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Burundi

Un camp de réfugiés attaqué

Dans le camp de réfugiés de Gatumba. 

		(Photo: AFP)
Dans le camp de réfugiés de Gatumba.
(Photo: AFP)
Un camp de réfugiés tutsis congolais situé dans l’ouest du pays, a été attaqué dans la nuit de vendredi à samedi par des hommes munis d’armes à feu et de machettes. Ce massacre, qui a fait au moins 160 morts, et plusieurs centaines de blessés, a été revendiqué par les rebelles hutus burundais des Forces nationales de libération (FNL).

Le camp de réfugiés congolais de Gatumba, qui abritait 3 950 personnes avant l’attaque, offrait samedi un spectacle de désolation. Dans une dizaine de cases calcinées, on pouvait voir des dizaines de corps de femmes et d'enfants, notamment, totalement carbonisés. Dans certaines cases qui n'avaient pas été brûlées, des dizaines de cadavres gisaient à terre. Toutes les victimes ont été tuées par balles, machettes ou après l'incendie de leurs huttes.

Au moins 159 personnes ont été massacrées vendredi soir lors de l'attaque d'un camp de réfugiés tutsis congolais à Gatumba, au Burundi, par divers «éléments» venant de la République démocratique du Congo (RDC) voisine, a accusé samedi le président burundais

«On a compté 159 morts», a indiqué le porte-parole de l'armée burundaise, le commandant Adolphe Manirakiza, précisant que six corps venaient d'être retrouvés près du camp. «Ce qui s'est passé ici est abominable». Cette attaque meurtrière, à la frontière avec la RDCongo, a été très vite revendiquée par les rebelles hutus burundais des Forces nationales de libération (FNL). Mais pour le chef de l'Etat burundais, Domitien Ndayizeye, il s'agit d'une «coalition de divers éléments venant de la RDC». «Notre pays a été attaqué, notre frontière a été violée par des éléments venant de la RDC pour massacrer des civils congolais qui avaient demandé l'asile», a-t-il déclaré en termes forts à la presse lors d'une visite au camp de Gatumba.

«Au niveau du gouvernement, nous avons l'obligation de prendre des dispositions pour que justice nous soit rendue, pour que ceux qui ont commis ce crime soit punis», a-t-il averti. «D'après les premières constatations, il y a une coalition qui a perpétré ce massacre contre les populations banyamulenge (Tutsis congolais) et qui l'a fait de façon ignoble. Ceux qui ont été tués sont des civils, des enfants, des femmes, des jeunes», a poursuivi le président.

Des tracts appelant au massacre

Plusieurs rescapés de l'attaque ont également accusé samedi l'armée congolaise et des extrémistes hutus d'être les assaillants et d'avoir perpétré un «véritable génocide». «Ce sont les soldats du général Buja Mabe (commandant de la région militaire congolaise frontalière du Burundi) qui avaient déjà commis le massacre de Bukavu qui ont attaqué notre camp, ainsi que des Maï Maï alliés aux Interahamwe et aux FNL», a déclaré un des responsables du camp qui a requis l'anonymat.

«Ils sont venus cette nuit à 22h00 et pendant une heure et demi, ils se sont adonnés à un véritable génocide en ciblant les huttes à attaquer», a-t-il ajouté. Sa déclaration a été confirmée par plusieurs témoignages. Selon ce responsable, un tract a été retrouvé dans le camp «qui appelait à massacrer les Banyamulenge (Tutsis congolais). Nous en avons fait une copie et l'avons envoyé à la Monuc (Mission de l'Onu en RDC) et au gouvernement de Kinshasa», a-t-il poursuivi.

Le général congolais Buja Mabe s'était violemment opposé en mai-juin derniers dans la région de Bukavu (est de la RDC) à des soldats dissidents menés par des officiers tutsis congolais. Les miliciens Maï Maï sont des guerriers traditionnels congolais. Les Interahamwe sont des extrémistes hutus rwandais ayant perpétré le génocide de 1994 au Rwanda et réfugiés depuis dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).



par Olivier   Bras (avec AFP)

Article publié le 14/08/2004 Dernière mise à jour le 14/08/2004 à 13:03 TU

Audio

Leocardio Calmeron

Porte-parole de la Monuc

«Des familles complètes ont été tuées.»

[14/08/2004]

Adolphe Manirakiza

Porte-parole de l'armée gouvernementale burundaise

«Les rescapés du massacre disent que les assaillants venaient de la RDC.»

[14/08/2004]