Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

République démocratique du Congo

Mbeki fait revenir Ruberwa

Thabo Mbeki a prié Azarias Ruberwa de reprendre son fauteuil de vice-président de la RDC.  

		(Photo: AFP)
Thabo Mbeki a prié Azarias Ruberwa de reprendre son fauteuil de vice-président de la RDC.
(Photo: AFP)
La transition reprend son cours normal à Kinshasa. Le vice-président Azarias Ruberwa qui avait suspendu la participation de son parti, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) a reconsidéré sa position après neuf jours passés à Goma.

«Le collège des fondateurs du RCD, sous la garantie internationale et la confiance quant au respect des engagements pris par les différents partenaires de la transition, et spécialement le président de la République, décide de lever la mesure de suspension». Ce communiqué signé par Azarias Ruberwa, président du RCD et lu à la presse marque le retour de son mouvement au sein des instances de la transition. Officiellement en tout cas, parce que la réalité est autre. Azarias Ruberwa avait seul pris la décision de suspendre la participation de son parti à la transition, invitant les ministres issus de son mouvement à le suivre dans leur fief de Goma à l’est du Congo, ce qui a été un relatif échec. Les querelles internes sont apparues au grand jour et les barons du mouvement ont réclamé une clarification. La plupart sont restés à leur poste de ministre, comme le celui de la Défense Jean-Pierre Ondekane qui n’a pas non plus assisté à la réunion extraordinaire du collège des fondateurs du RCD, le 1er septembre. 

Les conclusions de cette réunion qui s’est tenue à la résidence kinoise d’Azarias Ruberwa étaient connues d’avance. Il fallait préparer une sortie honorable au président du mouvement qui s’est enfermé dans une logique suicidaire. Désavoué dans son propre camp et par l’ensemble de la classe politique congolaise, il s’est retrouvé d’autant plus isolé que le parrain de l’accord de paix en RDC, le président sud-africain Thabo Mbeki effectuait une visite officielle à Kinshasa pour apporter son appui à la transition dans ce pays. Une commission mixte entre RDC et l’Afrique du Sud a été installée pour renforcer la coopération économique, politique et militaire entre les deux pays. En marge des accords signés, le président sud africain a rencontré la plupart des acteurs politiques congolais, et même Azarias Ruberwa.

L’art de se faire prier pour marquer un retour sans gloire

Ce dernier qui avait pourtant fait le voyage de Kinshasa pour rencontrer Thabo Mbeki, avait décliné toutes les sollicitations  du président sud africain qui l’invitait à participer aux travaux de la commission mixte, en tant que haute personnalité de l’Etat au même titre que les autres vice-présidents. Thabo Mbeki a dû se déplacer lui-même à la résidence d’Azarias Ruberwa  pour le convaincre d’assister à la clôture des travaux. Thabo Mbeki a pesé de tout son poids pour amener délicatement le vice-président «démissionnaire» à reprendre sa place dans les instances de la République. «Je suis heureux de voir le vice-président Ruberwa dans cette salle. Nous devons nous projeter dans l’avenir et régler au sein des institutions les problèmes qui se posent à nous», a déclaré le président Joseph Kabila alors que Thabo Mbeki s’est refusé à toute déclaration sur la présence du leader du RCD, à côté des autres membres du gouvernement congolais. Il s’est contenter d’inviter la classe politique congolaise «à assurer la bonne marche du processus de transition jusqu’à l’organisation des élections libres, démocratiques et transparentes de juin 2005».    

La transition politique a repris ses droits sans qu’on ne sache précisément «les engagements pris par les différents partenaires de la transition» comme le souligne le communiqué du RCD. Le programme de la transition se poursuit et le hasard a voulu que le premier acte d’après le coup d’éclat d’Azarias Ruberwa soit le lancement du «désarmement et réinsertion communautaire» qui démarre dans six sites au nord-est de la RDC, en Ituri, la région qui a connu ces derniers mois des actes de massacres inter-communautaires. La Mission des Nations unies pour la RDC (MONUC) qui conduit les opérations insiste sur l’acte volontaire des miliciens qui rendent les armes et se font recenser. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) finance cette opération  à hauteur de 10,5 millions de dollars et qui concernerait plus de 15 000 personnes (anciens combattants) dont 6 000 enfants. Dans les localités de Mahagi, de Nizi, de Kwandroma, de Kasenyi et d’Aveba des sites ont été aménagés pour accueillir les candidats au retour à la vie civile. Ceux qui souhaiteront définitivement quitter l’uniforme recevront une première prime de 50 dollars pour regagner leurs familles. Les autres seront directement incorporés dans l’armée nationale. L’encadrement de cette nouvelle armée sera en partie assuré par l’Afrique du Sud selon l’un des accords de coopération signés à l’issue de la visite de Thabo Mbeki en République démocratique du Congo. 



par Didier  Samson

Article publié le 02/09/2004 Dernière mise à jour le 02/09/2004 à 15:20 TU

Audio

Azarias Ruberwa

Président du RCD

«Nous avons insisté sur les questions liées à la corruption et au détournement des deniers publics.»

[02/09/2004]

Azarias Ruberwa

Président du RCD

«Attention, nous sommes devant un dérapage, si rien n'est fait.»

[02/09/2004]

Articles