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Football

Racisme ordinaire à Bastia

Chaouki Ben Saada : « quand je marque, je suis corse ; mais quand ce n’est pas le cas, je redeviens vite arabe ». 

		(Photo : AFP)
Chaouki Ben Saada : « quand je marque, je suis corse ; mais quand ce n’est pas le cas, je redeviens vite arabe ».
(Photo : AFP)
Le président de Bastia a décidé de déposer une plainte à la suite d’agressions racistes dont ont été victimes deux de ses joueurs après la défaite à domicile contre Saint-Etienne lors de la dernière journée de championnat. La Ligue de football professionnel (LFP) a fait de même pour propos racistes, voies de fait et dégradation de matériel. Depuis plusieurs mois la Corse est en proie à un accès de haine qui touche d’abord les Maghrébins. Des groupuscules tels que Clandestini Corsi (qui vient d’être démantelé) affichent ouvertement leurs idées racistes et n’hésitent pas à passer à l’acte.

Inacceptable. La France du football a vivement condamné l’attitude de quelques sinistres imbéciles, aussi bêtes que méchants, qui se sont distingués au soir de la nouvelle défaite de Bastia face à Saint-Etienne au stade de Furiani lors de la 14ème journée du championnat de première division. « Sale Noir, rentre chez toi… » Une trentaine de prétendus supporteurs ont apostrophé Pascal Chimbonda, joueur du club originaire de la Guadeloupe. D’autres s’en sont pris à son véhicule, lui lançant toutes sortes de projectiles. Le Congolais Franck Matingou a  également été la cible de quelques individus égarés par l’échec actuel de leur club, seulement dix-septième du championnat. Ces comportements intolérables sont dans la droite ligne de ceux qui, depuis plusieurs mois, s’en sont pris violemment dans l’île à la communauté d’origine maghrébine. Témoignage éclairant d’un autre footballeur de l’équipe, Chaouki Ben Saada : « quand je marque, je suis corse ; mais quand ce n’est pas le cas, je redeviens vite arabe ». Au cours des sept premiers mois de cette année, selon un récent rapport, sur 95 actes racistes et xénophobes recensés en France, trente ont été perpétrés en Corse. Que les terrains de football servent d’exutoire à quelques voyous en quête de boucs émissaires ne saurait réellement surprendre. L’important est qu’ils soient dénoncés par tous les acteurs du monde sportif. L’Union des footballeurs professionnels n’est pas la dernière à réagir : « le racisme est à l’opposé des valeurs véhiculées par notre discipline ». Et chacun de réclamer plus de sévérité pour endiguer ce fléau.
Le président de la Ligue, Frédéric Thiriez souhaite l’application de la tolérance zéro pour tout propos ou tout passage à l’acte raciste. Cela, naturellement, ne dépend pas des gens du football, mais relève de l’Etat, en particulier du ministère de l’Intérieur et de celui de la Justice . Il envoie le ballon dans le camp de la police et du gouvernement, en réclamant davantage d’interpellations et de sanctions. Sous-entendu, faudra-t-il qu’il y ait un jour mort d’homme pour que les autorités publiques comprennent que le mal existe, même s’il n’est le fait que d’une poignée d’individus, et qu’il est nécessaire d’employer des méthodes radicales pour essayer de l’éradiquer.  .



par Gérard  Dreyfus

Article publié le 16/11/2004 Dernière mise à jour le 16/11/2004 à 14:46 TU