Egyptologie
Le mystère de la chambre du pharaon
(Photo : AFP)
Nicolas Grimal, professeur au Collège de France, et ancien directeur de l’Institut français d’archéologie orientale au Caire, préface l’ouvrage et défend ardemment la cause de Gilles Dormion.: «Si ces conclusions se révèlent exactes, il s’agit là de l’une des plus grandes découvertes de l’égyptologie, plus importante que celle de la sépulture de Toutankhamon». Mais, si les travaux de recherche menés par les deux hommes, convainquent quelques autorités, la thèse qu’ils avancent est farouchement réfutée par d’autres qui n’y voient qu’une intention malhonnête de se faire de la publicité : «Ils sont seulement deux amateurs en quête de célébrité et d’argent», a déclaré Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil suprême des antiquités de l’Egypte.
Jusqu’à ce jour, il est établi que la Pyramide de Khéops, bâtie sur le plateau de Gizeh, à l’est du Caire, possède trois chambres au sein de sa construction massive. La construction, haute de 147 mètres et large de 230,34 mètres, abrite un volume de 2,340 millions de mètres cubes, et pèse 4,7 millions de tonnes. Les trois chambres répertoriées sont censées correspondre aux trois projets successifs de chambres funéraires, abandonnés l’un après l’autre car «le chantier a duré une vingtaine d’années et plusieurs architectes ont pu s’y succéder», affirme Gilles Dormion.
Où serait située la chambre inviolée ?
Sachant que «la préoccupation majeure des constructeurs des pyramides était que les chambres -qui devaient abriter la sépulture des pharaons- ne fussent pas écrasées sous le poids de la maçonnerie accumulée», Gilles Dormion et Jean-Yves Verd’hurt partent pendant dix-sept ans en quête de la momie «perdue» ou plutôt jamais trouvée-. Ils s’attachent alors à une sérieuse étude des anomalies de terrain, et se livrent à une étude comparative avec les autres pyramides -car, au-delà de leurs particularités respectives, toutes les pyramides présentent des techniques de construction similaire. Au terme de leur étude, les «égyptomanes» révèlent dans leur ouvrage avoir «décelé [sous la chambre de la reine] un petit passage ainsi que deux systèmes de herses (…) des études par radar [venant] confirm[er] qu’une structure existait 3,5 mètres plus bas (…), Gilles Dormion de préciser que l’ «hypothèse logique, [est] facile à vérifier avec les moyens technologiques actuels»: des relevés ont été pratiqués en 2000 à l’aide d’un radar géologique.
Reste que l’hypothèse de la chambre inconnue de Khéops demande à être vérifiée in situ, ce qui nécessiterait l’autorisation du secrétaire général des Antiquités égyptiennes. Les deux hommes demandent l’autorisation de faire un petit trou de 1,5 centimètre de diamètre dans la pyramide pour y glisser une sonde optique. Pour l’instant, Zahi Hawas s’oppose aux investigations, probablement excédé par les demandes de fouilles en tout genres, parfois les plus farfelues. Les appréciations de Jean-Pierre Adam, architecte-archéologue au CNRS, considérant qu’il s’agit là de «calembredaines et de guignolades», ne sont pas de nature à servir la requête des deux «égyptomanes». Elles font par ailleurs écho aux déclarations de Jean Yoyotte, professeur honoraire au Collège de France: «M. Hawas a des raisons sérieuses de se méfier d’une théorie tellement aléatoire qu’on ne peut tout de même pas se mettre à démonter la pyramide pour la vérifier».
Les deux Français, il est vrai, n’ont pas laissé que des bons souvenirs en Egypte : en 1986, ils avaient entrepris une campagne de relevés par micro-gravimétrie avec l’aide d’EDF dans Khéops. L’opération s’est avérée infructueuse, les forages réalisés ont débouché sur des espaces emplis de sable: les travaux «n’avaient pas abouti à une vérité scientifique, s'indigne Zahi Hawas. Au contraire, ils ont exploité cette situation pour diffamer le patrimoine et la civilisation égyptienne et ont publié des articles dans les journaux et les médias occidentaux affirmant qu’ils avaient percé la pyramide (…) cela prouve qu’ils sont des débutants et des prétentieux».
La Septième Merveille du monde, véritable défi au temps, continue de garder jalousement son secret, et Zahi Hawas a tenu à affirmer que la «position du Conseil suprême des Antiquités de l’Egypte à l’égard de cette question ne va pas affecter les relations franco-égyptiennes au niveau culturel, (…) plus de vingt missions françaises travaillent sur des fouilles ou des restaurations».
par Dominique Raizon
Article publié le 03/09/2004 Dernière mise à jour le 03/09/2004 à 15:48 TU
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