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Arménie-Azerbaïdjan

Élections contestées au Haut-Karabakh

Alors que Bakou et Erevan tentent, sous l’égide du groupe de Minsk de l’OSCE, de trouver une issue pacifique à ce conflit, les dirigeants de la république autoproclamée ne se sont pas abstenus d’organiser ces élections municipales. 

		(Photo: AFP)
Alors que Bakou et Erevan tentent, sous l’égide du groupe de Minsk de l’OSCE, de trouver une issue pacifique à ce conflit, les dirigeants de la république autoproclamée ne se sont pas abstenus d’organiser ces élections municipales.
(Photo: AFP)
Les élections municipales ont eu lieu dimanche dernier dans la république autoproclamée du Haut-Karabakh, une enclave azerbaïdjanaise peuplée à majorité d’Arméniens. Le Haut-Karabakh a par ailleurs entamé récemment des manœuvres militaires dans la région sous le contrôle des forces arméniennes.

De notre correspondant à Bakou

Quelque 100 000 Arméniens de la république autoproclamée du Haut-Karabakh ont été appelés aux urnes pour élire leurs maires et les membres des Conseils des anciens ce week-end. Alors que Bakou et Erevan tentent de trouver une issue pacifique à ce conflit vieux de plus de quinze ans entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, sous l’égide du groupe de Minsk de l’OSCE, coprésidés par la France, la Fédération de Russie et les Etats-Unis, les dirigeants de la république autoproclamée ne se sont pas abstenus d’organiser ces élections municipales critiquées par le Conseil de l’Europe et l’OSCE.

Même si les négociations de paix se poursuivent, la tension ne cesse d’augmenter ces derniers jours de part et d’autre et s’accompagne de déclarations intransigeantes. Elmar Mamadyarov, le nouveau ministre des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan a condamné ces élections : « L’Azerbaïdjan mène des négociations de paix, alors que la partie arménienne organise des élections municipales et des exercices militaires illégaux. Pour nous, cela met en doute l’importance de la poursuite des négociations. Ces actes pourraient créer des grandes difficultés lors des pourparlers ».

« Si le groupe de Minsk de l’OSCE ne proteste pas contre ces élections, l’Azerbaïdjan va revoir sa position sur l’utilité des négociations de paix », a ajouté Elmar Mammadyarov. Le Conseil de l’Europe avait déjà réagi à l’organisation des élections dans la République autoproclamée. Walter Schwimmer, son secrétaire général, a appelé à s’abstenir d’organiser unilatéralement des « élections locales » dans le Haut-Karabakh. « Les actions unilatérales sont contre-productives. Le futur statut du Haut-Karabakh doit se décider par la négociation », a déclaré M. Schwimmer, confirmant que le Conseil de l’Europe soutenait pleinement les efforts déployés à cette fin par le groupe de Minsk.

De son côté, le ministère des Affaires étrangères de la république autoproclamée a jugé ces déclarations éloignées de la réalité. « Le Haut-Karabakh est indépendant depuis plus de dix ans. Ce n’est pas la première fois que M. Schwimmer fait de pareilles déclarations. Il est évident que seules les autorités élues légitimement sont capables de mener des négociations. Pour nous la logique de contre-productivité des élections lors des négociations n’est pas claire », indique le ministère des Affaires étrangères de la république autoproclamée.

Un oléoduc stratégique

Le conflit du Haut-Karabakh oppose l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis plus de quinze ans. Cette enclave azerbaïdjanaise peuplée à majorité d’Arméniens a proclamé son indépendance en 1991 mais elle n’est reconnue par aucun pays au monde, sauf l’Arménie. Une guerre a opposé l'Azerbaïdjan et l'Arménie quatre ans durant pour le contrôle du Haut-Karabakh. Les Arméniens l'ont emporté et contrôlent de facto cette enclave et sept régions environnantes depuis 1994. Cette guerre a fait plus de 30 000 morts des deux côtés et plus d’un million de réfugiés et déplacés, principalement azerbaïdjanais. Un cessez-le-feu a été conclu en 1994 pour trouver une solution pacifique à ce conflit, sous l’égide de l’OSCE.

Trouver une issue à ce conflit est indispensable pour les Occidentaux car il déstabilise une région d’une importance stratégique. La construction de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, dont le coût est de 3,6 milliards de dollars, sera achevée début 2005. Les États-Unis ont apporté leur soutien pour acheminer le pétrole de la mer Caspienne vers la Méditerranée à travers la Géorgie et la Turquie sans passer par la Russie. Près d’un million de barils de brut azerbaïdjanais devrait y couler dès l’an prochain. Mais le tracé de l'oléoduc se trouve à quelques kilomètres de la ligne de front entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises.

Actuellement les deux pays respectent globalement le cessez-le-feu avec des échanges de tirs irréguliers. La reprise des hostilités signifierait un échec pour ce projet d’oléoduc, d’où l’inquiétude américaine et occidentale et le désir de trouver une solution de paix à ce conflit le plus vite possible.



par Kamil  Piriyev

Article publié le 09/08/2004 Dernière mise à jour le 09/08/2004 à 07:00 TU