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Aviation

Un avion s’abîme en mer Rouge

Un appareil effectuant un vol charter entre la station balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh et Paris s’est abîmé samedi en mer Rouge avec à son bord 148 passagers, essentiellement des touristes français. Aucun d’entre eux n’a survécu à cette catastrophe aérienne dont la cause serait un problème technique.
La douceur de la côte égyptienne attire chaque hiver sur les bords de la mer Rouge d’innombrables touristes européens. Un afflux qui a conduit les autorités égyptiennes à doter l’aéroport de Charm el-Cheikh, la principale station balnéaire de cette région située dans l’est du pays, d’infrastructures capables d’accueillir des vols internationaux. Et c’est vers la capitale française que se dirigeait le Boeing 737 de la compagnie égyptienne Flash Airlines avec à son bord 148 personnes. Les responsables de la compagnie aérienne ont annoncé qu’il transportait 135 touristes français et 13 membres d’équipage. Les autorités françaises parlent, elles, de 127 passagers de nationalité française. Un responsable médical de l’aéroport de Roissy Charles de Gaulle, où devait se poser l’avion samedi matin, a précisé que beaucoup d’entre eux étaient des enfants revenant de vacances.

Le vol FSH 604 avait disparu des écrans radar quelques minutes après son décollage de l'aéroport de Charm el-Cheikh. «Toutes les personnes qui se trouvaient à bord de l'appareil sont mortes», a ensuite déclaré à la presse le directeur adjoint du bureau de Flash Air, compagnie propriétaire de l'avion, à l'aéroport du Caire, Oussama al-Sayed. Les autorités égyptiennes ont rapidement lancé les recherches, menées par des unités de forces navales et de l’armée de l’air, pour tenter de retrouver les cadavres des victimes. Elles ont pu compter sur la participation de navires italiens appartenant aux Forces multinationales stationnées au Sinaï en vertu des accords de paix égypto-israéliens. Seulement quelques morceaux de l’appareil ont cependant été retrouvés, ainsi que de nombreux débris et morceaux de cadavres. «Les chances de retrouver des corps entiers sont limitées en raison de la violence de l’impact de l’avion contre la mer», a déclaré un porte-parole des autorités locales, Yasser Imam. L’appareil s’est abîmé dans le détroit de Tiran, entre la péninsule du Sinaï et l’Arabie saoudite, où la mer atteint une profondeur de mille mètres environ.

Les autorités françaises ont annoncé la création d’une cellule de crise pour informer les familles des victimes et leur venir en aide. Une quinzaine de personnes présentes à l’aéroport de Roissy ont ainsi été évacuées vers un hôtel voisin et des ambulances ont également été envoyées sur place pour fournir d’éventuels soins médicaux. Présent à l’aéroport, le secrétaire d'Etat français aux Transports, Dominique Bussereau, a indiqué samedi que le voyagiste français FRAM était le principal opérateur de ce vol, aux côtés des compagnies Jet Tours et Zigzag. Quelques heures après la catastrophe, le président français Jacques Chirac a téléphoné à son homologue égyptien Hosni Moubarak et a demandé au secrétaire d'Etat des Affaires étrangères, Renaud Muselier, de se rendre en Egypte.

Une information judiciaire ouverte en France

Egalement présent à l’aéroport de Roissy, le ministre des Transports Gilles de Robien s’est, lui, chargé d’annoncer que la thèse de l’accident était «largement privilégiée», écartant ainsi celle d’un éventuel attentat. Les autorités égyptiennes se sont montrées encore plus affirmatives, le ministre de l’Aviation civile, Ahmed Chafik Zaki, déclarant que la cause de la catastrophe était «entièrement technique». Il a expliqué que l’appareil avait connu des difficultés quelques minutes après son décollage mais que l’équipage n’avait rien pu faire pour éviter la chute dans la mer Rouge. Etant donné que les tours de contrôle de l’aéroport n’ont reçu aucun appel au secours des pilotes de l’avion et que les conditions climatiques étaient bonnes, l’hypothèse d’une panne technique est avancée. Mais seule la découverte de la boîte noire permettra de savoir exactement pourquoi cet appareil s’est abîmé en mer.

L’Egypte pourra compter sur le soutien et la collaboration des autorités judiciaires françaises pour mener son enquête. Le procureur général de Paris, Jean-Louis Nadal, a déclaré samedi qu’une information judiciaire pour homicide involontaire avait été ouverte en France et que «tout serait fait pour clarifier les causes du clash». Paris a ainsi demandé aux autorités égyptiennes de pouvoir participer à la recherche de l’épave et à l’identification des victimes en envoyant des experts sur les lieux de la catastrophe. Acceptant cette aide, le ministre égyptien des Affaires étrangères Ahmed Maher a toutefois précisé que l’enquête serait menée par les autorités locales. Les responsables de la compagnie Flash Airlines devraient ainsi bientôt être interrogées par les enquêteurs afin de savoir si toutes les consignes de sécurité ont bien été respectées. Transportant des passagers italiens, l’appareil était arrivé pendant la nuit de Venise et avait décollé une plus tard à destination de l’aéroport de Roissy, avec une escale prévue au Caire.



par Olivier  Bras

Article publié le 03/01/2004