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Jeux olympiques 2004

L'Afrique ne progresse pas

Françoise Mbango Etone célèbre sa victoire dans le triple saut des Jeux d'Athènes.(Photo: AFP)
Françoise Mbango Etone célèbre sa victoire dans le triple saut des Jeux d'Athènes.
(Photo: AFP)
Trente-cinq médailles à Sydney ; trente-cinq médailles à Athènes. Même nombre de titres olympiques, treize médailles d’argent contre onze il y a quatre ans et treize médailles de bronze pour quinze en 2000.

Le bilan comptable est identique. Pourtant tous les pays africains reculent dans la hiérarchie mondiale à commencer par l’Ethiopie qui a perdu deux de ses quatre couronnes et le Kenya une sur deux. L’Afrique du Sud grâce à ses nageurs et le Maroc par la grâce d’Hicham El Guerrouj deux fois sur la plus haute marche du podium sont les seuls à progresser, le Maroc en passant de la 58ème à la 36ème place, l’Afrique du Sud de la 56ème à la 43ème place. Disparaissent des tablettes l’Algérie et le Mozambique (défaite de Maria Mutola, médaillée d’or à Sydney). Retour, en revanche, de l’Egypte, grâce à ses lutteur et boxeurs, du Zimbabwé avec trois médailles, une de chaque métal, pour Kirsty Coventry, et première apparition de l’Erythrée avec la médaille de bronze gagnée au 10.000m par Zerzenay Tadesse.

De toute évidence, le sport africain ne vit aux Jeux Olympiques qu’à travers ses athlètes ce qui est une constante depuis plus de quarante ans. Les médailles glanées dans les autres disciplines sont le fait de quelques individualités et ne sauraient en aucun s’apparenter à la réussite de véritables politiques sportives. Lors des deux dernières éditions, le succès des footballeurs nigérians puis camerounais avait éclipsé les autres disciplines, mais cette fois, le meilleur représentant dans ce sport, le Mali, s’est arrêté en quart de finale. Par parenthèses, le bilan des footballeurs n’est pas négatif car les trois autres pays engagés, Ghana, Maroc, Tunisie, ont échoué avec le même nombre de points que le deuxième de leurs groupes respectifs. Mais, même en athlétisme, on assiste à un recul comme en témoigne le nombre de finalistes dans chacune des disciplines. Peut-on s’en étonner et faire mine de découvrir à l’heure des bilans que le continent africain n’arrive pas à décoller ? Peut-on encore croire à l’avènement tous les quatre ans de générations spontanées ? Naturellement non.

De même qu’il est absurde de voulir dresse un bilan de l’Afrique. Etablit-on un palmarès continent par continent ? A ce petit jeu, réducteur, l’Europe serait loin, très loin même, devant l’Asie, l’Amérique du Nord et Centrale, l’Océanie ; l’Afrique viendrait au cinquième rang, précédant de quelques médailles l’Amérique Latine. Avec trente-cinq podiums pour cinquante-trois pays, elle prendrait une neuvième place au classement par nations à égalité avec la Corée du Sud ou la Grande Bretagne. Comparons ce qui est comparable. Les dirigeants du sport en Afrique ne peuvent se cacher derrière l’or  de Françoise Mbango-Etoné, d’Hicham El Guerrouj ou de Kenenisa Bekele. S’étonnera-t-on dès lors de la fuite de quelques athlètes tels que Francis Obikwelu, désormais portugais, Mebrahtom Keflezighi, hier érythréen aujourd’hui américain, Elvan Abeylegesse née en Ethiopie dorénavant citoyenne turque. Si on faisait un bilan avec tous les sportifs d’origine africaine, les résultats seraient différents. Que faire pour retenir les champions africains en Afrique ? A ce jour, personne n’a trouvé de réponse. Tout simplement parce que le problème ne ressort pas uniquement du monde sportif.


par Gérard  Dreyfus

Article publié le 30/08/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2004 à 14:25 TU