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Proche-Orient

Arafat de A à Z

Poignée de mains Arafat-Rabin, le 13 septembre 1993 à Washington sur la pelouse de la Maison-Blanche. 

		(Photo: Maison-Blanche)
Poignée de mains Arafat-Rabin, le 13 septembre 1993 à Washington sur la pelouse de la Maison-Blanche.
(Photo: Maison-Blanche)
Personnage aux multiples facettes, Yasser Arafat a marqué l’histoire du conflit au Proche-Orient depuis un demi-siècle. Retour sur un parcours hors normes.
A comme Arafat

Arafat s’appelle en réalité Mohammed Abderraouf Arafat al Qidwa Al Husseini. Né en août 1929, il est le cinquième des sept enfants d’une famille palestinienne modeste installée au Caire. Son père est marchand de textile après avoir été policier de l’empire ottoman. A la mort de sa mère Zahoua en 1933, celui qui ne se fait pas encore appeler « Yasser » part habiter chez l’un de ses oncles à Jérusalem où il restera trois ans avant de revenir vivre auprès de son père. Un père qui sera tué lors du premier conflit israélo-arabe de 1948-49 qui voit la création de l’Etat d’Israël et l’exil des réfugiés palestiniens (la « nakba »).

B comme Baraka

«Yasser Arafat a la baraka» assurent tous ceux qui n’en reviennent pas du destin de cet homme qui a frôlé la mort à de multiples reprises.
En 1982, l’armée israélienne intervient au Liban et met les fedayin de l’OLP en déroute. Un tireur israélien tient Yasser Arafat dans sa ligne de mire mais le premier ministre israélien, Menahem Begin, refuse de donner l’ordre de tir.

En 1985, à la suite de l’assassinat de trois Israéliens à Chypre, Israël fait bombarder les installations de l’OLP en Tunisie. Arafat échappe de peu au bombardement.

En 1992, l’avion Antonov dans lequel voyage Arafat s’écrase dans le désert libyen. Trois de ses compagnons meurent dans l’accident. Arafat, lui, s’en sort.

C comme charte de l’OLP

Rédigée en mai 1964, la Charte de l'OLP prône l'«élimination» de l'Etat d'Israël en tant qu'Etat souverain et prévoit la création d'un Etat palestinien. Cette disposition de la Charte restera longtemps comme principale pierre d'achoppement pour des négociations entre Israël et l'OLP. En 1989, à l’occasion d’une visite à Paris, alors qu’il est interrogé sur la révision de la charte, Yasser Arafat lance en français: «c’est caduc». Le mot, qui lui aurait été soufflé par Roland Dumas le ministre français des Affaires étrangères, fait désormais partie du vocabulaire palestinien.

D comme décès

Yasser Arafat a rarement évoqué sa disparition et ses conséquences. Il a exprimé à plusieurs reprises le vœu d’être enterré à Jérusalem. En revanche le leader palestinien ne s’est jamais prononcé sur sa succession politique.

E comme exils

Né au Caire, élevé à Jérusalem de l’âge de 3 ans à 7 ans, de retour au Caire, Yasser n’aura connu que l’exil dans sa vie d’homme avant son retour sur la terre palestinienne en 1994.

F comme Fatah

Fondé en 1959 au Koweït par le Fatah (« la victoire ») est un mouvement politique dont l’objectif est à l’origine l’établissement d’un Etat palestinien indépendant sur le territoire de la Palestine. Arafat et quatre de ses compagnons sont à l’origine du mouvement (Salah Kahlaf dit Abou Iyad, Khalil al Wazir dit Abou Jihad, Farouk Kadoumi dit Abou Loft et Mahmoud Abbas dit Abou Mazen). Le déclenchement de la lutte armée contre Israël a officiellement lieu le 31 décembre 1964, avec pour objectif de rayer l’Etat juif de la carte. Le Fatah constitue le parti-pivot de l’OLP.

G comme Gaza

C’est à Gaza que Yasser Arafat repose le pied sur la terre palestinienne en 1994 après la signature des accords d’Oslo. Un retour triomphal pour Arafat qui prend la tête de l’autorité palestinienne dont les prérogatives concernent, dans un premier temps, la bande de Gaza et la ville de Jéricho en Cisjordanie.

H comme Hamas

Principal rival de l’OLP, le Hamas, (Mouvement de la résistance islamique, acronyme de Harakat al-muqawama al-islamiya signifiant en arabe «ferveur») est créé en 1987 cinq jours après le début de la première intifada. Dans un contexte de marginalisation internationale de Yasser Arafat et alors que les cadres de l’OLP à Tunis semblent coupés de la réalité de la rue palestinienne, le Hamas investit l’action sociale de terrain en plus de son activité politique. Il se fixe comme objectifs la libération de la Palestine, la création d’un Etat islamique, et refuse toute présence occidentale dans les pays musulmans.

