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Football

Le capitaine Desailly quitte le navire France

Après 11 années de bons et loyaux services, Marcel Desailly quitte la sélection nationale. 

		(Photo : AFP)
Après 11 années de bons et loyaux services, Marcel Desailly quitte la sélection nationale.
(Photo : AFP)
Marcel Desailly ne portera plus le maillot des Bleus qu’il a revêtu à 116 reprises. Le capitaine tire sa révérence en restant sur deux échecs mais avec le sentiment du devoir largement accompli.
C’était une affaire entendue avant l’Euro: quel que soit le résultat final, Marcel Desailly arrêterait sa carrière international au lendemain de l’épreuve, à la veille de fêter son trente-sixième anniversaire. Longtemps indispensable, formant avec ses camarades Barthez, Thuram, Blanc et Lizarazu un quintet défensif infranchissable (ils n’ont jamais perdu un match quand ils ont été alignés ensemble), Marcel Desailly était contesté au point de ne disputer qu’une seule rencontre du championnat d’Europe, la deuxième contre la Croatie, et de terminer sa carrière en Bleu sur le banc des remplaçants lors des deux matches suivants. Certains, tel son vieux complice de chambrée au centre de formation du Football club de Nantes, Didier Deschamps, avaient, eux, choisi de partir dans la lumière, lui se contentera d’une petite zone d’ombre. Toute petite, même si sous son capitanat, entamé au lendemain de la victoire en Coupe du monde et après celle du championnat d’Europe qui suivit, l’équipe de France allait traverser une sérieuse période de turbulences qui s’est encore prolongée avec le dernier échec contre la Grèce, en quart de finale de l’Euro.

Une collection de titres en or

Des déconvenues, des échecs qui ne sauraient remettre en cause le parcours exceptionnel d’un jeune garçon débarqué du Ghana tout gosse avec sa maman et son beau-père dont il porte le nom. Suivant l’exemple de son demi-frère, Seth Adonkor (disparu prématurément dans un accident de voiture), il s’inscrit au FC Nantes, club-référence en matière de formation des jeunes. Formé au moule des Canaris, il franchit une à une les étapes avant de débuter en première division, fin août 1986. Son volume physique, sa clairvoyance, son opportunisme dessinent déjà les qualités d’un futur patron. En 1992, il rejoint le Marseille de Bernard Tapie au début d’une saison mémorable pour le club puisqu’il sera le premier et unique club français à inscrire son nom au palmarès de la plus prestigieuse des épreuves européennes, la Ligue des champions. Ce qu’il ne sait pas, Marcel Desailly, c’est qu’une saison plus tard il remportera à nouveau l’épreuce, cette fois sous le Milan AC de Servio Berlusconi. Cinq saisons en Italie, puis «Marcello»  - c’est le surnom que lui ont donné les supporteurs milanais – signe au lendemain de la Coupe du monde 98 à Chelsea, club avec lequel il vient de mettre fin à l'amiable au contrat qui le liait encore pour une saison. Au total près de vingt ans en première division, 116 sélections en équipe de France, 1 Coupe du monde, 1 championnat d’Europe, 2 Coupes des Confédérations, 2 Ligues des champions, 2 titres de champion d’Italie et 1 Coupe d’Angleterre, 574 matches en premières divisions française, italienne et anglaise. Une formidable collection de médailles.

«C’est un  monument qui s’arrête, a salué son complice de toujours, Didier Deschamps, aujourd’hui entraîneur de Monaco. Il a été un formidable compétiteur avec des qualités physiques exceptionnelles et un mental à toute épreuve». Son départ de Chelsea est-il l'amorce du mot fin ? Marcel Desailly se donne encore quelques semaines de réflexion. On a évoqué, avant l'Euro, un possible retour à l'OM, le nouveau manageur général du club, Pape Diouf, ayant été son agent. «Il faut voir si on peut trouver un accord financier», dit-il. Quoi qu'il fasse désormais, arrêt définitif ou prolongation de sa carrière une ou deux saisons, son nom est gravé à jamais dans l’histoire du football français. Mais l’homme né en Afrique n’oublie pas ses origines. Il l’a dit à plusieurs reprises, il ne lui déplairait pas de retourner au Ghana aider son pays natal comme entraîneur de la fameuse sélection des «Black Stars» (surnom donné à l’équipe nationale du Ghana) et plus encore comme directeur technique national. Marcel Desailly est suffisamment malin et intelligent pour réussir sa seconde vie comme il a réussi la première.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 06/07/2004 Dernière mise à jour le 06/07/2004 à 16:03 TU