Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Tanzanie

Réduction des rations pour les réfugiés congolais et burundais

Pour assurer l’alimentation des réfugiés en Tanzanie dans les prochains mois, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a lancé un appel de fonds en précisant que si la réaction des bailleurs se faisait attendre, la situation sur le terrain deviendrait intenable. 

		(Photo : AFP)
Pour assurer l’alimentation des réfugiés en Tanzanie dans les prochains mois, le Programme alimentaire mondial de l’ONU a lancé un appel de fonds en précisant que si la réaction des bailleurs se faisait attendre, la situation sur le terrain deviendrait intenable.
(Photo : AFP)
Le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a réduit d’un quart les rations alimentaires des 400 000 réfugiés burundais et congolais (RDC) installés dans les camps de l’ouest de la Tanzanie. Une mesure visant à retarder la rupture des stocks. Ce qui complique davantage la vie déjà difficile de ces victimes des conflits sans fin dans la région des Grands Lacs.

De notre correspondant en Tanzanie.

«Nous n’avions pas le choix». Les mots de Patrick Buckley, le directeur national pour la Tanzanie du Programme alimentaire mondial (PAM), sont sans équivoque : face au risque de rupture des stocks d’aliments destinés aux réfugiés  - majoritairement burundais et congolais - des treize camps de l’ouest de la Tanzanie, il fallait réduire les rations alimentaires dès maintenant. Conséquence : pour les rations de maïs par exemple, de 2,4 kilogrammes distribués chaque semaine, c’est à 1,9 kg qu’auront désormais droit chacun des quatre cent milles réfugiés. La réduction s’applique à toutes les denrées distribuées par le PAM, responsable principal de l’alimentation des ces réfugiés. «Une mesure inévitable et potentiellement dangereuse », reconnait Patrick Buckley. En plus des problèmes de santé qui peuvent en découler, cette réduction « peut faire monter la tension et l’instabilité dans les camps».

A l’origine, les problèmes de budget auxquels fait face le PAM. Pour assurer décemment l’alimentation des réfugiés dans les prochains mois, il aurait un besoin urgent de 14 millions de dollars, ce qui permettrait d’acheter 39 000 tonnes de nourriture. Pour cette raison, l’organisation vient de lancer un appel de fonds, tout en précisant que si la réaction des bailleurs se faisait attendre, la situation sur le terrain deviendrait intenable. Sans doute alors que le Pam devra envisager des mesures plus radicales. Comme en 2001 déjà, lorsque l’organisation avait réduit de moitié les rations de ces même réfugiés pour lesquels les années de leur long et interminable exil se suivent et se ressemblent.

Les camps restent les lieux les moins dangereux pour leur survie

Car pour nombre d’entre eux, l’installation dans les camps de la Tanzanie remonte à 1972. Au Burundi, fuyant les exactions d’une armée qui décime l’élite Hutu, 300 000 personnes s’enfuient vers la Tanzanie. Beaucoup n’ont jamais pris le chemin du retour. En 1993, après l’assassinat du président Melchior Ndadaye, c’est encore par centaines de milliers que les burundais arrivent en Tanzanie. En 2003 ils sont près de 800 000. Dans des proportions moins importantes, rwandais puis congolais (RDC) vont venir s’entasser dans ces camps de fortune au fil des conflits qui éclatent dans leurs pays au courant de la décennie 90.

Si fin 2002 tous les Rwandais ont pu regagner leur pays, forcés et contraints dans bien des cas, pour la plupart des burundais et des congolais, les camps de réfugiés restent les lieux les moins dangereux pour leur survie.  Les interminables transitions au Burundi et en République démocratique du Congo et l’instabilité au plan sécuritaire dissuadent même les candidats les plus enthousiastes au retour. Pourtant les conditions de vie dans les camps sont difficiles. Soumis par les autorités tanzaniennes à l’interdiction de travailler en dehors des camps, les réfugiés sont largement dépendant de l’assistance internationale. Dans un rapport, l’ONG International Crisis Group estime que «la Tanzanie a su maintenir les réfugiés dans un état de dépendance et de précarité pesante qui limite toute chance de les voir s’installer durablement dans le pays».

Les conditions de leur retour dans leurs pays d’origine ne sont pourtant pas remplies. Un chapitre est certes consacré au retour des réfugiés dans l’accord de paix d’Arusha, signé en 2000 entre les belligérants du conflit burundais, mais sa mise en oeuvre pose problème. L’enjeu politique de leur retour étant au centre de calculs divers parmi les acteurs de la transition. Des calculs dont les seules victimes demeurent ces réfugiés qui pourraient se voir privés désormais du minimum vital : de quoi se nourrir.



par André-Michel  Essoungou

Article publié le 31/10/2004 Dernière mise à jour le 31/10/2004 à 10:48 TU

Audio

Le PAM réduit ses rations alimentaires

Par Véronique Rigolet

[31/10/2004]

Articles