Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Jeux Olympiques 2004

El Guerrouj, la grâce de Dieu

Le Marocain Hicham El Guerrouj remporte la finale du 1500m devant le Kenyan Bernard Lagat et l'Ethiopien Mulugetta Wendimu. 

		(Photo : AFP)
Le Marocain Hicham El Guerrouj remporte la finale du 1500m devant le Kenyan Bernard Lagat et l'Ethiopien Mulugetta Wendimu.
(Photo : AFP)
Rien ne sert de courir… ! La Fontaine a toujours raison. Longtemps Hicham El Guerrouj a pensé que l’or olympique n’était pas pour lui. Et puis, à sa troisième tentative, il a fini par terminer premier du 1 500m olympique, en toute fin de soirée à Athènes, devançant le seul qui pouvait lui contester le titre tant convoité, le Kenyan Bernard Lagat.

Toute sa vie, Hicham El Guerrouj se souviendra d’Athènes et du mardi 24 août. Il a mis fin à une sorte de destin contraire qui s’acharnait contre lui. En 1996 il avait manqué son duel face au champion de l’époque, l’Algérien Noureddine Morceli, victime d’une invraisemblable chute à 450m de l’arrivée. Seulement douzième alors qu’il rêvait de faire mordre la poussière au détenteur du record du monde. Quatre années plus tard, il avait manqué de vitesse pour devancer le Kenyan Noah Ngeni, plus rapide au moment de l’emballage final. Fataliste avant son troisième essai, il déclarait « si je ne gagne pas à Athènes, ce sera simplement mon destin, parce que Dieu n’aura pas voulu que je sois un jour champion olympique » (L’Equipe, 24 août). Pourtant cette médaille, il la désirait plus que tout au monde, « pour que quelqu’un me batte ici, il devra frôler la mort, faire exploser ses poumons ».

Lagat en admiration

Et c’est bien ce qui faillit, encore une fois, se produire. Durant la dernière ligne droite, il put penser que le destin s’acharnerait. Entré en tête à la sortie du dernier virage son challenger Bernard Lagat était dans sa foulée, à quelques centimètres à peine. A 60m de l’arrivée le Kenyan revint à sa hauteur puis le dépassa. Dans un incroyable sursaut, Hicham El Guerrouj repassa devant, conservant sur la ligne une poitrine d’avance. Une fin de course historique, avec un Lagat aux yeux comme révulsés, regardant la locomotive marocaine franchir le premier la ligne. Extraordinaire déclaration du champion kenyan quelques instants après la course : « J’ai eu comme la volonté de le pousser vers la victoire, car il est un immense champion qui méritait plus que tout autre cette consécration ; c’était la seule médaille d’or qui lui manquait, il la mérite. C’est un super athlète, sur la piste comme en dehors ». Heureux de la victoire de son rival comme si elle était la sienne. Avec ses compatriotes kenyans, il vint donner une longue accolade au roi de la piste dans une fraternité non feinte, probablement image la plus symbolique des Jeux d’Athènes. Inoubliable. Le sacre d’un champion de légende. Certains affirment qu’il est le plus grand de tous les spécialistes du 1 500m qui, un jour et quelques autres ont affolé le chronomètre.

Et l’aventure dorée n’est peut-être pas terminée. Car Hicham El Guerrouj va désormais tenter le doublé 1 500 – 5 000m. Contre un tout jeune adversaire, déjà auréolé d’une gloire plus que naissante, l’Ethiopien Kenenisa Bekele, celui qui a pris la relève d’un autre coureur d’exception son compatriote Haïlé Gebreselassie. Le vainqueur du 1 500m contre celui du 10 000m. Le premier monte, le deuxième descend sur la distance intermédiaire. Le premier a paru moins facile que le deuxième. Au championnat du monde, l’année dernière, le Marocain avait devancé l’Ethiopien, les deux hommes s’inclinant face au Kenyan Kipchoge. Cette fois Bekele a les faveurs du pronostic, tant il paraît facile. Encore un duel de rêve entre deux destins exceptionnels.



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 25/08/2004 Dernière mise à jour le 25/08/2004 à 08:53 TU