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Jeux Olympiques 2004

Naman Keita, couleur bronze

Naman Keita sera-t-il le seul médaillé française en athlétisme ?(Photo : AFP)
Naman Keita sera-t-il le seul médaillé française en athlétisme ?
(Photo : AFP)
Première médaille française sur la piste d’athlétisme à deux jours de la fin des épreuves. Il était temps. Les compétitions tournaient au fiasco pour une délégation pourtant richement comblée lors des derniers championnats du monde, il y a un an à Paris. Zéro médaille à Sydney en 2000, une pour le moment à Athènes alors que les responsables de l’athlétisme français en espéraient six ou sept cette fois. Naman Keita a entrouvert le coffre d’un petit trésor.

On le savait doué. On le disait un peu grand pour franchir les haies en parfaite harmonie. Avec son presque double mètre, on le voyait davantage se promener dans les cimes. Lui aussi d’ailleurs. Ses premières amours en athlétisme le portaient vers le saut en hauteur où il se débrouillait pas mal. A 17 ans, il franchissait déjà 2m 07, de quoi espérer un jour prendre les traces du Cubain Javier Sotomayor. Mais le destin d’un athlète peut basculer en un rien de temps. Il suffit de la vision d’un entraîneur pour détourner l’aspirant-champion vers des terres qui lui paraissaient lointaines et peut-être même inaccessibles.

Et c’est ainsi que Naman Keita a continué de sauter, non plus en hauteur, mais par-dessus les haies. S’entraînant avec le recordman de France de la distance, Stéphane Diagana, il n’a cessé de progresser au point de presque rattraper son maître. Eliminé en demi-finale de la spécialité au championnat du monde de Saint-Denis, il s’était bien rattrapé en remportant l’or avec le relais 4x400m. Un avant-goût de ce qu’il allait connaître à Athènes.

Avant les Jeux, il avait déjà eu l’opportunité de montrer le bout de ses pointes, terminant derrière l’intouchable Dominicain (il a gagné à Athènes), lors du meeting du stade de France il y a tout juste un mois. Et là chacun a pensé qu’il était sur la bonne voie. De là à penser qu’il décrocherait une des trois timbales en Grèce, c’était peut-être aller un peu vite en besogne.

Et dire que cette médaille aurait tout aussi bien pu garnir l’escarcelle toute vide du Mali. Né d’un père malien qu’il vénère  - "Je dois tout à mon père, qui m'a toujours soutenu dans absolument toutes mes entreprises. Je lui dédie cette médaille ainsi qu'à mon fils qui s'appelle Naman comme mon père et moi", s’est-il empressé de déclarer après la finale – et d’une mère algérienne, il a un temps été recordman du Mali de la spécialité (1999) avant d’opter pour la nationalité française en 2001, juste avant les Jeux de la Francophonie à Ottawa. Né à Paris, cette naturalisation ne posait aucun problème. La France y a gagné sa première médaille, la deuxième pour Naman Keita après l’argent des championnats du monde. Et peut-être, même sûrement pas la dernière.

La France black-blanc-beur, six ans après la Coupe du monde de football, refleurit à Athènes. Le bronze pourrait se révéler un jour prochain être de l’or. Naman Keita n’a que vingt-six ans. Déjà on commence à penser à Pékin.


par Gérard  Dreyfus

Article publié le 27/08/2004 Dernière mise à jour le 27/08/2004 à 16:57 TU