I comme Intifada

L’intifada, «la guerre des pierres» débute en décembre 1987. Point de départ du soulèvement, un banal accident provoqué par un camion israélien et qui provoque la mort de trois ouvriers palestiniens de la bande de Gaza. La rumeur palestinienne parle de meurtre et les Territoires occupés s’enflamment. A l’origine, le soulèvement échappe totalement au contrôle des cadres de l’OLP installés au quartier-général de Tunis. Elle prendra fin avec l’établissement des négociations de paix qui aboutiront aux accords d’Oslo.

La seconde intifada éclate en septembre 2000 après la visite d’Ariel Sharon sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem. Ce geste du leader de la droite dure israélienne (qui est alors dans l’opposition) est considéré comme une provocation par les Palestiniens. L’échec du processus de paix est alors patent. Plusieurs groupes palestiniens jugent alors que la première intifada a été un échec et décident d’employer d’autres méthodes que la «guerre des pierres». On assiste alors à la multiplication des attentats suicide sur le territoire israélien.

J comme Jérusalem

Yasser Arafat a toujours prétendu qu’il était né à Jérusalem ou «al Qods» même s’il semble qu’il soit né au Caire. Le leader palestinien a fait savoir en tout cas qu’il souhaitait être enterré à Jérusalem. La question de Jérusalem a toujours été l’une des plus épineuses dans les négociations entre Israéliens et Palestiniens, les deux parties la considérant comme la capitale de leur Etat.

K comme keffieh

Inséparable de l’image d’Arafat, le keffieh est un symbole pour le leader palestinien. Dans une émission de télévision, interrogé par le dessinateur français Plantu, le leader palestinien avait expliqué le pliage savant du couvre-chef dont la partie qui retombait à droite de son visage figurait une carte aux contours de la Palestine du temps du mandat britannique (avant la création de l’Etat d’Israël) allant de la mer Méditerranée jusqu’au Jourdain.

L comme Liban

Après Septembre noir, Arafat et l’OLP s’installent au Liban au début des années 70. Dans ce pays affaibli, l’OLP devient un véritable Etat dans l’Etat et constitue ce que les Israéliens ont appelé le «Fatahland» où les fedayin d’Arafat font règner leur loi. En 1982, l’armée israélienne lance une vaste offensive qui l’amènera jusqu’à Beyrouth. Appuyés par les milices libanaises chrétiennes, les Israéliens acculent Arafat et ses hommes. Arafat défait quittera le Liban sur un navire grec escorté par des navires de guerre français. Dans le même temps, les massacres de Sabra et Chatila (deux camps de réfugiés palestiniens au Liban) font plusieurs centaines de morts tués par des miliciens libanais sous les yeux de l’armée israélienne.

M comme Mouqataa

Le palais de la Mouqataa à Ramallah en Cisjordanie qui était le siège de l’Autorité palestinienne était devenu depuis trois ans le lieu d’assignation à résidence de Yasser Arafat. Les forces israéliennes qui avaient détruit une partie du bâtiment empêchaient tout mouvement du président de l’Autorité palestinienne hors des lieux.

N comme Nations unies

L’image restera pour l’histoire. Invité à s’exprimer en 1974 devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York, Yasser Arafat monte à la tribune en tenant un rameau d’olivier. Vêtu de son immuable treillis et portant à la ceinture l’étui de son revolver, le chef de l’OLP lance : «Aujourd’hui, je suis venu avec un rameau d’olivier et un pistolet de combattant de la liberté. Ne laissez pas le rameau d’olivier m’échapper des mains».

O comme OLP

L’Organisation de Libération de la Palestine tient son premier congrès à Jérusalem en 1964. Tout d’abord sous tutelle arabe, l’organisation se radicalise et prend son indépendance à partir de la guerre des six jours en 1967. Elle adopte ainsi une nouvelle Charte en juillet 1968 et intègre les différentes fractions armées palestiniennes. Yasser Arafat devient le président du comité exécutif en 1969. L’Organisation regroupe les factions palestiniennes mais chaque groupe conserve une large autonomie et dispose de ses propres éléments armés. En 1973 et 1974, l’OLP est reconnue par les pays arabes comme «seul représentant du peuple palestinien». En novembre 1974, l’OLP est admise comme membre observateur à l’ONU. A Alger, le 15 novembre 1988, l’OLP reconnaît la résolution 181 de l’ONU de 1947 qui partage la Palestine en deux Etats l’un juif, l’autre arabe, reconnaissant de facto l’existence de l’Etat israélien. Dans la foulée, l’OLP proclame la naissance de l’Etat indépendant de Palestine et nomme un gouvernement en exil.

