Patrimoine
Les animaux malades du zoo
(Photo : AFP)
Le directeur général du Muséum national d’histoire naturelle, Bertrand-Pierre Galey, a présenté début septembre plusieurs ébauches de propositions de rénovation du zoo. Vendredi 10 septembre, il a annoncé le déblocage de 500 000 euros de crédits pour des travaux d’urgence auprès du député-maire de Saint-Mandé (Val-de-Marne), Patrick Baudouin. Le conseiller régional d’Ile-de-France et maire de Vincennes, Laurent Lafon, s’est déclaré confiant «sur les bonnes intentions du ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement et de la Recherche, François Fillon», non sans faire remarquer toutefois: «cette somme n’est pas à la hauteur des besoins [car]ce dont le zoo a besoin, c’est d’une rénovation totale, qui pourrait coûter entre 60 et 80 millions d’euros». Les travaux du Zoo de Vincennes pourraient dépendre aussi de financements privés: Patrick Baudouin, le maire de Saint-Mandé, commune voisine de Vincennes, s’est dit favorable à cette «solution d’un mécénat public-privé, pour la rénovation du site animalier», tout en insistant sur «la nécessité de conserver le caractère public» du zoo.
Au mois d’août, le personnel de l’établissement avait entrepris une action pour sensibiliser les pouvoirs publics, et décidé d’exercer son «droit de retrait et d’alerte». En raison de la chute de ses rochers artificiels -constitués de treillis métalliques enduits de béton- certaines parties du zoo étaient interdites d’accès au public depuis le 23 juillet. Les employés, obligés d’aller travailler dans ces zones, ont alors fait référence à un article du Code du travail, prévoyant le retrait d’une situation de travail présentant «un danger grave et imminent pour la vie ou la santé», et n’assuraient plus qu’un service minimum : nettoyage des cages et des enclos, et distribution de la nourriture aux animaux. Le directeur général du Muséum leur avait rétorqué que «se retirer d’une situation de danger ne signifiait pas pouvoir abandonner leur poste, et qu’ils seraient considérés comme grévistes s’ils ne se présentaient pas normalement au travail»: cette attitude avait été jugée «arrogante» et «méprisante» à leur égard, par le comité des personnels.
Premier zoo d’Ile-de-FranceSensible toutefois aux légitimes revendications sécuritaires de l’ensemble du personnel, Laurent Lafon était alors intervenu en faveur d’une rénovation totale du parc animalier. S’adressant à François Fillon, ministre de l’Education nationale, et à son homologue partageant la tutelle à L’Ecologie, Serge Lepeltier, Laurent Lafon soulignait dans son courrier que: «refuser[l’aide à cette nécessaire restauration des lieux] risquerait, à brève échéance, de conduire à une fermeture irréversible du site. La différer n’aurait pour effet que d’augmenter encore le coût de sa réhabilitation». Il avait par ailleurs informé de sa démarche l’ensemble de ses collègues des communes riveraines du Bois de Vincennes, afin qu’ils puissent, à l’occasion d’une réunion, lancer une action concertée pour défendre l’avenir du Zoo de Vincennes.
Inauguré en 1934, le plus célèbre des zoos français a donc bien besoin pour éviter sa fermeture définitive d’une cure de jouvence générale. «La réfection et l’entretien des rochers auxquels l’Etat n’a pas été capable de pourvoir pourraient être du ressort de financements privés», a déclaré Patrick Beaudouin afin que «le zoo, lieu unique d’exposition animalière mais également de recherche et de formation, puisse assurer sa rénovation et sa pérennité».
Le Zoo de Vincennes compte quelque 750 000 visiteurs par an: «cette fréquentation en fait de loin le premier zoo d’Ile-de-France, [et] suffit à traduire son importance pour les Franciliens (…) sa sauvegarde est donc une priorité», a reconnu François Fillon. Les lions, tigres, guépards, rhinocéros, et ours blancs ont été transférés sur d’autres sites, notamment, «à titre provisoire», dans les fosses du Jardin des Plantes de 1805 -libérées en avril dernier car considérées comme inadaptées au besoin des espèces ! Il tarde que les animaux reviennent dans leur parc d’origine car pour l’heure, le personnel en colère a rempli une brouette de morceaux de béton tombés des rochers, et a lancé un bulletin d’alerte: «Pour 5 euros, venez visiter nos ruines, et nos enclos vides (…) prochains départs: tous les ours et les éléphants».
Renseignements pris auprès de l’établissement, la direction du Zoo de Vincennes n’a pas encore confirmé officiellement au personnel l’octroi des 500 000 euros. Mais le zoo est ouvert au public et, consciencieusement, le personnel continue à entretenir, à ses risques et périls, le parc animalier.
par Dominique Raizon
Article publié le 16/09/2004 Dernière mise à jour le 16/09/2004 à 16:23 TU