Xème Sommet de la Francophonie
Le spectre de la crise ivoirienne
(Photo : AFP)
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Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie, a condamné, le 16 novembre, «la reprise des combats» en Côte d’Ivoire et l’attaque menée par les forces gouvernementales «contre le camp français». Il a aussi apporté le soutien de l’Organisation internationale de la Francophonie aux sanctions décidées par le Conseil de sécurité des Nations unies contre ce pays. L’ONU a, en effet, demandé un embargo immédiat sur les armes et a recommandé des mesures conditionnelles (interdiction de voyager, gel des avoirs) contre les personnalités ivoiriennes responsables de violation des droits de l’homme ou d’un blocage de l’application des accords de Marcoussis. Ces mesures adoptées à l’unanimité par les membres du Conseil de sécurité ont aussi reçu le soutien de l’Union Africaine (UA).
Face à l’aggravation de la crise en Côte d’Ivoire, la Francophonie a fait part non seulement de sa solidarité avec les sanctions onusiennes mais de son intention de participer à toute initiative en faveur du rétablissement de la paix dans le pays. Abdou Diouf a ainsi déclaré : «Nous nous emploierons de toutes nos forces à faire en sorte que cette résolution soit appliquée». Il est vrai que l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et son secrétaire général ont été associés dès le départ au processus politique de sortie de crise et aux tentatives menées pour obtenir la réconciliation des parties impliquées, après le coup d’Etat manqué de septembre 2002.
Trouver une issueAbdou Diouf a ainsi participé au sommet qui a abouti, en janvier 2003, à la signature de l’accord de Linas-Marcoussis. L’OIF est d’ailleurs membre du comité de suivi des ces accords de paix. Deux missions exploratoires en matière électorale ont, d’autre part, été menées par des experts francophones dans la perspective de l’organisation d’élections prévue par le même accord. Et l’OIF a nommé Lansana Kouyaté, en tant que représentant spécial pour la Côte d’Ivoire en lui assignant une mission de médiation active. Mais surtout, Abdou Diouf et Lansana Kouyaté n’ont pas cessé depuis deux ans de suivre le dossier et de nouer des contacts réguliers avec l’ensemble des protagonistes de la crise ivoirienne pour tenter de trouver une issue démocratique.
Dans ce contexte, le sommet de Ouagadougou va offrir une occasion de réaffirmer la préoccupation des chefs d’Etat et de gouvernement francophones face à la dégradation de la situation politique en Côte d’Ivoire, pays frontalier du Burkina Faso, l’hôte de cette Xème conférence de la Francophonie, souvent accusé par son voisin de soutenir la rébellion. La déclaration finale, le texte politique rédigé en commun et approuvé par les dirigeants francophones, sera cette année d’autant plus attendu que les enjeux sont cruciaux pour la paix et la démocratie dans la sous-région. La présence de Jacques Chirac à Ouagadougou, prévue du 25 au 27 novembre, donnera aussi une portée et un poids particuliers aux positions adoptées par les francophones sur la crise ivoirienne. L’évacuation dans des conditions difficiles de nombreux ressortissants français de Côte d’Ivoire, victimes d’exactions et de menaces, et les échanges de propos très vifs entre les présidents ivoiriens et français ayant contribué à rendre les relations entre les deux pays extrêmement tendues.
par Valérie Gas
Article publié le 24/11/2004 Dernière mise à jour le 24/11/2004 à 13:41 TU