Afrique
Mobilisation contre les criquets pèlerins
(Photo : AFP)
La menace plane sur le Sahel, du Sénégal au Soudan. Les criquets pèlerins s'apprêtent à faire des ravages dans les cultures. Les ministres de neuf pays se retrouvent aujourd'hui à Alger. Ces pays sont l'Algérie, la Libye, le Mali, le Maroc, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Tchad et la Tunisie. Ces États vont essayer d'organiser la riposte face à une catastrophe qui semblait prévisible.
Toutes les conditions sont réunies pour une invasion, et pas seulement depuis un mois ou deux, mais depuis presque un an. En septembre de l'année dernière, les pluies ont été très abondantes sur le Sahel : ce qui est bon pour les cultures et qui est bon aussi pour les criquets qui trouvent de quoi se nourrir. Mais surtout, ces criquets profitent de ces conditions exceptionnelles pour se rassembler. C'est un phénomène que les spécialistes appellent la « grégarisation ». Les criquets ne sont plus solitaires. Ils sont en groupe ce qui leur permet de se reproduire à vitesse grand « V ». Il faut savoir qu'une seule femelle peut pondre 2 ou 3 fois et qu'à chaque ponte, elle dépose 150 à 200 oeufs dans le sol. Des oeufs qui vont éclore en autant de larves et de futurs criquets extrêmement voraces.
La menace est aujourd’hui imminente car c'est la nouvelle génération qui va déferler sur le Sahel. Situation préoccupante pour la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture, parce qu'en plus, les criquets sont passés à l'attaque plus tôt que prévu ! Et même au plus mauvais moment. Les paysans viennent en effet de planter leurs semences.
Dès que les plants sortiront de terre, les criquets pourraient faire un festin de ces pousses bien tendres. La suite, alors, est écrite: baisse des revenus et baisse des réserves de nourriture. Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la prévention, il faut passer à l'aide d'urgence et c'est pour cela que les ministres se retrouvent aujourd'hui à Alger. Il faut coordonner la lutte, parce que les essaims ne connaissent pas de frontières.
Il faut aussi dégager des moyens. Quelques chiffres permettent d’illustrer les besoins. Le Mali a 5 000 litres d'insecticide alors qu’il en faudrait 100 000. Rien que ce pays aurait besoin d'au moins 3 millions d'euros soit 2 milliards de francs CFA. Et le Mali n’est pas le seul à être menacé, il y a neuf pays concernés.
par Sébastien Jédor
Article publié le 27/07/2004 Dernière mise à jour le 27/07/2004 à 14:40 TU