Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Irak

La France mobilisée pour obtenir la libération des otages

Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier, en compagnie d'Amr Mussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, au Caire le 30 août. 

		(Photo : AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères Michel Barnier, en compagnie d'Amr Mussa, le secrétaire général de la Ligue arabe, au Caire le 30 août.
(Photo : AFP)
Après l’appel solennel du président français, Jacques Chirac, en faveur de la libération de Georges Malbrunot et Christian Chesnot, les deux journalistes français pris en otage par l’Armée islamique en Irak, les représentants de toutes les forces politiques, sociales, et religieuses de France ont fait part de leur totale solidarité avec le chef de l’Etat et ont demandé, elles aussi, que les deux hommes recouvrent au plus vite leur liberté. Dans le même temps, le chef de la diplomatie française, Michel Barnier s’est rendu au Caire pour coordonner les actions menées sur le terrain et prendre tous les contacts utiles afin de dénouer rapidement cette crise.

Jacques Chirac et son Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, ont annulé leurs engagements pour la journée de lundi afin de pouvoir suivre l’évolution du dossier des deux journalistes du Figaro et de RFI, Georges Malbrunot  et Christian Chesnot, retenus en otage en Irak depuis une dizaine de jours en Irak. Après une semaine de silence, les ravisseurs, qui se présentent comme des membres de l’Armée islamique  en Irak, ont en effet envoyé à la chaîne satellitaire qatarienne Al-Jazira, une vidéo dans laquelle apparaissent les deux otages. Cet enregistrement, diffusé samedi, pose un ultimatum à la France en lui demandant d’abroger sa loi sur la laïcité qui interdit les signes religieux ostensibles à l’école.

A la demande du chef de l’Etat, le ministre des Affaires étrangères est parti immédiatement dans la région pour suivre et coordonner les actions engagées sur le terrain afin d’obtenir la libération de Georges Malbrunot et Christian Chesnot. Dès son arrivée au Caire, première étape de son voyage, Michel Barnier s’est exprimé devant la presse pour appeler une nouvelle fois les ravisseurs à libérer les deux journalistes français «au nom des principes d’humanité et de respect de l’être humain, qui sont au cœur même du message de l’islam et de la pratique religieuse des musulmans». Il a, d’autre part, rappelé les principes fondamentaux de la République française dont «l’impartialité à l’égard des religions… garantit à tous une totale liberté de culte… protège les croyants et assure la cohésion et la diversité de la nation française». Michel Barnier a aussi annoncé l’arrivée à Bagdad du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Hubert Colin de Verdière, pour «renforcer l’action» de l’ambassade française.

«La politique française est connue et appréciée»

Lors de son séjour dans la capitale égyptienne, Michel Barnier doit rencontrer plusieurs responsables et diplomates bénéficiant de contacts en Irak. Il s’est déjà entretenu avec le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. A la suite de cette entrevue, ce dernier s’est lui aussi exprimé devant la presse et a déclaré : «J’exhorte tout le monde à en finir avec cette affaire le plus rapidement possible afin de nous épargner des conséquences dont nous pouvons nous passer». Il a, d’autre part, rappelé que «la politique française est connue et appréciée» et que les deux journalistes «font partie de ceux qui ont le plus écrit en solidarité avec les causes arabes».

La mobilisation du gouvernement français et son initiative diplomatique et médiatique engagée dans la région ont reçu un soutien massif et spontané de la part de l’ensemble des représentants de la classe politique mais aussi de ceux de la communauté musulmane française. Jacques Chirac dans son allocution télévisée du dimanche 29 août s’est d’ailleurs réjoui du soutien apporté immédiatement par les musulmans de France aux otages et leur condamnation unanime du chantage exercé sur la France : « Je veux saluer la réaction unanime des représentants des musulmans de France pour défendre ces principes [tolérance et respect], principes qu’ils ont en partage avec tous leurs concitoyens».

« La loi, une fois adoptée, est la loi de tous »

Lhaj Thami Breze, le président de l’Union des organisations islamistes de France (UOIF), a condamné la prise d’otage et a déclaré qu’il refusait «avec la plus grande fermeté à toute force étrangère le droit de s’immiscer de la sorte dans les relations de l’islam de France avec la République». Son vice-président Fouad Alaoui a même insisté sur le fait que la loi sur la laïcité «une fois votée devient notre loi, la loi de la République, la loi de tous les citoyens», allant même jusqu’à demander aux jeunes filles musulmanes qui doivent rentrer en classe cette semaine de la respecter. Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, a demandé «au nom de l’islam» la libération des deux otages et a qualifié leur enlèvement d’«acte immoral et inqualifiable».

Du côté de la classe politique, le même élan de solidarité a été enregistré. Le Premier ministre a d’ailleurs réuni l’ensemble des représentants de la majorité et de l’opposition à Matignon lundi. A l’issue de cette réunion, le Premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande, a affirmé : «Il faut que les deux journalistes et leurs ravisseurs sachent bien que c’est toute la République française, tous ses représentants qui sont unis». Le président de l’UDF, François Bayrou, a lui aussi manifesté sa solidarité : «Chacun à sa place, nous avons décidé qu’il fallait se serrer les coudes pour montrer que la France était regroupée autour des otages et de leurs familles et autour des valeurs de la République».

Les présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale, Christian Poncelet et Jean-Louis Debré, ont d’autre part appelé les Français à participer à un grand rassemblement oecuménique, lundi soir, sur la Place du Trocadéro à Paris. Cette manifestation de soutien avec les otages français doit suivre un autre rassemblement, à la Maison de la Radio (siège de Radio France et Radio France Internationale).



par Valérie  Gas

Article publié le 30/08/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2004 à 14:01 TU

Audio

Michel Barnier

Ministre français des Affaires étrangères

«Je souhaite en étant sur le terrain que cet appel à la libération ait le plus de force et le plus d'écho possible.»

[30/08/2004]