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Soudan

Ouverture des négociations d’Abuja sur le Darfour

Un observateur militaire de l’Union africaine. 

		(Photo : Laurent Correau/RFI)
Un observateur militaire de l’Union africaine.
(Photo : Laurent Correau/RFI)
Abuja, la capitale du Nigeria, accueille ce lundi des pourparlers de paix sur le Darfour, région de l'ouest du Soudan. Toutes les parties sont là, sous l'égide de l'Union africaine. Objectif : tenter de mettre fin à un conflit qui a débuté il y a un an et demi et qui a déjà fait près de 50 000 morts.

Tous les acteurs de la crise du Darfour ont répondu présent à l’invitation de l’Union africaine et de son président en exercice, le Nigérian Olusegun Obassanjo. Le gouvernement soudanais d'une part et les deux mouvements rebelles du Darfour d'autre part : le MJE (Mouvement pour la justice et l’égalité) et MLS (Mouvement pour la libération du Soudan). Les deux mouvements rebelles ont pris les armes il y a 18 mois pour protester contre la marginalisation dont ils se disent victimes.

Le Darfour est une région grande comme la France, en grande partie désertique, mais au sous-sol riche en pétrole, uranium, cuivre. Territoire où cohabitent, en schématisant un peu, des populations arabes plutôt nomades et des populations africaines de cultivateurs. C'est dans cette dernière catégorie que recrutent les rebelles, ils accusent gouvernement de Khartoum de privilégier systématiquement les arabes du Darfour.

Le déclenchement de cette rébellion a ouvert les portes à une gigantesque contre-offensive. Depuis un an et demi, les milices arabes djanjawids armées, financées et appuyées sur le terrain par militaires et policiers soudanais ont engagé une véritable campagne de terreur contre les populations africaines du Darfour : bombardements, villages incendiés, viols et autres exactions. Résultat : 50 000 morts, un million et demi de déplacés et des camps de réfugiés qui se multiplient jusqu'au Tchad voisin. C’est selon l’ONU la « pire catastrophe humanitaire du monde » à l’heure actuelle.

La pression de l’ONU porte quelques fruits

Ces pourparlers d'Abuja ne sont pas les premiers et ils ne suscitent pas d'espoir démesuré. Peu ou pas d'avancée ont été enregistrées depuis l'accord de cessez-le-feu signé le 8 avril à N’djamena au Tchad. C’est un cessez-le-feu encore largement virtuel, on ne compte plus violations de part et d'autre, officiellement constatées par des observateurs de l'Union africaine déployés sur place depuis 2 mois.

Le mois dernier, une précédente amorce de dialogue entre le gouvernement de Khartoum et les rebelles a échoué à Addis Abeba, en Ethiopie, siège de l'Union africaine. A propos d'Abuja, un chef rebelle joint par RFI affirme d'ailleurs qu'il n'y a pas de raison d'être particulièrement optimiste.

Khartoum de son côté affirme venir à Abuja "dans un esprit ouvert". Mais force est de constater que ce ne sont pas des poids-lourds qui ont été envoyés à Abuja. La délégation gouvernementale est conduite par le ministre de l’Agriculture...

Parallèlement à ces pourparlers d'Abuja, une autre pression qui s'exerce sur le Soudan, celle des Nations unies. Le Conseil de sécurité a donné jusqu'au 30 août aux autorités soudanaises pour respecter leurs engagements, c'est à dire désarmer les Djanjawids et rétablir la sécurité au Darfour et assurer le libre accès de l'aide humanitaire. Trois conditions qui ne sont toujours pas remplies aujourd'hui.

L’Union africaine veut envoyer 2000 hommes sur place

Le compte à rebours est en marche et à J-7, Khartoum multiplie les geste de « bonne volonté ». Par exemple, les autorités soudanaises viennent de reconnaître pour la première fois des violations des droits de l'homme et une liste de 30 Djanjawids coupables de viols a été remise à un responsable de l'ONU. Trente c'est bien peu et surtout cet aveu apparaît bien tardif alors que cela fait des mois que toutes sortes d'exactions sont scrupuleusement rapportées par les ONG (organisations non gouvernementales), mais aussi par l’ONU et l’UA.

Face à l'émotion suscitée dans le monde entier par cette crise du Darfour, on a beaucoup évoqué l'envoi de troupes étrangères. La Grande-Bretagne avait parlé ouvertement d'envoyer des troupes, ce qui avait déclenché une levée de boucliers à Khartoum. Un appel à la mobilisation générale contre une invasion étrangère a été lancé, et le président el Bechir accuse l’Occident de vouloir piller les richesses du pays.

L’envoi de troupes occidentales n'est pas à l'ordre du jour, mais il y a déjà des soldats étrangers au Darfour. Des soldats africains sont déployés: 150 Rwandais, qui vont être rejoints dans les jours à venir par autant de Nigérians. Cela fait 300 hommes qui composent la force de l'Union africaine pour protéger les observateurs du cessez-le-feu. Leur mandat bien limité donc mais l'UA envisage de l'élargir, pour en faire une force de maintien de la paix, avec 2000 hommes qui seraient en charge de la protection des civils. Une solution "africaine" au conflit qui a les faveurs de l'Union européenne et des Etats-Unis, prêts à contribuer à son financement.

Mais pour le moment le Soudan, voit d'un très mauvais oeil le renforcement du contingent africain. Un exemple de la mauvaise foi de Khartoum : le gouvernement veut faire passer un test médical aux troupes de l'Union africaine. La presse soudanaise avait évoqué la semaine dernière menace de propagation du sida par les soldats rwandais.

par Sylvain  Biville

Article publié le 23/08/2004 Dernière mise à jour le 23/08/2004 à 10:14 TU

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Elzahani Ibrahim Malik

Ministre soudanais de l'information

«Les membres des organisations internationales (...) disent qu'il y a une réelle amélioration concernant la situation humanitaire et la paix.»

[23/08/2004]