Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sénégal

L’hommage aux tirailleurs

Il aura fallu soixante ans avant qu’un chef d’Etat africain ne rende hommage aux tirailleurs sénégalais. 

		(Photo : AFP)
Il aura fallu soixante ans avant qu’un chef d’Etat africain ne rende hommage aux tirailleurs sénégalais.
(Photo : AFP)
Après la France, le 15 août dernier, c’est l’Afrique qui rend aujourd’hui hommage aux anciens combattants africains des deux guerres mondiales. Le Sénégal célèbre la première journée du tirailleur sénégalais. C’est le président Wade qui a lancé l’idée il y a une dizaine de jours. Plusieurs chefs délégations africaines, ainsi que des anciens combattants africains et français doivent participer aujourd’hui aux cérémonies officielles. Soixante ans après la fin de la Seconde guerre mondiale c’est la première fois que l’Afrique honore à ce point les tirailleurs sénégalais.

De notre correspondant à Dakar

La maison des anciens combattants de Dakar n’a pas désempli ces derniers jours. A l’entrée de cet immeuble défraîchi, un vieil homme sec, mais bon pied bon œil, accueille les visiteurs, décorations militaires à la poitrine.

Dans les couloirs, on croise de vieux tirailleurs en boubous arborant fièrement leurs médailles. La plupart sont émus que le président sénégalais ait décidé de leur consacrer une journée. Certes, il aura fallu soixante ans avant qu’un chef d’Etat africain prenne une telle initiative.

Et les tirailleurs attendent toujours qu’on aligne leurs pensions sur celles de leurs frères d’armes français. Il reste que c’est la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu’on leur rend un tel hommage sur le sol africain.

Pendant toutes ces années, on avait bien érigé des monuments ça et là sur le continent. Mais les dirigeants africains n’avaient pas fait beaucoup plus que les Français pour rappeler le rôle des tirailleurs dans les deux grandes guerres.

Au Sénégal, Abdoulaye Wade a malgré tout essuyé quelques critiques, notamment dans les milieux économiques, pour avoir décidé d’offrir dans la foulée une demi-journée de congé payé. Mais personne ici ne conteste l’opportunité de saluer le sacrifice des combattants africains.

 Souvenir du massacre de Thiaroye

Pour cette première journée des tirailleurs, Abdoulaye Wade a choisi de faire les choses en grand. Plusieurs chefs d’Etat africains doivent participer aux cérémonies, dont le Burkinabé Blaise Compaoré et le Tchadien Idriss Deby.

La France a dépêché l’ancien ministre de la Coopération Pierre-André Wiltzer. Et des représentants d’associations d’anciens combattants sénégalais et français ont été conviés.

Dans l’après-midi un défilé militaire et une démonstration des cavaliers de la garde rouge sénégalaise sont prévus dans un stade de la capitale. Et pour couronner le tout, le président sénégalais inaugure en fin de journée une place du tirailleur devant la gare de Dakar.

Mais Abdoulaye Wade a également  tenu à rappeler une page sombre de l’histoire. Celle du massacre de Thiaroye. Le 1er décembre 1944 des combattants africains qui réclamaient leur solde ont été abattu par des soldats français. Hier, le chef de l’Etat sénégalais a déposé une gerbe au cimetière où reposent les victimes. Et des anciens combattant doivent à leur tour s’y rendre aujourd’hui dans la matinée.

par Christophe  Champin

Article publié le 23/08/2004 Dernière mise à jour le 23/08/2004 à 16:47 TU

Audio

Iba Der Thiam

Historien et politicien sénégalais

«Le 23 août marque la libération de la ville de Toulon par des tirailleurs sénégalais.»

[23/08/2004]