Présidentielle en Uruguay
Victoire historique de la gauche
(Photo: AFP)
Les régions agricoles ont voté Vazquez
Beaucoup d’Uruguayens reprochaient au président sortant sa mauvaise gestion économique, notamment en 2002. Cette année-là, le taux de chômage a atteint 20% de la population active et le nombre de pauvres a été multiplié par deux (850 000 en 2003 contre 400 000 en 1999). La victoire de Vazquez était acquise à Montevideo, la capitale étant actuellement dirigée par un maire de gauche, Mariano Arana. Mais si le leader du Frente l’a emporté dans le reste du pays, c’est parce que les régions agricoles de l’intérieur ont voté pour lui alors que traditionnellement, en Uruguay, les régions rurales votent pour les partis conservateurs.
Les grandes réformes ne sont plus à l’ordre du jour
Pendant la campagne électorale, le Front, qui prendra le pouvoir le 1er mars 2005, avait pris soin de rassurer les investisseurs étrangers, très présents dans le secteur agricole (boeuf, soja, industrie agroalimentaire) et dans le tourisme (station balnéaire de Punta del Este). Avant le scrutin et la victoire annoncée de sa coalition, Tabaré Vazquez s’était d’ailleurs rendu à Washington pour donner le nom de son futur ministre de l’Economie, Danilo Astori, leader d’une des fractions les plus modérées du Frente Amplio. Les grandes réformes prévues dans le programme des années 70 ne sont de toute façon plus à l’ordre du jour. Il n’est plus question de nationaliser les banques ni de lancer une réforme agraire. Vazquez s’est engagé publiquement à obéir au Fonds Monétaire International (FMI). Au pouvoir, la gauche uruguayenne va chercher à stimuler l’économie en réformant la fiscalité. L’idée serait de ne pas augmenter la pression fiscale mais de la redistribuer «selon des critères de rationalité, équité, et efficacité». Il est question par exemple de diminuer la pression fiscale sur les producteurs et les consommateurs. Une «solution» sera recherchée pour la dette publique. Un plan d’urgence sociale devrait également être élaboré pour lutter contre la pauvreté.
Un continent à gauche
Coincé entre deux géants, l’Argentine au Sud et le Brésil au Nord, l’Uruguay a connu, comme ses grands voisins, plusieurs dictatures militaires. Mais sur ces frontières, le vent a tourné. Sur l’autre rive du Rio de la Plata, Montevideo observe Buenos Aires. Après la grave crise économique de 2002, le président Nestor Kirchner, représentant de l’aile progressiste du parti péroniste est arrivé au pouvoir dans la capitale argentine. Il n'a pas pris d’engagement sur le paiement de la dette de son pays. Toujours l’année dernière, le Brésil a élu pour la première fois un président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, un ancien syndicaliste du Parti des travailleurs (PT). Modéré, soucieux de relancer la croissance, le Parti des travailleurs vient pourtant de décevoir puisqu’il subit deux défaites, à Sao Paulo, la plus grande ville du pays, et à Porto Alegre, sa ville laboratoire, toute proche de l’Uruguay. Depuis peu, le Venezuela et le Chili sont également gouvernés par des partis de gauche. Les politiques économiques sont tout de même souvent de tendance libérale. A Montevideo, durant le mois d’octobre donc avant même le scrutin, le peso s’est apprécié de 1,63% face au dollar.
par Colette Thomas
Article publié le 01/11/2004 Dernière mise à jour le 01/11/2004 à 14:08 TU