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Burkina Faso

Ouagadougou: fin des pénuries d'eau

Blaise Compaoré vient d'actionner la manette pour ouvrir les vannes d'une pompe d'eau. 

		© Alpha Barry
Blaise Compaoré vient d'actionner la manette pour ouvrir les vannes d'une pompe d'eau.
© Alpha Barry
La capitale burkinabè ne devrait plus connaître de problèmes d’eau avec l’inauguration samedi 10 juillet 2004 d’une nouvelle station de pompage raccordée au barrage de Ziga. Situé à une cinquantaine de kilomètres de Ouagadougou, ce barrage devrait assurer l’approvisionnement en eau potable de la ville pour au moins 25 ans.
De notre correspondant à Ouagadougou

Le barrage de Ziga est un vieux rêve pour les habitants de Ouagadougou. Les premières études datent de 1985. Mais c’est en 1998 que le gouvernement burkinabè lance effectivement les travaux de construction du barrage, dont le projet paraissait trop ambitieux pour certains bailleurs de fonds. En effet, en terme financier, c’est le plus gros investissement jamais réalisé par le Burkina: 150 milliards de FCFA soit 228,6 millions d’Euros.

 De tour de table en tour de table, le gouvernement a fini par réunir cette somme grâce à la participation de 12 bailleurs de fonds. Aujourd’hui, c’est un ouvrage gigantesque qui a été réalisé sur le fleuve Nakambé (ex-Volta blanche) à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Ouagadougou. Le barrage a une capacité de 200 millions de m3 et s’étend sur un lac de plus de 30 km de long en période de hautes eaux soit une superficie d’environ 900 km2. Avec une telle capacité, Ziga devrait assurer pendant une période de 25 ans la consommation d’eau de la ville de Ouagadougou (environ 1 million d’habitants) dont le taux d’accroissement annuel est de 5 pour cent.

Jusque-là, la capitale burkinabè était alimentée par deux petits barrages et quelques  forages d’une capacité totale de 45 millions de m3. Conséquence: la ville faisait face à de grosses pénuries durant la période de saison sèche, allant de février à mai. Dans certains quartiers, c’était la galère pour avoir de l’eau: faute de canalisations suffisantes, de nombreux foyers ne pouvaient pas être raccordés au réseau de l’Office national de l’eau et de l’assainissement (ONEA); tandis que les heureux abonnés pouvaient passer de longues heures, voire des jours entiers, pour recueillir un peu d’eau de leurs robinets. Devant les bornes fontaines, les femmes, à la recherche d’eau pour les besoins des ménages, s’organisaient en longue file d’attente. «Les maris pouvaient attendre en vain toute la nuit au lit leurs femmes parties chercher de l’eau », a caricaturé un orateur à la cérémonie d’inauguration de la nouvelle station de pompage.

«tout ce qui est rare est cher»

Comme pour confirmer l’adage selon lequel «tout ce qui est rare est cher», le coût de l’eau flambait, majoré par les marges d’intérêt pris par les intermédiaires: les foyers dans le besoin avaient recours aux marchands d’eau, circulant dans les quartiers avec des fûts montés sur des charrettes. «C’était la misère parce qu’il y en avait juste pour faire la cuisine. Même pour se laver, c’était extrêmement difficile. On se demandait si on allait pouvoir encore vivre dans notre ville. C’était inquiétan », explique Simon Compaoré, maire de Ouagadougou. La situation était telle que l’ONEA imposait un rationnement. Ainsi certains quartiers étaient soumis à des restrictions à certaines heures de la journée. Pendant les années les plus sèches, l’Office de l’eau demandait par voix de presse à la population de s’abstenir de laver les voitures et d’espacer l’arrosage des jardins. La côte d’alerte a été largement dépassée en avril 1998 lorsque, à la suite d’une mauvaise pluviométrie enregistrée la saison précédente, les deux barrages de Ouagadougou ont été complètement asséchés. L’ONEA a dû monter une opération spéciale de transport de l’eau d’un autre barrage dans des camions citernes pour le déverser dans le réservoir de la capitale.

Avec Ziga, tous ces cauchemars devraient donc désormais prendre fin. En effet, le projet prévoit la réalisation de 50.000 nouveaux branchements et de 400 bornes fontaines dans différents quartiers de Ouagadougou, ce qui devrait permettre à 500.000 personnes supplémentaires d’accéder à l’eau potable. Une bonne nouvelle pour les habitants de la ville et particulièrement pour les femmes, dont les corvées d’eau vont être allégées.

Les femmes sont sorties nombreuses samedi 10 juillet à Béndnogo (quartier est) pour voir couler l’eau de Ziga, au cours de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle station de pompage. C’est dans un tonnerre d’applaudissements qu’elles ont accueilli les premiers jets d’eau lorsque, d’un coup de manette, le président Blaise Compaoré a fait ouvrir les vannes. «On a construit des routes, on a bâti beaucoup d’autres choses mais la date d’aujourd’hui restera gravée en lettres d’or dans l’histoire de notre ville», a commenté le maire de Ouagadougou.



par Alpha  Barry

Article publié le 17/07/2004 Dernière mise à jour le 17/07/2004 à 10:33 TU