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Sommet de la Francophonie: Ouagadougou 2004

La santé, enjeu crucial

L’Organisation internationale de la Francophonie entend apporter sa contribution au développement de la santé. L’OIF s’inscrit ainsi dans la dynamique internationale constatée aussi bien lors des derniers sommets du G8, dans les débats et les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, que dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique.

 

En Afrique, le poids des grandes épidémies mine encore les équilibres sociaux, économiques et politiques. La santé, affirme en effet Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, est désormais davantage prise en considération tant son importance et l’urgence qui caractérise le défi à relever dans ce secteur sont vitales pour les pays francophones du Sud, en Afrique et en Asie notamment. Cette prise de conscience faisant de la santé un élément décisif du développement est tardive et encore loin de se traduire dans les budgets et les politiques des États. Pour sa part, la Francophonie intervient dans le domaine de la santé par le renforcement des capacités, principalement via son Agence universitaire, l’AUF.

Ainsi, l’Institut de la Francophonie pour la médecine tropicale de Ventiane (Vietnam) dispense un enseignement de 3e cycle sur les maladies tropicales destiné aux médecins francophones de la région d’Asie du Sud-Est, tandis que des formations doctorales ont été mises en place pour permettre à de jeunes chercheurs de se spécialiser dans le domaine des maladies infectieuses tropicales à l’École doctorale de Franceville (Gabon). Des réseaux de chercheurs ont été créés fin 2003 concernant les endémies anciennes ou émergentes. Les maladies à transmission vectorielle (moustique, vers…), notamment parasitaires, bactériennes et virales, seront au cœur des travaux qui privilégient le perfectionnement des chercheurs. Ces recherches seront particulièrement axées sur la production d’outils de prévision, de dépistage, d’intervention de prévention…

« Avec une dose suffisante de volontarisme, les réussites sont possibles »

Dans la lutte pour une meilleure santé, l’accès aux médicaments reste pour les pays en développement un véritable nœud gordien. Alors que les États-Unis absorbent la moitié des 400 milliards de dollars de médicaments produits dans le monde et l’Europe 25 %, l’Afrique, l’Asie et l’Océanie réunies en consomment seulement 8 %, alors que ces trois continents représentent 75 % de la population mondiale. Faut-il le rappeler, plus de 10 millions de personnes meurent chaque année dans les pays du Sud d’infections communes chroniques contre lesquelles on dispose de médicaments. Dans les régions pauvres d’Afrique ou d’Asie, l’inaccessibilité aux médicaments peut atteindre aujourd’hui jusqu’à 50 % de la population.

Pour le secrétaire général de l’OIF, « cette situation n’est pas acceptable et il est inadmissible de voir, décennie après décennie, la lenteur avec laquelle les réponses sont apportées au niveau international. Les effets pervers et dramatiques de cette lenteur sont ravageurs. Ils conduisent notamment la population incapable d’assumer le coût trop élevé des médicaments et en perte de confiance, à recourir de plus en plus largement au marché parallèle de médicaments avec les risques que cela comporte ». Malgré ces constats terribles, Abdou Diouf est cependant convaincu, « comme le prouvent les succès récents de la lutte contre la rougeole, qu’avec une dose suffisante de volontarisme, les réussites sont possibles et à la portée des pays en développement. Dans la lutte contre le sida, ce qui semblait utopique et inaccessible est aujourd’hui envisageable notamment grâce aux efforts accomplis sur le prix des médicaments ». Toutefois, sur le terrain, les progrès restent modestes au regard des terribles dégâts que continue à faire le sida ; en Afrique subsaharienne, 3 millions de personnes ont été infectées par le virus en 2003.

Améliorer l’information sur la reproduction et les droits des femmes

A son échelle et parce que la santé passe par les femmes, la Francophonie appuie des actions pour lutter contre les mutilations génitales faites aux femmes, notamment au Mali, au Tchad, au Burkina Faso et au Cameroun. Ainsi, l’Agence intergouvernementale de la francophonie a-t-elle financé au Mali la formation d’éducatrices, de responsables d’ONG et d’animateurs de radios sur les méfaits de l’excision. A Djibouti, au Mali et en Guinée, des journalistes de radio ont reçu une formation afin de mener une campagne de sensibilisation pour l’abandon des mutilations sexuelles féminines. Au Burkina Faso, à l’île Maurice, au Cap-Vert, à Vanuatu comme au Congo, des associations de jeunes filles et de femmes ont reçu des contributions afin d’améliorer l’information sur la reproduction, les droits des femmes et la lutte contre le sida. Autant d’initiatives qui s’inscrivent dans le cadre des programmes de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, avec une plus grande attention accordée à cette dimension.

Malgré l’accord intervenu en 2003 à Organisation mondiale du commerce, permettant aux pays en crise sanitaire d’importer des médicaments génériques, la situation n’a guère changé pour les pays d’Afrique et d’Asie, notamment du fait de la complexité des démarches liées à l’application du texte. Même si cela implique de gros efforts pour le secteur privé, chacun admet qu’il n’est guère possible d’échapper davantage à l’obligation de permettre aux trois quarts de l’humanité d’avoir accès aux progrès accomplis par la médecine occidentale. En matière de santé, rappelle Abdou Diouf, « l’humanisme et le partage, valeurs premières et originelles du mouvement francophone, sont plus actuelles que jamais dans l’expression d’une solidarité renouvelée qui s’impose aujourd’hui ».



par Claire  Viognier

Article publié le 19/11/2004 Dernière mise à jour le 19/11/2004 à 10:51 TU