Peinture
« Le cri » dérobé
(Photo : AFP)
Munch avait peint quatre versions de son œuvre la plus célèbre, Le cri. Celle qui vient d'être volée date de 1893. Une autre avait déjà été dérobée en 1994 dans une galerie d'Oslo, puis retrouvée intacte trois mois plus tard. Le Cri n’est pas seulement l’un des tableaux les plus célèbres du monde. C’est aussi l’œuvre emblématique d’une époque, d’un peintre et d’un courant artistique.
Sur un pont, un homme crie, il hurle se tenant la tête entre les mains, sous le regard impassible de deux personnages. Le visage et le corps sont distordus, le ciel semble s’embraser, le paysage se fait abstrait sous d’inquiétantes vagues de couleurs.
« Je veux peindre l’âme », disait Munch. Peindre ses douleurs et ses abîmes. Sous son pinceau, c’était une sorte d’enfer intérieur.
Une angoisse saisissante émane du tableauMarqué très tôt par la mort de sa mère et de sa sœur, inquiet, dépressif, en proie aux démons de l’alcool, Munch fut un artiste révolutionnaire. Symboliste d’abord, puis expressionniste : son Cri est d’ailleurs l’œuvre fondatrice de ce mouvement majeur.
De la toile, émane une angoisse saisissante, un sentiment terrible de peur et de solitude. Quand Munch la peint, à la toute fin du 19e siècle, l’Europe va mal. Aux névroses de l’artiste se mêle alors un profond malaise social et économique.
Plus d’un siècle plus tard, Le Cri reste d’une remarquable modernité. Il a gardé une force et une expressivité quasi unique dans l’histoire de l’art. Beaucoup considèrent même qu’il exprime mieux que n’importe quel autre tableau l’angoisse et la solitude modernes.par Valérie Lehoux
Article publié le 23/08/2004 Dernière mise à jour le 23/08/2004 à 10:43 TU