P comme processus de paix

Après ses prises de positions en faveur de Saddam Hussein à l’occasion de la guerre du Golfe, Yasser Arafat a été écarté du processus de la Conférence de Madrid en 1991 qui voit néanmoins les premières discussions officielles entre Israël et une délégation jordano-palestinienne composée de membres de l’OLP. Les négociations vont se poursuivre secrètement par l’entremise de la Norvège pour aboutir aux accords d’Oslo en 1993. Ces accords prévoient la création d’une entité palestinienne dans la bande de Gaza et à Jéricho. Les accords d’Oslo doivent être le point de départ d’un règlement global mais la mécanique se grippe. Le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin est assassiné par un extrémiste israélien en novembre 1995. Après un interim assuré par Shimon Peres, c’est Benjamin Netanyahou du parti Likoud qui arrive au pouvoir et tente d’entraver le passage de relais à l’Autorité palestinienne dans un contexte marqué par des attentats suicide anti-israéliens. L’intervention de Bill Clinton conduit au memorandum de Wye River dans lequel Yasser Arafat et le Premier ministre israélien détaillent les étapes qui doivent conduire à la paix. Arafat poursuivra les négociations avec Ehoud Barak, le successeur travailliste de Netanyahou. Toujours sous la pression de Bill Clinton qui rêve de trouver une issue au conflit du Proche-Orient avant de quitter la Maison Blanche, les deux parties sont à deux doigts de conclure au début de l’an 2000 mais Arafat refuse de répondre à la proposition israélienne qui instaurerait Jérusalem-Est comme capitale de l’Etat palestinien et qui mettrait un terme au rêve d’un retour des réfugiés palestiniens de 1948. En janvier 2001, une dernière tentative de conclure les négociations échouera à Taba (Egypte). Dans les jours qui suivent les élections israéliennes et l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon interrompent le processus.

Q comme Qorei et Abbas

Ahmed Qorei, l’actuel Premier ministre palestinien, et son prédécesseur à ce poste, Mahmoud Abbas, font figure de successeurs possibles à Yasser Arafat.

S comme septembre noir

Très nombreux en Jordanie, les Palestiniens (nés sur place ou réfugiés après la Nakba) ont formé un véritable Etat dans l’Etat à la fin des années 60. La Jordanie juge alors que sa souveraineté et sa sécurité son menacées et tente d’imposer le désarmement des fedayins palestiniens. La tension monte et les premiers affrontements éclatent en juin 1970. L'armée jordanienne entre dans les camps de réfugiés palestiniens et tire contre des civils faisant près de 3 500 morts et 11 000 blessés. La défaite est sévère pour Arafat. L’OLP et son chef se replient au Liban. Septembre noir deviendra ensuite le nom d’un groupe terroriste palestinien qui revendiquera notamment l’attentat contre les athlètes israéliens aux Jeux olympiques de Munich en 1972.

T comme terrorisme

Face au terrorisme pratiqué par différents groupes palestiniens, l’attitude de Yasser Arafat a toujours été ambiguë. Il n’a pas soutenu publiquement d’actions terroristes mais à toutes les époques ses dénonciations du terrorisme ont souvent été jugées insuffisantes par ses adversaires ou par la communauté internationale. En novembre 1985 au Caire, l’OLP renonce officiellement au terrorisme. En décembre 1988, lors de l’assemblée générale de l’ONU qui se tient à Genève (car les Etats-Unis refusent d’accueillir Arafat sur le sol américain), Arafat déclare sous la pression de Ronald Reagan qu’il renonce au terrorisme. Depuis son retour dans les Territoires palestiniens, Yasser Arafat a condamné publiquement les attentats-suicide perpétrés en Israël. Les responsables israéliens ont régulièrement jugés ses déclarations insuffisantes.

T comme Tunis

Après le départ du Liban en 1982, l’OLP a établi son quartier général dans un grand hôtel de la banlieue de Tunis. Arafat et ses proches y resteront jusqu’à la conclusion des accords d’Oslo et leur retour sur la terre palestinienne. Bombardés en 1985 par l’aviation israélienne, les locaux seront largement détruits mais Arafat échappera de peu à ce raid.

U comme union des étudiants palestiniens

Yasser Arafat devient au Caire en 1952 le président de l’Union des étudiants palestiniens. Il le restera jusqu’en 1956. Il est à l’époque proche des Frères musulmans égyptiens tout en éprouvant une grande admiration pour Nasser.

V comme le «vieux»

Le vieux («al-Khtyar » en arabe), c’est ainsi que les Palestiniens ont coutume de surnommer avec tendresse et respect le président de l’Autorité palestinienne.

W comme Washington et la poignée de main Rabin-Arafat

C’est à Washington, devant Bill Clinton, le 13 septembre 1993 que Yitzhak Rabin et Yasser Arafat se serrent la main sur la pelouse de la Maison Blanche. L’image fait le tour du monde. Elle scelle l’aboutissement de la première phase du processus de paix entre deux ennemis que l’on pensaient irréconciliables.

Y comme Yasser

«Yasser» est le prénom que s’est choisi Arafat lorsqu’il était adolescent. Yasser est le nom du premier martyr de l’islam qui fut torturé à mort par les Mecquois. Leur fils Ammar fut l’un des proches amis du quatrième calife. C’est d’ailleurs «Abou Ammar» qu’Arafat a choisi comme nom de guerre.

Z comme Zahoua

Zahoua était le prénom de la mère de Yasser Arafat, c’est également le prénom qu’il a donné à sa fille née le 24 juillet 1995. Depuis «l’assignation à résidence» de Yasser Arafat dans le palais de la Mouqataa à Ramallah, sa fille vit à Paris élevée par sa mère Souha qu’Arafat a épousée en 1990.



par Philippe  Couve

Article publié le 05/11/2004 Dernière mise à jour le 05/11/2004 à 17:15 TU