Lourdes
Un pèlerin pas tout à fait comme les autres
Photo : AFP
Les vendeurs de bondieuseries kitsch vont sans doute se frotter les mains ce week-end à Lourdes avec la visite privée d’un pèlerin un peu particulier, le pape Jean-Paul II. La cité mariale attend entre 300 000 et 400 000 pèlerins venus célébrer avec le souverain pontife en cette fête de l’Assomption, le 150ème anniversaire du dogme de l’Immaculée Conception. Ce dogme (vérité de foi à laquelle les fidèles sont tenus de croire) a été promulgué par le pape Pie IX en 1854. Il est fondé sur la croyance, non pas de la virginité de Marie comme le pensent de nombreux croyants, mais sur «le fait que Marie ne pouvait avoir en son cœur aucune trace de refus et d’hésitation pour accueillir le fils de Dieu» explique Mgr Jacques Périer, évêque de Lourdes. Le Pape est très attaché à la «fille aînée de l’Eglise», il serait atteint selon certains chroniqueurs religieux de «mariolâtrie».
Si cette visite a le statut de «pèlerinage privé» et répond à l’invitation lancée en début d’année par Mgr Jacques Périer, le programme et les mesures de sécurité n’ont rien de modeste.
Jean-Paul II sera accueilli à sa descente d’avion samedi matin par le président de la République Jacques Chirac. Le Président dans son discours de bienvenue rappellera certainement «les valeurs universelles que la France et le Saint-Siège ont en partage : des valeurs de paix, de solidarité, de tolérance et de progrès qui placent l’homme au cœur de tout projet» a-t-on précisé à l’Elysée. Si les relations entre les deux Etats sont souvent communes, notamment dans leur opposition contre la guerre en Irak, le Vatican regrette le refus français d’intégrer les racines chrétiennes dans le texte de la nouvelle Constitution et la loi sur l’interdiction des signes religieux ostensibles à l’école votée par le Parlement au printemps.
Le Pape considèrent comme un «don spécial de la Providence de pouvoir se rendre une nouvelle fois à Lourdes». Cette visite est sa huitième sur le territoire français et sa deuxième à Lourdes, la dernière a eu lieu en 1983. Elle sera marquée par quatre temps forts religieux : un chapelet médité et une procession aux flambeaux pour la journée du samedi, une messe en plein air et une prière très attendue sur le lieu des apparitions de Marie à Bernadette Soubirous pour la journée de dimanche. L’arrivée de Jean-Paul II en fauteuil roulant devant la grotte sera sans doute le moment fort de cette visite.
Entre 300 000 et 400 000 pèlerinsLa Conférence des évêques «estime qu’aucun pronostic numérique fiable n’est possible à ce jour, mais que l’on peut attendre quelque 300 000 à 400 000 personnes ce week-end à Lourdes, sans compter 1 200 prêtres, 15 cardinaux, 100 évêques et 1 000 journalistes». Selon certaines rumeurs non confirmées par la Préfecture des Hautes-Pyrénées, le roi Juan-Carlos d’Espagne pourrait aussi faire partie des pèlerins.
«La visite de Jean-Paul II est placée sous très haute surveillance» a annoncé le préfet des Hautes-Pyrénées, Michel Bilaud. Plus de 2 700 policiers et gendarmes seront mobilisés ainsi que deux hélicoptères de type Ecureuil disposant de deux caméras embarquées. La menace d’un coup d’éclat islamiste lourd de symbole dans cette ville de culte n’est pas exclue. Une équipe spécialisée dans les attaques nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques a déjà été mise en alerte. Les hommes du GIGN se tiendront prêts à intervenir le long du parcours de la «papamobile».
Le coût de la visite de Jean-Paul est estimé à 1,5 million d’euros, l’Eglise rappelle que l’accès de tous les lieux est libre et gratuit, mais propose à chaque pèlerin de faire une obole de 10 euros à l’entrée du domaine des Sanctuaires afin de financer la venue du souverain pontife.par Pauline Stasi
Article publié le 12/08/2004 Dernière mise à jour le 13/08/2004 à 12:19 TU