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Aviation

Charm el-Cheikh : la thèse de l’attentat est écartée

Le décryptage des deux boites noires de l’appareil de la compagnie égyptienne de charters Flash Airlines qui s’est abîmé en mer Rouge, au large de Charm el-Cheikh, ne fait que commencer. Mais d’ores et déjà, les enquêteurs égyptiens et français chargés de découvrir les causes du crash affirment qu’il ne peut en aucun cas s’agir d’un attentat. Restent les thèses de la défaillance technique ou de l’erreur de pilotage.
Le crash qui a coûté la vie à 148 personnes dont 133 Français, le 3 janvier dernier, était un «accident classique». C’est à cette conclusion qu’est arrivé le chef des enquêteurs égyptiens chargé de l’affaire, Chaker Kilada. Une première écoute rapide des enregistrements des boites noires de l’appareil, récupérées à plus de mille mètres de profondeur grâce au robot Scorpio envoyé sur place par France Telecom, a fait apparaître que la thèse de l’acte terroriste peut aujourd’hui être écartée. «La première chose que nous avons examinée, c’est la possibilité d’une explosion et la conclusion a été totalement négative, c’est pourquoi nous pouvons confirmer sans le moindre doute qu’il n’y a pas eu d’acte terroriste», a expliqué Chaker Kilada. L’absence de crédibilité de la revendication par un groupe islamiste inconnu Ansar el-Haq, intervenue après le drame, est donc confirmée et la piste terroriste abandonnée.

L’explication de cette catastrophe aérienne est donc à chercher du côté des défaillances techniques, des erreurs de pilotage ou même «des deux à la fois». Pour déterminer les circonstances exactes dans lesquelles le Boeing 737 de Flash Airlines a chuté de 1 500 mètres en l’espace de 17 secondes, il faudra vraisemblablement encore plusieurs semaines. L’analyse complète des deux boites noires et le recoupement des données qu’elles contiennent (conversations, paramètres techniques) est, en effet, un travail long et complexe. D’autres éléments sont, bien entendu, pris en compte dans le cadre de l’enquête et devraient aider à trouver les causes de l’accident. L’examen des morceaux de l’avion récupérés dans la mer en fait partie. On a d’ailleurs retrouvé, il y a quelques jours, de grosses pièces appartenant aux deux moteurs du Boeing. Elles vont passer aux mains des spécialistes qui espèrent qu’elles pourront leur apporter des éléments d’explication.

Faire la chasse aux avions-poubelles

Les investigations sont menées par les Egyptiens mais la France a dépêché des observateurs sur place. Des représentants du Bureau enquête accident (BEA) et le juge d’instruction chargé de l’affaire en France, André Dando, participent à l’enquête. Tout comme les experts du Bureau national américain de la sécurité des transports (NTSB) et de la société Boeing. Gérard Legauffre du BEA s’est félicité de la bonne coopération entre les différentes parties impliquées dans l’enquête qui, selon lui, «travaillent en parfaite harmonie». Et il a estimé que les équipes française et américaine avaient «accès à l’ensemble de l’information sans problème». Il a d’ailleurs confirmé les premières analyses présentées par les Egyptiens après l’écoute des boites noires.

Quels que soient les résultats de l’enquête, le crash de Charm el-Cheikh a déjà abouti à lancer un débat sur la fiabilité des compagnies de charters. Le Boeing 737 qui s’est écrasé le 3 janvier appartenait en effet à Flash Airlines, une compagnie égyptienne, propriétaire de seulement deux avions, qui avait été épinglée comme dangereuse par les contrôleurs suisses et était interdite de survol de ce pays. Même si les contrôleurs français ont affirmé que Flash Airlines avait procédé aux réparations nécessaires et que les avions étaient aux normes, l’hypothèse d’une défaillance technique due à un mauvais entretien a été tout de suite émise. Et une polémique a été engagée autour des risques présentés par les appareils des compagnies qui proposent des vols à coût réduit, leurs éventuels défauts de maintenance et le manque d’information des passagers. Cela a conduit la France à décider la création d’un «label sécurité» des compagnies charters en accord avec les professionnels du secteur. D’ici trois ans, une «liste blanche» des compagnies répondant aux critères de sécurité devrait donc être établie. Les voyagistes devront aussi informer leurs clients du nom de la compagnie sur laquelle ils vont voyager et leur permettre d’annuler si celle-ci n’a pas le label. L’objectif est de faire la chasse aux avions-poubelles et d’assurer la transparence nécessaire pour garantir l’information des passagers. Pour le moment, il s’agit d’une initiative française mais Gilles de Robien, le ministre des Transports, a rencontré, mercredi à Bruxelles, la commissaire européenne aux Transports, Loyola de Palacio, pour essayer d’engager une collaboration européenne dans le domaine de la sécurité aérienne.



par Valérie  Gas

Article publié le 21/01/2004

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