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Jeux olympiques 2004

Athènes dans la course au dopage

Le centre antidopage d'Athènes fonctionnera 24 heures sur 24 pendant la durée des Jeux.(Photo : AFP)
Le centre antidopage d'Athènes fonctionnera 24 heures sur 24 pendant la durée des Jeux.
(Photo : AFP)
Les organisateurs des Jeux d’Athènes ont mis en place des moyens sans précédent pour lutter contre le dopage. Ils ont pu compter pour cela sur le concours de différentes nations qui ont accepté d’écarter certains athlètes soupçonnés d’avoir eu recours à des substances interdites. Malgré cela, l’ombre du dopage planera sur ces olympiades en raison de l’incapacité des scientifiques à détecter certains produits.

Un record sera battu à Athènes, celui du nombre de contrôles antidopage réalisés pendant une olympiade. Les organisateurs annoncent leur intention d’analyser pas moins de 3.500 échantillons pendant la quinzaine, un chiffre en hausse de 25% par rapport aux précédents Jeux olympiques.

Dans chaque épreuve, les quatre premiers et une sélection aléatoire d’autres athlètes seront contrôlés. Pour tenir le rythme, le laboratoire installé en Grèce travaillera en continu grâce à 140 personnes qui se relaieront. Et il incorporera, selon son directeur, Costas Georgakopoulos, «toutes les dernières évolutions de la technologie d’analyse» de façon à pouvoir dépister les substances interdites dont la liste s’est beaucoup allongée au cours des quatre dernières années.

L’objectif de ce laboratoire est d’être à la pointe de la recherche le 13 août, date de l’inauguration des Jeux d’Athènes. «Nous continuerons jusqu’à la dernière minute avant la cérémonie d’ouverture, car il y a encore des développements en cours de validation» par les instances internationales, a précisé M.Georgakopoulos.

Les échantillons conservés pour des contrôles ultérieurs

Parmi les produits ou procédés de dopage sur lesquels nombre de chercheurs travaillent intensément pour réussir à les dépister se trouve notamment l’hormone de croissance exogène, une substance désignée sous les sigles HGH ou GH qui est utilisée en médecine pour les retards de croissance et dont les effets dopants sont notamment l’accroissement de la masse musculaire.

Une chercheuse britannique, Clare Hartley, a déclaré la semaine dernière que des tests de dépistage de cette hormone considérée jusqu’à présent indétectable étaient pratiquement prêts et qu’ils pourraient être utilisés pendant les JO d’Athènes. Il faudrait pour cela qu’ils soient validés très rapidement. Mais même si ce test n’est pas utilisé à Athènes, les athlètes qui ont recours à ce type de produits savent qu’ils doivent se montrer très prudents car les échantillons prélevés lors de JO seront conservés, et pourront donc être soumis dans le futur à de nouveaux tests de dépistage.

Comme dans toutes les compétitions sportives, la responsabilité de la collecte des échantillons ne revient pas au laboratoire mais aux organisateurs des Jeux. Des contrôles inopinés sont prévus avant et pendant la compétition, aussi bien sur le site olympique qu’en dehors. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, des prélèvements sanguins seront effectués dans tous les sports sans exception. Ils seront notamment réalisés en coordination avec des représentants de l’Agence mondiale antidopage (AMA) qui enverra sur place de nombreux observateurs.

De fait, ces Jeux Olympiques marquent une date importante pour l’AMA née en 1999 puisque c’est lors de la cérémonie d’ouverture qu’entrera en vigueur le Code mondial antidopage, un document qui édicte un certain nombre de mesures pour lutter contre ce fléau, ainsi que les sanctions à appliquer en cas de violation, et que les 28 fédérations sportives de l’Association des fédérations internationales olympiques de sports d'été (ASOIF) ont accepté de signer. Certaines ont d’ailleurs attendu le dernier moment pour le faire, l’Union cycliste internationale (UCI) n’ayant paraphé ce document que le 23 juillet.

L’image de la Chine en jeu

Ce code international a également enregistré ces derniers mois les signatures de l'association des Fédérations internationales olympiques de sport d'hiver (AIOWF), ainsi que de nombreuses organisation nationales antidopage ou bien de la grande majorité des comité olympiques nationaux, 173 sur les 202 existants dans le monde l’ayant à ce jour accepté. Parmi cette longue liste se trouvent des pays qui vivement critiqués par le passé pour leur conduite laxiste en matière de dopage. C’est le cas de la Chine, qui tient à éviter tout scandale pour ne surtout pas ternir son image et celle de Pékin, ville organisatrice des Jeux de 2008. Voilà quatre ans, les Chinois avaient déjà joué la prudence en décidant de ne pas envoyer 27 de leurs athlètes à Sydney juste avant l’ouverture des Jeux. Le Comité international olympique (CIO) venant de donner son feu vert au test de dépistage de l’érythropoïetine (EPO), les hauts responsables du sport chinois avaient en effet préféré cette défection massive, certains d’entre eux reconnaissant même par la suite directement l’utilisation de ce produit dopant. Et la Chine, qui affiche depuis une détermination beaucoup plus grande dans la lutte contre ce fléau, a fixé la barre très haut pour les Jeux d’Athènes en terme de résultats médicaux, espérant n’avoir à déplorer aucun cas de dopage.

Deuxième pays médaillé à Sydney, devant la Chine, la Russie annonce le même objectif et a même menacé les athlètes convaincus de dopage de mesures très dures. «Si le Comité national olympique décide de disqualifier le sportif par exemple pour deux ans, le comité russe envisagera une disqualification qui peut être à vie», a annoncé le président du comité russe, Leonid Tyagatchev. Une fermeté qui s’explique par la volonté des Russes de faire oublier le scandale qui avait conclu le dernier rendez-vous olympique en date, les Jeux d’hiver de Salt Lake City en 2002. Deux skieuses de fond russes avaient en effet été contrôlées positives à la darbepoetin alfa, une hormone apparentée à l’EPO, et sanctionnées. Or, cette procédure avait à l’époque été contestée par le comité national olympique russe qui avançait comme argument le fait que le CNO n’avait pas précisé avant les Jeux que les contrôles effectués serviraient également à détecter cette substance.

Etats-Unis : le scandale qui éclabousse l’athlétisme

Les révélations en cascade ces derniers mois d’affaires de dopage dans de nombreux pays et différentes disciplines sportives laissent cependant craindre de nouveaux scandales aux Jeux Olympiques d’Athènes. Les Etats-Unis, premiers du tableau des médailles à Sydney, vivent ainsi à l’heure de tonitruantes affaires de dopage. Plusieurs étoiles de l’athlétisme mondial se retrouvent dans le collimateur des instances de lutte contre le dopage, à commencer par la sprinteuse Marion Jones. Quintuple médaillée aux Jeux de Sydney, elle a récemment été accusée par son ex-mari, C.J. Hunter, de s’être dopée voilà quatre ans. Et sa participation à Athènes suscite du coup une très vive polémique dont les instances internationales olympiques se seraient bien passée. Réunies à partir du 7 août à Athènes, elles ne devraient pas manquer d’aborder cet épineux sujet, une autre affaire de dopage étant déjà inscrite sur leur agenda. Elles doivent en effet décider si elles retirent ou non leurs médailles d’or aux athlètes américains qui ont gagné le relais 4X400 mètres à Sydney. L’un d’entre eux, Jerome Young, a été condamné rétrospectivement pour un contrôle positif à la nandrolone qui avait été effectué avant les Jeux organisés en Australie.


par Olivier  Bras

Article publié le 06/08/2004 Dernière mise à jour le 06/08/2004 à 16:11 TU