Election présidentielle américaine
Bush a convaincu les Américains
(Photo : AFP)
Contre toute attente, la forte participation à l’élection présidentielle américaine a profité à George W. Bush. Sa réélection avec 51 % des suffrages et plus de 3,5 millions de voix d’avance sur John Kerry lui permet d’obtenir un deuxième mandat de quatre ans dans les meilleures conditions possibles. Mal élu en l’an 2000 après un scrutin très controversé, il est aujourd’hui renforcé et conforté. Les électeurs ont adhéré à sa vision de l’Amérique.
La campagne de George W. Bush qui a mis en avant le danger terroriste a fonctionné dans une Amérique qui demeure choquée et meurtrie par le souvenir des attentats du 11 septembre 2001. Malgré les difficultés rencontrées depuis le début de la guerre en Irak et les nombreux scandales qui ont jeté le discrédit sur les Etats-Unis, comme celui des sévices infligés aux détenus de la prison d’Abou Ghraib ou l’absence d’armes de destruction massive dans ce pays, les électeurs américains n’ont pas sanctionné la politique de George W. Bush. En tout cas, ils n’ont pas remis en question le choix d’une riposte armée et unilatérale à l’agression terroriste. Ils n’ont pas estimé, non plus, que son adversaire pouvait mieux que lui assurer la sécurité des Etats-Unis. Même l’apparition télévisée de l’ennemi public numéro un des Américains, Oussama Ben Laden, à quelques heures du scrutin, n’a pas porté préjudice au président sortant. Elle aurait même plutôt ravivé les peurs et convaincu de la nécessité de voter pour l’homme le plus déterminé à lutter contre le terrorisme.
Commandant en chef, George W. Bush a aussi endossé l’uniforme du défenseur des valeurs morales et religieuses auxquelles les Américains sont très attachés. Et cela n’a pas été le moindre de ses atouts. Contre l’avortement, la recherche sur les cellules souches ou le mariage homosexuel, pour la peine de mort : les convictions de George W. Bush lui ont permis de rallier un grand nombre d’électeurs profondément croyants, même dans les catégories sociales défavorisées ou les communautés ethniques traditionnellement plus proches des démocrates comme les Hispaniques ou les Noirs.
«J’ai besoin de votre soutien»
Largement élu, George W. Bush n’en a pas moins insisté lors de son premier discours de vainqueur, mercredi, sur la nécessité de «rassembler tous les Américains» derrière lui parce que «quand nous travaillons ensemble, il n’y a pas de limite à la grandeur de l’Amérique». Il a même lancé un appel aux électeurs démocrates en déclarant : «J’ai besoin de votre soutien». Son adversaire malheureux, John Kerry, avait lui aussi peu avant souligné «l’indispensable besoin d’unité» dans le pays menacé de «division» après une âpre campagne. Le sénateur du Massachusetts, dont George W. Bush a salué «l’élégance» dans la défaite, a même affirmé : «Dans une élection américaine, il n’y a pas de perdant. Le lendemain, nous nous réveillons tous en tant qu’Américains».
(Photo : AFP)
Républicains ou démocrates, ils auront, en effet, durant les quatre prochaines années un destin commun dont le chef d’orchestre sera George W. Bush. Le président réélu entend profiter de ce second mandat offert sur un plateau par les électeurs américains pour continuer son action. Fort d’une majorité au Sénat et à la Chambre des représentants et sans la pression d’avoir à affronter une nouvelle campagne, puisqu’aux Etats-Unis un président ne peut faire plus de deux mandats, George W. Bush aura une grande marge de manœuvre pour atteindre des objectifs ambitieux aux Etats-Unis et dans le monde.
Sur le plan économique, il entend continuer «les progrès» engagés, «réformer le code des impôts», «renforcer l’assurance vieillesse», diminuer le déficit budgétaire en réduisant les dépenses, sauf celles qui concernent la sécurité, et en engageant une politique de croissance. Il a aussi promis des améliorations pour les écoles. Et surtout, il s’est engagé face aux Américains «à défendre (les) valeurs les plus profondes de la famille et de la foi».
Légitimé par un score qu’il a qualifié d’«historique», George W. Bush se sent investi d’une mission à l’intérieur des frontières mais aussi au-delà. Il compte donc aussi finir le travail en matière de lutte contre le terrorisme «afin que nos enfants puissent vivre libres et en paix». Fier d’avoir envoyé des militaires américains «rétablir la justice chez l’ennemi» et d’appartenir à une nation qui s’est «défendue», il entend poursuivre dans cette voie : «Nous allons aider les démocraties naissantes d’Irak et d’Afghanistan pour qu’elles puissent grandir et défendre leur liberté, afin que nos soldats reviennent avec l’honneur qu’ils ont gagné».
par Valérie Gas
Article publié le 03/11/2004 Dernière mise à jour le 03/11/2004 à 23:10 TU
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