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Sommet de la Francophonie: Ouagadougou 2004

Intégrer l’environnement dans les politiques nationales

La Francophonie, qui n’est pas un organisme de financement du développement, agit plutôt pour le renforcement des capacités humaines et institutionnelles, ainsi que pour l’échange d’expériences, la diffusion de l’information et la mobilisation de l’expertise francophone au profit de toute la communauté, rappelle Habib Benessahraoui, directeur exécutif de l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie (IEPF). Créé en 1988, l’IEPF est un organe subsidiaire de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie, basé à Québec (Canada). Les interventions spécifiques de l’IEPF ont pour vocation une meilleure gestion et utilisation des ressources énergétiques via l’intégration de l’environnement dans les politiques nationales. Ces actions ont également pour but la mise en œuvre des grandes conventions internationales sur la biodiversité, les changements climatiques et la désertification dans les pays de l’espace francophone.

Dans cette optique, l’IEPF a par exemple appuyé l’initiative du gouvernement camerounais qui souhaitait parvenir à une gestion rationnelle et durable de la forêt tropicale en Afrique centrale. Il a ainsi organisé un atelier régional de formation sur les modalités de gestion forestière liée à l’environnement et contribué à l’installation de réseaux d’échange en vue de faciliter les choix et d’aider aux bonnes décisions. Plus largement, la Francophonie mène des actions pour former les décideurs et les cadres environnementalistes aux outils de gestion rationnelle des ressources naturelles et des écosystèmes.

Une étude sur la gestion des déchets et des décharges d’ordures ménagères

La gestion des déchets ménagers est, en Afrique encore plus qu’ailleurs, un véritable casse-tête et une menace permanente pour l’environnement, origine possible de pollution des eaux notamment. L’IEPF, en collaboration avec le Centre wallon de biologie industrielle (CWBI), a donc conduit une étude sur la gestion des déchets et des décharges d’ordures ménagères dans les pays en développement. Dans une première phase, une évaluation a été réalisée ciblant les villes secondaires dans plusieurs pays d’Afrique et des Caraïbes. On a pu ainsi répertorier les décharges existantes et déterminer les critères de choix des techniques de gestion et d’aménagement.

Ensuite, la deuxième phase a débouché sur la publication d’un Atlas des décharges (1) qui fournit les localisations et les caractéristiques de toutes les décharges inventoriées. En 2003, l’atlas recensait 102 décharges situées au Burkina Faso, au Sénégal, en Tunisie, au Congo, au Cameroun, au Rwanda, à Haïti et à Cuba. L’objectif de cet atlas est de garder en mémoire la position des décharges les plus importantes des grandes villes concernées et de conseiller un type de gestion adapté à la climatologie et l’hydrologie du site en question. Pour les spécialistes de l’IEPF, la connaissance des décharges, mêmes anciennes, permet d’être attentif à la fois à leurs impacts sur l’environnement et ainsi, de ne pas affecter ces sites à certaines activités incompatibles (habitation, forage de puits…).

Un guide pratique a aussi été édité à l’adresse des acteurs politiques et scientifiques des pays en développement. Il fait la synthèse des connaissances dans le domaine de la gestion des décharges, afin de faciliter les bons choix quand il s’agit d’opter pour telle ou telle technique selon le contexte géographique ou socio-économique. L’étude conjointe de l’IEPF et du CWBI a permis l’implantation d’une décharge-pilote d’ordures ménagères sur le site de Saaba, une commune rurale située à une dizaine de kilomètres de Ouagadougou (Burkina Faso). Le projet a mis en œuvre une gestion de décharge de type fossilisée, et a été géré par l’Association Action Défi Victoire, qui regroupe des femmes de la commune.

Reconnaître le droit à un environnement équilibré et sain

En marge des préparatifs du Xe Sommet de la Francophonie, les participants au colloque de Ouagadougou (« Développement durable : leçons et perspectives », 1-4 juin 2004) ont d’ailleurs voulu inviter les Etats membres à introduire, dans leur droit national, le droit de chacun à un environnement équilibré et sain. Ils souhaitent que ce droit soit inscrit dans la constitution ou dans une loi, une façon pour les Etats de concrétiser leur attachement au développement durable en l’intégrant dans toutes les politiques publiques. Ces universitaires, experts et chercheurs attendent donc que la Francophonie apporte son soutien et son expertise tant au projet démocratique qu’au développement durable, indissociables.

Sur le même registre, les ministres africains francophones, participant à la session extraordinaire du Forum ministériel mondial sur l’environnement tenue à Jeju, en Corée, fin mars 2004, ont également élaboré un projet de contribution dans la perspective du Xe sommet francophone. Dans lequel, rappelant que « les préoccupations environnementales doivent faire partie intégrante du processus de développement durable au même titre que les dimensions économiques et sociales », ils s’engagent à la fois « à intégrer les préoccupations environnementales et de développement durable dans les politiques et stratégies de développement de nos pays » et « à mettre en œuvre les processus garantissant une participation de la société civile et des collectivités locales, afin d’assurer l’adéquation entre les orientations stratégiques et leur mise en oeuvre au niveau local ».



par Claire  Viognier

Article publié le 19/11/2004 Dernière mise à jour le 19/11/2004 à 11:21 TU


(1) Atlas consultable à l’adresse suivante : www.ulg.ac.be/cwbi/index.htm