Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Aviation

Polémique autour de la sécurité des charters

L’accident survenu à un avion de la compagnie de charter égyptienne Flash Airlines relance la polémique sur la sécurité de ces compagnies par rapport aux vols réguliers des grandes compagnies aériennes. L’enjeu est de taille pour le secteur touristique et le transport aérien, déjà touchés par les menaces de terrorisme.
Les autorités françaises et égyptiennes privilégient la piste de l’accident dans la catastrophe aérienne survenue samedi entre Charm el-Cheikh et Paris, faisant 148 morts dont 133 Français. Une revendication d’attentat bien tardive a cependant eu lieu lundi auprès de l’AFP au Caire liant une action d’un groupe inconnu, Ansar el-Haq, à la décision de la France de légiférer sur le port du voile à l’école. Des enquêteurs français devaient se rendre en Egypte après la désignation d’un juge d’instruction chargé de l’affaire qui a lancé une commission rogatoire internationale.

Un incident technique qui pourrait être à l’origine du sinistre a immédiatement relancé la polémique sur la sécurité des transports aériens assurés par des compagnies charters. En effet les autorités aériennes suisses ont provoqué l’émoi en rappelant qu’elles avaient interdit leurs aéroports, depuis octobre 2002, à la compagnie égyptienne pour des raisons de sécurité techniques de l’appareil, après un contrôle inopiné. De nombreux professionnels du tourisme sont concernés par cette question que ne peuvent manquer de se poser les candidats aux vacances qui se rendent dans leurs agences : les vols charters sont-ils moins sûrs que les vols réguliers ? Surtout que les passagers sont généralement informés à la dernière minute du nom de la compagnie qui doit les mener à bon port.

Déjà touchés par la baisse du trafic aérien et du tourisme international en raison des menaces terroristes, depuis septembre 2001, les voyagistes se passeraient bien de ce nouveau coup. Les tours opérateurs réalisent une partie de leurs vols sur des lignes régulières et une autre partie en ayant recours à des vols charters, c’est-à-dire à la demande, effectués par les mêmes compagnies régulières. Mais les capacités sont souvent insuffisantes par rapport à l’affluence des périodes de saisons touristiques. Il est donc fait appel à des compagnies privées spécialisées dans le vol charter.

Permis de transporter

Le ministre français des Transports Gilles de Robien a reconnu que la France avait été informée des «réserves» émises par les Suisses sur la sécurité de l’appareil de la compagnie Flash Airlines, mais que, depuis cette date, trois contrôles avaient été effectués par l’aviation civile française. En effet, la Suisse avait alerté le JAA, (Autorités conjointes de l'aviation) instance coordinatrice des contrôles aériens en Europe, comme c’est la procédure. Le ministre a donc invité attendre l’examen des boites noires du Boeing 737 qui s’est abîmé en Mer Rouge pour tirer des conclusions. Toutefois on apprenait, au lendemain de la catastrophe, que par deux fois, en octobre 2002 et janvier 2003, des appareils de Flash Airlines avaient dû procéder à des atterrissages d’urgence à Rome et Athènes.

La direction générale de l’aviation civile française (DGAC) affirme que les exigences de sécurité sont les mêmes pour un vol régulier que pour un charter. Eurocontrol regroupe 41 pays membres de la Conférence européenne de l’aviation civile qui expertise et harmonise l’action des instances de contrôle de la sécurité aérienne sur le continent. En France l’application des mesures de surveillance revient donc à la DGAC. En ce qui concerne le contrôle des avions étrangers la France participe au sein de l’organisation internationale de l’aviation civile au programme SAFA (Safety assessment of foreign aircrafts)qui a pour but de contrôler l’état des avions étrangers présents sur les aéroports nationaux, le chargement, les équipements de sécurité et la documentation embarquée. En 2001 par exemple, près de 2800 contrôles SAFA ont eu lieu en Europe. En ce qui concerne les compagnies aériennes françaises, dont les compagnies charters, le ministre des Transports est seul habilité à délivrer la licence de transporteur indispensable. Ce «permis de transporter» qui s’ajoute à la certification des avions ou « permis de voler » consacre le respect des normes internationales de sécurité.

En dépit du drame survenu ce week-end en Egypte les dernières statistiques du Bureau d’archives des accidents aéronautiques de Genève font état d’une diminution du nombre d’accidents en 2003, l’un des plus faibles depuis 1945. Il s’élève quand même à 162 accidents et 1 204 tués. Près des deux tiers des accidents ont eu lieu sur le continent américain en raison de l’intensité du transport aérien dans cette zone, 10% en Europe et autant en Asie, 13% en Afrique.

A écouter également :

Cédric Pastour, président de Star Airlines interrogé par Philippe Lecaplain (05/01/2004, 6'04")

Georges Colson, président du directoire du voyagiste FRAM au micro d'Annie Fave (05/01/2004, 4'13")



par Francine  Quentin

Article publié le 05/01/2004