Jeux olympiques 2004
La légende du 100 m

(Photo : AFP)
Epreuve-reine, épreuve-phare, épreuve monument…. Les expressions ne manquent pas au moment de faire référence à la compétition la plus médiatisée des Jeux olympiques. Depuis le renouveau des Jeux en 1896, cette compétition a été présente à chaque édition, suscitant à chaque fois la même fascination. Car olympiade après olympiade, des hommes ont réussi à abaisser progressivement le temps nécessaire pour couvrir la distance de 100 mètres.
C’est dans un temps de douze secondes que l’Américain Thomas Burke décroche le premier titre olympique du 100 m des Jeux de l’ère moderne. En 1968, son compatriote Jim Hines gagne cette épreuve olympique en passant sous la barre des 10 secondes. Il signe alors une performance de 9’95 secondes, le chronométrage au centième de seconde ayant été entre-temps introduit. Le record olympique est détenu depuis 1996 par le Canadien Donovan Bailey, avec un chrono de 9’84.
L’amélioration des performances a été telle au fil des Jeux que le vainqueur du 100 m de 1896 arriverait, selon les calculs de chercheurs qui travaillent sur la comparaison des résultats, près de vingt mètres derrière celui des dernières olympiades, l’Américain Maurice Green. Les gains en vitesse s’expliquent notamment par les nombreuses évolutions technologiques qui ont accompagné les sprinters au long du siècle dernier. Leurs pointes et leur tenue ont bien sûr beaucoup changé, tout comme la position adoptée au départ. Inventés à la fin des années 20, les blocs ont été officiellement utilisés par la Fédération internationale d’athlétisme en 1937, permettant ainsi aux athlètes d’effectuer des départs beaucoup plus rapides. Et l’introduction des pistes synthétiques au cours des années 60 a également contribué à baisser les temps enregistrés sur 100 m.
Le scandale Ben Johnson
Les sprinters américains ont été clairement dominateurs au fil des olympiades. Ils se sont imposés 15 fois sur les 24 olympiades d’été de l’ère moderne, connaissant une période particulièrement faste entre 1932 et 1956 qui les voit remporter cinq fois consécutivement le titre olympique du 100 m. Jesse Owens a été, sans nul doute, le plus célèbre des champions de cette période, l’athlète noir s’imposant en 1936 aux Jeux olympiques de Berlin organisés par un régime nazi qui prônait la supériorité des Aryens. Et dès 1964, les sprinters américains redeviennent les plus rapides des olympiades, Hines devenant le premier à descendre aux Jeux sous la barre des 10 secondes en 1968 à Mexico
Les Jeux de 1972 marquent un tournant car les athlètes Américains sont battus par un coureur venant de l’autre camp; celui de l’URSS. Valeri Borzov, surnommé le «sprinter à sang froid», décroche le titre olympique en 10’14 secondes. Ses successeurs seront Hasely Crawford en 1976, qui porte les couleurs de Trinidad-et-Tobago, puis le britannique Alan Wells en 1980. Les Jeux de Los Angeles voient en 1984 l’éclosion d’un des plus grands athlètes des vingt dernières années, Carl Lewis, qui parviendra à gagner le 100 m lors de deux olympiades consécutives. Son second sacre en 1988 sera cependant occulté par l’un des plus grands scandales de l’athlétisme moderne, le Canadien Ben Johnson, convaincu ultérieurement de dopage, se voyant retirer la médaille d’or qu’il avait gagnée en signant le temps record de 9’79.
Les Américaines championnes depuis 20 ansLa domination de l’athlétisme américain se retrouve chez les femmes, 10 des 17 finales féminines olympiques de 100 m ayant été gagnées par des sprinteuses qui défendaient la bannière étoilée. Parmi les rares championnes qui ont réussi à les priver du titre olympique se trouvent l’Allemande de l’Est Renate Stecher, qui gagne en 1972, imitée quatre ans plus tard par l’Allemande de l’Ouest Annegret Richter. En 1980, lors des Jeux de Moscou boycottés par les Etats-Unis, Lyudmila Kondratyena parvient à s’imposer chez elle.
Lors des olympiades suivantes, les Américaines reprennent à domicile un bien qu’elles détiennent toujours. Au palmarès olympique se sont succédées Evelyn Asford (1984), Florence Griffith-Joyner (1988), Gail Devers (1992 et 1996) et enfin Marion Jones (2000). Le record olympique de la distance reste détenu par Florence Griffith-Joyner, qui a signé en 1988 un temps de 10’62. Dix ans plus tard, l’athlète la plus rapide du monde décédait avant d’atteindre l’âge de 40 ans. Les circonstances de sa mort et ses incroyables performances, qualifiées «d’irréalistes» par certains, alimentent depuis de nombreux soupçons de dopage. Une situation que connaît également la championne en titre, Marion Jones, qui a été accusé par son ex-mari, le lanceur de poids C.J. Hunter, d’avoir eu recours à des produits dopants lors des Jeux de Sydney.
Toutes les médailles d'or du 100 mètres hommes
Jeux olympiques |
Nation |
Médaille d’or | |
Athènes |
1896 |
Etats-Unis |
Thomas BURKE, |
Paris |
1900 |
Etats-Unis |
Francis JARVIS, |
Saint-Louis |
1904 |
Etats-Unis |
Archie HAHN, |
Londres |
1908 |
Afrique du Sud |
Reginald WALKER, |
Stockholm |
1912 |
Etats-Unis |
Ralph CRAIG, |
Anvers |
1920 |
Etats-Unis |
Charles PADDOCK, |
Paris |
1924 |
Royaume-Uni |
Harold ABRAHAMS, |
Amsterdam |
1928 |
Canada |
Percy WILLIAMS, |
Los Angeles |
1932 |
Etats-Unis |
Eddie TOLAN, |
Berlin |
1936 |
Etats-Unis |
Jesse OWENS, |
Londres |
1948 |
Etats-Unis |
Harrison DILLARD, |
Helsinki |
1952 |
Etats-Unis |
Lindy REMIGINO, |
Melbourne / Stockholm |
1956 |
Etats-Unis |
Robert Joseph MORROW, |
Rome |
1960 |
Allemagne (équipe unifiée) |
Armin HARY, |
Tokyo |
1964 |
Etats-Unis |
Robert HAYES, |
Mexico |
1968 |
Etats-Unis |
James Ray HINES, |
Munich |
1972 |
URSS |
Valery BORZOV, |
Montréal |
1976 |
Trinidad et Tobago |
Hasely CRAWFORD, |
Moscou |
1980 |
Royaume-Uni |
Allan WELLS, |
Los Angeles |
1984 |
Etats-Unis |
Carl LEWIS, |
Séoul |
1988 |
Etats-Unis |
Carl LEWIS, |
Barcelone |
1992 |
Royaume-Uni |
Linford CHRISTIE, |
Atlanta |
1996 |
Canada |
Donovan BAILEY, |
Sydney |
2000 |
Etats-Unis |
Maurice GREENE, |
par Olivier Bras
Article publié le 21/08/2004 Dernière mise à jour le 21/08/2004 à 14:15 TU