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Tati repris par Fabio Lucci

Les vendeuses de Tati dans la rue le 3 août dernier, inquiètes pour l'avenir de l'enseigne. 

		(Photo : AFP)
Les vendeuses de Tati dans la rue le 3 août dernier, inquiètes pour l'avenir de l'enseigne.
(Photo : AFP)
Le groupe Tati de vêtements à bas prix est repris par Fabio Lucci, candidat retenu par le Tribunal de commerce de Paris. C’est la fin de l’enseigne au vichy rose et blanc qui fut longtemps une entreprise familiale exemplaire.

Deux repreneurs se disputaient la reprise du groupe Tati connu pour son prêt-à-porter et ses sous-vêtements à prix cassés. Après un an de redressement judiciaire l’entreprise a finalement été attribuée par le Tribunal de commerce de Paris au groupe Vetura dont l’enseigne Fabio Lucci est aussi spécialisée dans le vêtement bon marché. Ce groupe est détenu à 50/50 par Lucien Urano et le chausseur Eram. Le candidat malheureux à la reprise de Tati était l’entreprise lyonnaise d’importation de productions textiles chinoises Asiatex.

L’offre qui a obtenu le consentement du Tribunal de commerce avait la préférence de la direction de Tati et des représentants du personnel, tandis que la CGT penchait plutôt pour Asiatex.

Fabio Lucci, pour se porter acquéreur de Tati, met 14,5 millions d’euros sur la table et prévoit de garder 667 salariés sur les 997 employés actuels du groupe. De même, des 29 magasins arborant le logo Tati, 23 seulement seront conservés, Vetura ayant fait connaître son intention d’abandonner les sites de Strasbourg, Bordeaux, Creil, Saint-Denis et une de ses surfaces parisiennes. La proposition d’Asiatex était inférieure quant au montant financier, 13,8 millions d’euros, mais préservait 702 emplois, soit davantage que Vetura.

Toutefois le fait que Fabio Lucci soit une entreprise déjà implantée dans le commerce de détail de vêtement bon marché a dû peser dans la décision du tribunal.

« Tati les plus bas prix »

Le rachat de Tati marque la fin d’une époque, commencée en 1948 dans un petit magasin d’un arrondissement populaire de Paris, et qui a amené l’enseigne Tati, au plus haut de sa gloire, sur la Cinquième avenue à New York.

Longtemps les prix Tati ont défié toute concurrence, ce qu’illustrait sobrement le slogan de la marque à partir de 1975 : «Tati les plus bas prix». Jusqu’au jour où, précisément, se sont dressées des enseignes concurrentes, H&M, Kiabi et d’autres encore. L’époque du hard discount dans le prêt-à-porter était née, après avoir connu le succès dans le secteur de la grande distribution alimentaire.

Dès 1999 Tati rencontre ses premières difficultés avec des pertes cumulées d’environ 80 millions de francs. Fabien Ouaki successeur de son père, le fondateur Jules Ouaki, décédé en 1983, envisage une ouverture du capital pour redresser la situation. Mais le passage d’entreprise familiale à société anonyme lui paraît trop pénible et, quelques mois après avoir lancé cette idée, le patron de Tati se rétracte.

Entre temps le groupe Tati s’est lancé dans une opération de diversification au succès inégal. Sont apparus Tati Or en 1994, Tati Phone en 1998 mais aussi Tati Mariage, Tati Bonbon ou Tati Voyages. Les responsables syndicaux du groupe dénoncent aujourd’hui cette diversification hasardeuse à l’origine, selon eux, d’une partie de ses difficultés financières.

Les événements s’accélèrent. En août 2003 Tati est en dépôt de bilan. Le 2 septembre, le groupe Tati est placé en redressement judiciaire. Des compressions drastiques de frais généraux sont opérées et la perte nette du groupe, de juin 2003 à juin 2004, a été ramenée à 14 millions d’euros contre 27 millions d’euros sur l’exercice précédent. Le chiffre d’affaires s’est maintenu, en dépit des circonstances, à 106 millions d’euros contre 133 millions d’euros précédemment.

Pendant la période de redressement judiciaire le patron du groupe Tati a tenté de mettre sur pied un plan de continuation de l’activité. Mais, fin juillet, Fabien Ouaki jette l’éponge, laissant le champ libre aux candidats repreneurs. De douze à l’origine, ils n’étaient plus que deux au moment où le Tribunal de commerce a rendu sa décision.



par Francine  Quentin

Article publié le 05/08/2004 Dernière mise à jour le 05/08/2004 à 13:40 TU