réalisés, et 1997. A l'époque, la problématique était de savoir si la téléphonie sur Internet allait remplacer le téléphone classique à l'international et si les opérateurs traditionnels allaient être balayés ». Pour Gérard Boulay, responsable de la coordination des essais de voix sur IP dans le secteur recherche/développement de France Telecom, on est aujourd'hui revenu à plus de modération. Il n'empêche que la téléphonie sur Internet fait l'objet de beaucoup d'attention. Dans une perspective d'ouverture des marchés à la concurrence et avec le positionnement d'opérateurs privés compétitifs dans le domaine de la téléphonie classique, la voix sur IP apparaît comme un secteur porteur pour France Telecom qui lui consacre un budget important en matière de recherche/développement depuis 1997.
Pour l'instant, au niveau des particuliers, Gérard Boulay estime qu'il n'existe que des «niches» intéressantes. Notamment en ce qui concerne les appels vers le continent africain pour lesquels le transit via Internet offre un réel gain au niveau des tarifs car les taxes de répartition perçues par les Etats y sont encore importantes.

Intéressant vers l'Afrique

France Telecom propose un service de «phone to phone» via le web, notamment vers le Sénégal. Ce service est accessible grâce à une carte spéciale. Mais sa diffusion reste confidentielle, presque expérimentale. Et selon Gérard Boulay, ce type de «service de substitution» par rapport à la téléphonie classique via le réseau commuté devrait disparaître assez rapidement. Il ne s'agissait certainement que de répondre rapidement à la concurrence des «cartes prépayées» proposées par des opérateurs privés qui utilisent Internet et permettent aux expatriés d'appeler dans leur pays à des tarifs beaucoup plus intéressants que ceux de l'ex-détenteur du monopole des télécommunications en France.
En effet, la stratégie actuelle de France Telecom est de se concentrer sur l'offre de «nouveaux services dans lesquels la voix sur IP n'est pas le moteur principalà C'est dans ce domaine qu'il risque d'y avoir une explosion», explique Gérard Boulay. Ainsi, les web call centers ou centres d'appel Internet qui permettent de téléphoner à partir de la page web d'une société pour entrer en communication avec les agents commerciaux de cette dernière.

L'explosion des « nouveaux services »

L'objectif des chercheurs de France Telecom est de trouver des applications qui puissent « faciliter la vie des particuliers ». Par exemple, grâce à des systèmes de signal d'appel qui préviennent l'internaute qu'il a une communication en attente et lui permettent de la prendre sans couper sa connexion à Internet voire de la transférer sur un téléphone portable. Ou encore avec des systèmes de « listes d'amis » grâce auxquelles on peut savoir si un correspondant est en train de surfer et ainsi l'appeler via Internet.
Mais plus que vers les particuliers, c'est vers les entreprises que les recherches se dirigent. Des systèmes qui permettent de combiner voix, images et données sont à l'étude et devraient être mis sur le marché début 2001 par France Telecom. Ainsi que des services de messagerie unifiée grâce auxquels on peut récupérer les mails et les messages vocaux sur la même boite aux lettres.

Réduction des coûts
Pour les sociétés désireuses de réduire leurs coûts de fonctionnement, le passage sur IP est intéressant même s'il nécessite dans un premier temps un investissement en terme d'équipement. Les entreprises multi-sites implantées dans plusieurs pays représentent des cibles privilégiées car elles peuvent mettre en place des intranet qui utilisent la technologie IP sans avoir les inconvénients du transit encombré sur Internet, et ainsi réduire la facture de leurs communications internes.
Peu d'entreprises envisagent cependant le passage au tout IP pour le moment, sauf en phase expérimentale, car il expose à un certain nombre de risques. Notamment en cas de panne informatique où l'entreprise serait privée de tout moyen de communication. De plus, la téléphonie sur IP ne dévient intéressante que lorsque l'on a accès au haut débit. Et surtout, pour Gérard Boulay : « Les utilisateurs vont vouloir retrouver la même qualité de service que celle offerte sur le téléphone classique. Et pour obtenir l'équivalent, cela va coûter plus cher en développementà Les entreprises regardent, expérimentent, veulent s'assurer que les produits sont fiables et la qualité de service au rendez-vous ».



par Valérie  Gas

Article publié le 18/12/2000