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Sommet de la Francophonie: Ouagadougou 2004

Initiatives et imagination pour l’enseignement du français

Difficile d’énumérer les priorités en matière d’éducation dans les pays francophones, tant elles varient selon les continents et en fonction des niveaux de développement. Mais globalement, l’enseignement de la langue française et l’alphabétisation figurent aux deux premiers rangs des axes prioritaires retenus.

Pas de doute : la question de l’enseignement du français revêt un caractère prioritaire dans tous les pays francophones. Dans les discours, cela fait exactement quinze ans que les chefs d’État et de gouvernement de la Francophonie le reconnaissent. « L’éducation et la formation constituent un domaine stratégique d’intervention, à la fois pour la préservation et la diffusion de la langue française (…) », ne cessent-ils de souligner depuis leur sommet à Dakar en 1989. Et depuis la 50e Conférence des ministres de l’Éducation nationale, en novembre 2002 à Ouagadougou, et les Etats généraux sur l’enseignement du français en Afrique subsaharienne, en mars 2003, tous les francophones s’accordent à reconnaître qu’une langue française forte et puissante est la condition nécessaire à la santé des systèmes éducatifs.

Remise au goût du jour de la lecture et de la récitation

Dans les faits, la situation est contrastée. Certains pays membres de la grande famille francophone enregistrent, en la matière, des résultats peu encourageants. Le Rapport mondial sur le développement humain 2003, publié par le Programme des Nations unies pour le développement, dresse le constat suivant : « Dans les régions en développement, une fois inscrit, un enfant sur trois seulement achèvera sa scolarité dans le primaire. » Les pays francophones d’Afrique subsaharienne sont touchés par le problème du faible niveau de scolarisation des enfants. Un problème couplé, logiquement, avec celui du fort taux d’analphabétisme. Les enfants qui quittent le système scolaire avant la fin du cycle primaire ont de fortes chances de ne savoir ni lire, ni écrire le français.

Pour les pays aisés de la Francophonie, où les taux d’alphabétisation sont élevés, les efforts portent davantage sur les méthodes d’apprentissage de la langue de Molière. En France, par exemple, des actions sont menées à la fois dans et hors de l’école. Dans les établissements, tout est mis en œuvre pour remettre au goût du jour la lecture, la dictée, la récitation, la rédaction, ces exercices traditionnels qui ont montré leur efficacité pour la maîtrise du français. Celle-ci est la première des quatre priorités du ministre français de l’Éducation nationale, François Fillon, en sa première rentrée scolaire (2004/2005). En dehors du cadre scolaire, associations et particuliers sont les plus actifs. Le Français Alexandre Jardin a, par exemple, développé un programme qui vise à encourager les enfants à lire : de nombreux bénévoles, des personnes à la retraite notamment, vont de maison en maison pour lire des textes aux élèves de l’école primaire.


La chaîne TV5 mise à contribution

En Asie, dans le Pacifique et l’Océan indien, l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) organise des séminaires de perfectionnement, notamment à Hô-Chi-Minh-Ville (Vietnam) et à Antananarivo (Madagascar), en vue d’améliorer le niveau des professeurs de français dans ces régions. Une fois que leur maîtrise de la langue française est renforcée, ces enseignants, à leur tour, forment efficacement les enfants qui leur sont confiés.

En collaboration avec l’équipe du Centre d’approches vivantes des langues et des médias (le Cavilam, basé à Vichy, en France) et d’autres pédagogues, TV5 a instauré depuis 1996 un dialogue novateur avec les enseignant(e)s de français dans le monde : la démarche « Apprendre et enseigner avec TV5 ». En 2003, plus de 36 000 enseignant(e)s sont affiliés à cette démarche. Il s’agit « d’enrichir programmes et manuels par des documents vivants et éphémères qui font entrer le monde extérieur dans la classe ». La dictée de Bernard Pivot s’inscrit dans ce sillage et permet à de nombreux ressortissants de pays francophones de s’amuser avec la langue de Molière.

Les formations sont organisées dans les différents pays de la planète. Destinées aux enseignants de français langue étrangère, elles permettent de donner une méthodologie pour l’utilisation des documents télévisuels de TV5 en classe et sont l’occasion d’échanges d’expériences fructueux. Elles permettent également d’identifier des formateurs de formateurs qui prendront le relais local de ces formations.

L’éducation des filles, une priorité en Afrique

Lors de l’élaboration de leurs plans nationaux d’action pour l’éducation pour tous, les pays francophones d’Afrique subsaharienne sont invités par l’AIF à accorder la priorité à l’éducation des filles. Dans sa programmation pour le biennum 2004/2005, l’Agence s’engage à prêter une attention particulière à ce secteur reconnu prioritaire par le Forum de Dakar. Bien plus, elle se propose d’apporter un appui aux pays membres dans leur poursuite de l’objectif de parité garçons/filles d’ici 2015. Sept des 20 pays francophones d’Afrique au sud du Sahara susceptibles de bénéficier de cet appui ne disposent pas encore d’une ébauche de plan d’action national. Les treize Etats restants disposent d’une version plus ou moins avancée. La tâche de l’Agence s’annonce particulièrement difficile.



par Gervais  Nitcheu

Article publié le 19/11/2004 Dernière mise à jour le 19/11/2004 à 11:02 TU