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Chronique des matières premières

Cacao ivoirien : le constat d’échec de la Banque Mondiale

Jean-Pierre Boris 

		(Photo RFI)
Jean-Pierre Boris
(Photo RFI)

Six ans après son lancement, la libéralisation de la filière café cacao de Côte d’Ivoire est un échec manifeste. L’objectif premier de cette réforme était d’assurer aux paysans ivoiriens, principaux pourvoyeurs du marché mondial, une meilleure rétribution, de leur permettre de toucher un plus grand pourcentage du prix international du cacao. Or, malgré le démantèlement de la Caisse de Stabilisation, l’organisme étatique qui ponctionnait les bénéfices et n’en redistribuait qu’une petite partie aux paysans, ceux-ci continuent à être très mal rémunérés.

Ce constat d’échec serait déjà intéressant s’il émanait d’un observateur impartial. Mais il l’est encore beaucoup plus parce qu’il émane d’une des institutions qui est à l’origine du processus de libéralisation. Au cours des années 90, la Banque Mondiale à Abidjan est l’organisme international qui a le plus poussé au démantèlement des structures étatiques corrompues. L’argument principal était que l’argent du cacao était mal distribué. En 1998, rappellent les experts de la Banque Mondiale, plus de la moitié des planteurs ivoiriens vivait en dessous du seuil de pauvreté. C’était largement plus que la moyenne nationale.

Malgré les aléas politiques qu’a connu la Côte d’Ivoire, la Banque Mondiale continue à suivre de très près l’évolution de cette réforme. Dans un texte qui nous est parvenu, la Banque constate que la réforme pour laquelle elle s’est battu n’a pas donné les résultats escomptés. « L’Etat qui prélève entre le quart et le tiers du prix de vente du cacao à sa sortie de Côte d’Ivoire continue à capter l’essentiel de la manne cacaoyère » lit-on.  Et l’Etat n’est pas le seul à se remplir les poches. « Une élite paysanne capte aussi une partie du pactole à travers une multitude d’institutions inutiles et coûteuses au rôle non justifié qui abusent de l’utilisation de prélèvement parafiscaux » dénoncent les spécialistes de la Banque Mondiale pour lesquels, visiblement, en Côte d’Ivoire, la libéralisation reste donc encore à faire.

La glissade du pétrole

Sur le marché du pétrole, la tendance est nettement à la détente après la confirmation par l’OPEP de l’augmentation de sa production à partir de juillet prochain. A Londres, les cours du brent, le pétrole de référence de la mer du Nord, évoluent autour des 35 dollars. Selon les analystes de la Deutche Bank, on devrait s’orienter vers un baril entre 28 et 30 dollars. Les spécialistes de la Société Générale à Paris sont d’un autre avis. Pour eux, la décision de l’OPEP est strictement politique et médiatique. Selon la Société Générale, le niveau élevé des prix ne s’explique pas par un problème d’offre. Celle-ci est suffisante. Les pays de l’OPEP n’augmenteront donc pas leur production car ils ne trouveront pas de nouveaux acheteurs.

Et puis en bref, notez qu’au premier trimestre, la demande mondiale de cuivre a dépassé la production de 370 000 tonnes. C’est deux fois et demi plus qu’au premier trimestre 2003, selon les chiffres du Groupe International d’Etude du Cuivre, une institution basée à Lisbonne, au Portugal.


par Jean-Pierre  Boris

[08/06/2004]

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