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Chronique Asie

La prisonnière de Lhassa

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
Le 17 Octobre 2002 le gouvernement chinois a libéré Ngawang Sangdrol, après une dizaine d’années de détention dans la sinistre prison de Drapchi, où elle purgeait une peine de 21 ans. Les tortures et les mauvais traitements n’auront pas réussi à avoir raison de la détermination de la jeune femme. Exilée aujourd’hui aux Etats Unis, elle poursuit son combat pour l’autodétermination du Tibet. Un combat commencé à l’âge de 12 ans, lorsque sa famille, très religieuse, l’a fait rentrer au monastère de Lhassa.
Mais sa passion pour la cause tibétaine est plus ancienne, elle date de son enfance. «Mes parents avaient souffert sous le joug chinois. Et ils m’avaient raconté ce qu’ils avaient vécu. Il n’y a personne au Tibet qui ne sache ce que signifie la domination chinoise. Chacun brûle du désir de défendre la liberté» a- t elle affirmé lors d’un entretien.

Ngawang Sangdrol a été arrêtée le 21 Août 1990, pour avoir chanté des chants de liberté durant le festival tibétain de Norbu Lingka. Elle faisait partie d’un groupe de treize nonnes du couvent de Garu décidées à affronter la police. «Nous savions que nos chants susciteraient beaucoup d’attention puisqu’il y a avait une foule importante. Nous savions aussi qu’un grand nombre de policiers chinois se trouvaient dans la foule. Nous avons crié "Vive le Tibet Libre, Longue vie à sa Sainteté le Dalaï Lama". Et ils nous ont arrêté immédiatement» raconte-t-elle.

Les policiers chinois ont emmené les treize nonnes au centre de détention de Gutsa, à l’extérieur de Lhassa, où elles ont été battues matin et soir pendant plusieurs jours. Comme Gutsa est une prison de transit, Ngawang Sangdrol a été transférée ensuite à la prison de Drapchi. Elle avait à peine 13 ans.

Torturée, menacée de mort, vraisemblablement violée, la prisonnière de Lhassa assure avoir survécu grâce à sa profonde spiritualité. «Je n’ai jamais cessé de prier» se souvient elle. Libérée après neuf mois de détention, la dissidente a recommencé à manifester, a été arrête pour la deuxième fois et est retournée ensuite en prison pour une douzaine d’années. Dans sa cellule de Drapchi, elle a réussi a enregistrer les chants de prison qui sont devenus dans le monde entier le symbole de la lutte du peuple tibétain pour la liberté.

En dépit des tortures et des mauvais traitements, Ngawang Sangdrol a poursuivi son combat contre l’occupation du Tibet par la Chine au sein même de la prison jusqu’à ce que les organisations des droits de l’homme se mobilisent pour la soutenir. Aujourd’hui, la prisonnière de Lhassa est sereine, apaisée mais n’oublie pas ses amies nonnes qui languissent toujours dans les geôles chinoises.

par Any  Bourrier

[30/06/2003]

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