République démocratique du Congo
Azarias Ruberwa désavoué
(Photo : AFP)
C’est à bord d’un avion de la Mission des Nations unies en RDC (Monuc) que le vice-président de la RDC et président du RCD a regagné Kinshasa dans la matinée du 30 août. C’est aussi un hélicoptère de la Monuc qui l’a conduit à son domicile sur les bords du fleuve Congo. Retranché dans son fief de Goma, à l’est de la RDC, depuis le 17 août, il avait demandé à grand bruit «l’arrêt de la transition politique», suite au massacre de Tutsis congolais dans des camps de réfugiés en territoire burundais. Il avait tenu responsable l’armée congolaise du massacre survenu le 13 août à Gatumba. C’était aussi l’occasion pour Azarias Ruberwa, lui-même Tutsi congolais, de demander un «évaluation» de la transition.
Les critiques sur le fonctionnement des institutions qui ont souvent fait le succès du jeune président du RCD n’ont pas emporté les faveurs des siens et des populations, d’une manière générale. Néanmoins, à l’est de la RDC, la présence d’Azarias Ruberwa aux obsèques des 160 Tutsis congolais a été appréciée, mais ses positions politiques ont eu moins d’impact qu’il pouvait espérer. La pertinence de son acte politique a été noyée par les divergences d’analyses dans son propre camp. Les fidèles qui l’ont accompagné dans sa retraite de Goma, sont pour la plupart revenus à Kinshasa, ne tenant aucun compte de la «suspension à la participation à la transition» demandée par leur président. Ils ont tous justifié leur présence à Goma pour des raisons «d’obsèques».
La transition se poursuit
Par ailleurs, comme si de rien n’était «les institutions de la transition» ont continué de fonctionner. Les ministres du RCD, membres du gouvernement de transition ont gardé leurs portefeuilles, comme les députés et autres sénateurs restés à leurs postes à Kinshasa. Ils désavouent leur président en publiant un communiqué du Collège des fondateurs (RCD) dans lequel ils affirment leur volonté «de poursuivre leur participation dans toutes les institutions de la transition. (…) L’évaluation de la transition exigée par Ruberwa doit obligatoirement se faire au sein des institutions de la transition», précisent-ils. Ils ont également demandé la tenue «sans délai» du conseil politique national du RCD. La classe politique dans son ensemble condamne les déclarations et attitudes du président RCD.
Pendant ce temps, le président Joseph Kabila a assisté à la cérémonie d’installation et de prestation de serment de la Commission électorale indépendante, le 27 août à la Cour suprême de Kinshasa. Les 21 membres de la CEI, présidée par l’abbé Appolinaire Malu Malu, ont en charge de préparer les premières élections démocratiques et libres en RDC depuis 40 ans.
Cette actualité politique a été renforcée par l’arrivée à Kinshasa le 30 août du président sud-africain, Thabo Mbeki. Azarias Ruberwa, qui avait demandé son arbitrage, trouve là une petite consolation. Il a prévu de rencontrer le président sud-africain qui entame à Kinshasa 48 heures de visite officielle. Sept ministres et une forte délégation de techniciens qui l’accompagnent ont la charge d’installer la première commission mixte qui a pour mission de renforcer les liens politiques et économiques entre les deux pays. Accessoirement, les deux chefs d’Etat parleront du «cas Ruberwa». Le président Thabo Mbeki est très attaché à l’accord de paix signé en Afrique du Sud, sous son autorité en décembre 2002.
par Didier Samson
Article publié le 30/08/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2004 à 13:59 TU
