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Musique

Le père des Francofolies passe le flambeau

Jean-Louis Foulquier dirige pour la dernière fois le célèbre festival de La Rochelle. 

		(Photo: www.francofolies.fr)
Jean-Louis Foulquier dirige pour la dernière fois le célèbre festival de La Rochelle.
(Photo: www.francofolies.fr)
Pour cette 20e session des Francofolies, Didier Varrod succède officiellement à Jean-Louis Foulquier, le directeur-fondateur des Francos (avec Philippe Friboulet, disparu en 1988) . Jean-Louis Foulquier, producteur d’émissions de variété à la radio et découvreurs de jeunes talents, créé en 1984 cette manifestation, rapidement devenue un des rendez-vous musicaux majeurs de l’été. A 61 ans, Jean-Louis Foulquier prend sa retraite du festival et passe le relais: «j’ai accompli ma mission un peu comme un compagnon du Tour de France. Donc je vais vivre pleinement cette édition» a-t-il déclaré.

Jean-Louis Foulquier et Didier Varrod, son dauphin, se sont connus alors que le premier lançait il y a 23 ans une émission, «Chanson magazine»; depuis, ils ne sont plus perdus de vue, et cela fait dix ans qu’André Varrod participe, en fidèle second, à l’événement musical de La Rochelle. Didier Varrod, également producteur et animateur d’une émission, «Electron libre» sur France Inter, sera donc désormais le nouveau directeur artistique du festival. Il entend bien rester fidèle à ce qui fait «l’esprit des Francos»: «défendre l’éclectisme, casser les barrières entre les genres musicaux, privilégier les rencontres et poser des passerelles entre la tradition, le patrimoine, et le futur».

Cette année, du 12 au 17 juillet, les Francofolies réunissent au total 136 musiciens, chanteurs ou groupes de musiques. Pour rendre hommage au grand timonier, l’ouverture et la fin du festival seront des programmations spéciales «chansons pour Jean-Louis, préparées par ses amis de toujours, ceux de la 'bande à Foulquier'». Francis Cabrel prépare ainsi la soirée d’ouverture surprise avec une programmation québécoise, les seuls noms annoncés étant ceux de Robert Charlebois, Isabelle Boulay et Daniel Lavoie. Tandis que Jean-Jacques Goldman, de son côté, réserve une surprise pour la soirée de clôture avec plusieurs noms majeurs de la chanson française dont Patrick Bruel et Paul Personne. Au total ce seront 15 artistes qui interpréteront quelque 25 titres censés refléter la sensibilité de Jean-Louis Foulquier.

«avoir du talent, chanter avec ses tripes»

Tous les ans, avec le retour des musiciens, La Rochelle et ses environs sont en fête, l’ambiance est festive tant dans la ville que sur le vieux port. L’esplanade Saint-Jean d’Acre et la Coursive constituent les deux pôles officiels où viennent se produire les artistes. Chaque été depuis 1984, le festival offre une programmation de chansons françaises et francophones très variées, et sert également de tremplin vers le succès pour les jeunes artistes encore méconnus. A titre d’exemple, rappelons que Foulquier fera, entres-autres, découvrir au grand public Bernard Lavilliers et Jacques Higelin, comme eux, «la première fois qu’Arthur H est passé ici (ndlr : aux Francos), il n’y avait que sept entrées payantes dans la salle. Regardez ce qu’il est devenu aujourd’hui» souligne Jean-Louis Foulquier.

Chaleureux, dynamique, un peu bourru, convivial et toujours généreux, Jean-Louis Foulquier définit la trempe d’un artiste: «avoir du talent, chanter avec ses tripes». Il a réussi à faire de ce festival une pierre angulaire du paysage musical français où sont consacrés les jeunes auteurs, compositeurs, interprètes de chansons française et francophone, et où il est important, pour la profession, de pouvoir se produire. L’an dernier certains se sont sentis lésés de ne pouvoir le faire en raison du conflit des intermittents du spectacle, qui a entraîné l’annulation de la session; cette année, les «repêchés de l’édition 2003» auront une place réservée. Bénabar, Sanseverino, Camille, Dionysos n’ont pas été oubliés dans la programmation: «je dois aux grévistes de m’avoir offert un stage de syndicalisme accéléré», a déclaré, le sourire au coin de l’œil, Foulquier à l’Express. Diam’s, et de jeunes talents soutenus par le «Chantier des Francos» seront aussi à l’affiche. Comme depuis 20 ans, «pour les Francofolies, mon seul critère, affirme Jean-Louis Foulquier, c’est ce que j’appelle les gens qui paient comptant. Ceux qui ne font pas de la chanson en conserve, mais qui, devant un public, arrivent à mettre de la rage, de la sueur, de l’émotion… c’est ce qui fait que les gens vibrent à un moment donné».

Jean-Louis Foulquier l’avait annoncé déjà en 2003: «Je ne bouillonne plus assez pour ce festival, alors je passe le relais à des gens qui sont toujours habités par cette passion, Didier Varrod, et l’une de mes filles, Ambre». Cette année, il tourne la page et il est prêt à embarquer pour de nouvelles aventures (comme acteur de cinéma, artiste peintre et voyageur) tout en restant producteur d’émission de radio, un «grand plaisir qui [le]démange».



par Dominique  Raizon

Article publié le 12/07/2004 Dernière mise à jour le 12/07/2004 à 15:02 TU