Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Russie-Etats-Unis

Bush et Poutine désarment

Les présidents russe et américain ont signé ce vendredi au Kremlin un traité qui devrait réduire des deux tiers les arsenaux nucléaires de leurs pays d’ici 2012.
Cette accord est intervenu alors que la Russie s’apprête à entrer dans l’0tan. Après des mois de négociations, les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance atlantique et le chef de la diplomatie russe ont trouvé un accord après une longue bataille diplomatique. Ce traité, le premier depuis dix ans, vise à réduire considérablement leurs arsenaux atomiques respectifs, dont le nombre de têtes nucléaires déployées par chacun des deux pays doit passer d’environ 6 000 aujourd’hui à près de 2 000 d’ici à 2012. Pour le président Bush, cet accord inaugure une nouvelle ère dans les relations américano-russes.

Cet accord s’inscrit dans la proposition de désarmement faite par le président Bush en novembre dernier à l’occasion de la visite du président Poutine dans son ranch texan de Crawford. Les Russes s’étaient dits prêts à faire de même, mais avaient insisté sur la nécessité d’un cadre formel sous la forme d’un traité bilatéral. Les négociations qui achoppaient jusqu’à présent sur les modalités de la réduction des têtes nucléaires (démantèlement, stockage, mise en réserve) se sont finalement débloquées. Moscou avait en effet demandé des assurances sur l’ampleur de l’arsenal américain qui pourrait être stocké, et donc éventuellement remis en service. Dans le cadre de cet accord, selon les Américains, certaines des têtes nucléaires seront démantelées, d’autres seront stockées, et d’autres seront gardées comme réserves opérationnelles.

L’inquiétude des militaires

Côté américain, on affirme qu’une partie des têtes nucléaires stockées serviraient à des études menées par le département de l’Énergie et le Pentagone, sur le vieillissement des armes atomiques. Dans le même temps, contrairement aux souhaits initiaux de Moscou, le traité historique entre les deux ennemis d’hier ne comporterait aucune clause sur le projet américain de bouclier antimissile. Pourtant, on se souvient que dans le monde entier, la politique de défense du président Bush avait inquiété, et susciter d’âpres débats, avec une question de taille : qu’elle réponse apporter au projet américain de bouclier antimissile que le successeur de Bill Clinton aurait bien l’intention de conduire à son terme. Malgré la rencontre entre Bush et Poutine, le monde unipolaire continue à faire peur. Il y a quelques mois, le ministre russe de la Défense, le maréchal Igor Sergueïev avait proposé au secrétaire général de l’OTAN la création d’un système de défense antimissile non-stratégique pour l’Europe. Autrement dit, un missile commun, mais aussi de relancer le duel antimissile entre les deux anciens ennemis de la guerre froide.

On sait que la Russie est totalement opposée au projet de bouclier américain (NBD), car, selon Moscou, celui-ci menacerait sa sécurité stratégique et remettrait en question le fameux traité antimissile balistique de 1972, signé alors entre les deux «Grands», et qui en principe interdit le déploiement d’un système antimissile global.

Le voyage de Bush en Russie devrait permettre de clarifier le rapport des forces au sein de l’administration américaine. C’est ainsi que Colin Powell, secrétaire d’État, ancien chef d’état-major interarmes préconise que la puissance militaire américaine ne soit employée qu’au nom d’intérêts nationaux vitaux. Dans le même temps, on observe la colère de certains hauts responsables de l’armée de l’air qui craignent que les investissements nécessaires à cette nouvelle panoplie ne soient prélevés sur les crédits alloués à la modernisation des forces aériennes du pays.



par Pierre  DELMAS

Article publié le 24/05/2002