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Chronique Asie

France-Taiwan, le temps des désillusions

Any Bourrier 

		(Photo: RFI)
Any Bourrier
(Photo: RFI)
La France n’a plus de relations d’Etat à Etat avec Taiwan depuis que le général De Gaulle a reconnu la Chine en 1964. Les deux pays n’ont aujourd’hui que des échanges commerciaux et culturels par le biais de leurs bureaux de représentation respectifs. Actuellement, la place occupé par la France à Taiwan est très marginale et les investissements français sont faibles. Le dialogue politique franco-taiwanais n’a jamais été, lui non plus, d’une grande vigueur, l’ombre encombrante de la Chine planant souvent sur lui.

Même faibles, ces relations ont provoqué la colère de Pékin à deux reprises: en août 91, après la signature d’un contrat pour l’achat par Taiwan de six frégates militaires à Thomson. Montant de la transaction: 16 milliards de francs. Auparavant, la France avait livré une trentaine d’avions Mirages à Taipei. Il a fallu attendre un voyage officiel de l’ancien Premier ministre Edouard Balladur en Chine et son engagement de ne plus vendre des armes à Taiwan pour rouvrir le dialogue entre Paris et Pékin.

La deuxième crise a failli éclater en décembre 1999, lorsque le groupe français Matra Space a annoncé l’obtention d’un contrat pour la vente d’un satellite d’observation civil à Taipei. Coup de froid dans les relations franco-chinoises, Paris ayant, dans cette affaire, transgressé deux interdits aux yeux de Pékin. D’une part, la France devenait «récidiviste» après la brouille suscitée par la livraison de matériel militaire à Taiwan. Et, d’autre part, Paris semblait voler au secours de l’île au moment où Pékin faisait tout pour éviter la tenue d’élections libres à Taipei. La tension a duré un an et, là encore, il a fallu une visite officielle de Jacques Chirac, en octobre 2000 pour calmer les Chinois.

Les ventes d’armes n’ont pas été les seules vicissitudes des relations franco-taiwanaises: en octobre 2001, Taiwan a reçu un rappel douloureux de la faiblesse de son statut dans le monde. La France a refusé un visa au président taiwanais Chen Shui-bian pour se rendre à Strasbourg afin de recevoir un prix décerné par l’Internationale libérale du Parlement européen. Les autorités françaises, dont les relations avec la Chine étaient au beau fixe, ne voulaient pas offusquer Jiang Zemin.

Aujourd’hui, en condamnant le référendum du 20 mars, la France passe sous silence la spécificité de Taiwan sur l’échiquier politique mondial. Pour la première fois dans l’Histoire, une substantielle communauté chinoise s’est dotée d’un système politique qui s’apparente largement aux démocraties occidentales. Cette île rebelle a prouvé ces dernières années qu’il n’est pas inéluctable que les Asiatiques vivent sous la férule d’un autocrate, même éclairé.

par Any  Bourrier

[30/01/2004]

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