Xème Sommet de la Francophonie
Entre sécurité et festivités
(Photo : Valérie Gas/RFI)
A l’heure où les chefs d’Etat vont arriver pour participer au Sommet de la Francophonie, les organisateurs s’activent. Les derniers aménagements (fleurs, enseignes lumineuses…) sont réalisés à la hâte sur le site du sommet. Corollaire de cette ébullition de dernière minute, le dispositif de sécurité monte en puissance. Sur la route qui mène à « Ouaga 2000 », le quartier dans lequel ont été installés le centre de conférence et le centre de presse, des membres des forces de l’ordre sont placés à chaque carrefour et contrôlent avec une attention croissante les véhicules qui veulent accéder à la zone sécurisée.
Quand on doit recevoir plus d’une vingtaine de chef d’Etat et de gouvernement, il n’y a pas de place pour l’amateurisme. Le délégué général du Comité national d’organisation du sommet (CNOF), Paul Ismaël Ouedraogo, précise d’ailleurs que pour cet événement l’ensemble des forces de l’ordre burkinabés sont mobilisées : police, gendarmerie, armée. Le pays hôte a aussi reçu un appui important de quelques Etats partenaires dans l’organisation du sommet pour mettre au point un dispositif de sécurité à la hauteur de l’événement. La France et le Canada ont ainsi été directement impliqués. La contribution financière du Canada (environ 4 millions de dollars canadiens) a d’ailleurs été essentiellement consacrée à ce chapitre.
Le colonel Gilbert Diendéré, chef d’état-major particulier de la présidence et président de la commission sécurité du Comité national d’organisation, explique ainsi qu’un détachement de l’armée française d’environ 85 personnes est présent sur place depuis deux semaines pour organiser le système de défense anti-aérienne avec les militaires burkinabés. La France a aussi participé à la formation du personnel chargé d’assurer la protection des personnalités et la gestion des cortèges officiels. Le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN), section d’élite, a d’autre part été impliqué dans l’organisation des groupes d’intervention anti-terroristes. Les Canadiens ont, quant à eux, fourni beaucoup de matériel de pointe pour la détection des explosifs, des métaux, et l’organisation des systèmes de communication.
Le contrôle aux frontières renforcé
Plus de 4 000 policiers, gendarmes et militaires burkinabés ont été mobilisés pour assurer la sécurité. Ouagadougou, ville hôte de la conférence de la Francophonie, est bien évidemment au cœur du dispositif mais l’ensemble du pays est placé sous haute surveillance. Les contrôles aux frontières ont notamment été renforcés pour éviter toute intrusion susceptible de contrarier le bon déroulement de l’événement. La frontière très sensible avec la Côte d’Ivoire fait bien évidemment l’objet d’une surveillance attentive.
Chaque délégation a d’autre part envoyé «des éléments précurseurs» pour préparer l’arrivée de ses représentants. Les chefs d’Etat et de gouvernement sont aussi entourés par leurs propres services de sécurité rapprochée. Et certains amènent même avec eux des voitures blindées lorsqu’ils ne veulent pas se déplacer dans les véhicules mis à leur disposition par les organisateurs, comme les présidents Bouteflika (Algérie) ou Bongo (Gabon).
Même si le dispositif de sécurité indispensable pour accueillir autant de personnalités de haut rang oblige à mettre la spontanéité de côté pendant les 48 heures durant lesquels elles sont présentes au Burkina Faso, le président Compaoré a tenu à ce que le sommet de Ouagadougou soit aussi une fête populaire et mette en valeur la tradition d’hospitalité des Africains. Paul Ismaël Ouedraogo tient beaucoup à relayer la volonté du président de «fédérer la population» autour de l’événement : « C’est un temps fort car c’est tout le Burkina Faso qui reçoit le sommet ». Des concerts de rues, des vols de montgolfières sont prévus à Ouagadougou pour donner un caractère festif et populaire à un sommet avant tout politique. Plusieurs autres villes comme Bobo Dioulasso ont aussi organisé des animations à l’occasion de cet événement.
L’organisation du sommet de la Francophonie a aussi nécessité l’ouverture de grands chantiers de construction dans la capitale burkinabé. Des infrastructures ont été réalisées spécialement pour l’occasion, comme le centre de conférence où ont lieu les débats, ou le centre de presse qui accueille les quelque 400 journalistes qui doivent suivre les travaux. La France a été un partenaire de premier plan dans la construction et l’équipement de ces bâtiments qui devraient rester à l’entière disposition du Burkina Faso une fois le sommet terminé. Paul Isamël Ouedraogo estime qu’ils devraient être très utiles notamment pour organiser des formations ou des dépouillements électoraux.
Un palace et des villas
La construction d’un grand hôtel de prestige a, d’autre part, été engagée dans la perspective du sommet, juste à côté du centre de conférence. Financé par la Libye, ce palace a été baptisé l’hôtel de l’Union africaine. Après de nombreuses péripéties (les ouvriers ont fait grève) et retards, il a finalement été partiellement ouvert pour accueillir des délégations et des cérémonies officielles annexes au sommet. Reste à savoir si les travaux pourront être poursuivis par la suite. Un «village» composé d’une vingtaine de villas «de grand standing» a été construit pour les membres des délégations. Dans la ville, d’autres hôtels ont été réhabilités de manière à pouvoir loger tous les participants. Mais il semble que l’afflux de dernière minute à Ouagadougou ait été difficile à gérer à ce niveau.
Un nouveau palais de la présidence a aussi été construit pour accueillir les réceptions officielles et va être inauguré lors du sommet. Le village de la Francophonie a été installé sur le site du Salon International de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO) pour accueillir les stands des délégations, des institutions, et de nombreuses manifestations culturelles. Mais au-delà de ces infrastructures liées à l’organisation de l’événement, le Burkina Faso souhaite que la Francophonie laisse une trace symbolique dans le pays. Les autorités envisagent la construction d’une bibliothèque de la Francophonie à la fois traditionnelle et virtuelle car, explique Paul Ismaël Ouedraogo, «il n’y a pas de développement sans formation et sans transmission du savoir». Une bibliothèque moderne de ce type aurait donc vocation à traduire en acte le thème du sommet qui veut faire de la Francophonie «un espace solidaire de développement durable». Un beau projet qu’il reste à réaliser.
par Valérie Gas
Article publié le 25/11/2004 Dernière mise à jour le 25/11/2004 à 11:57 TU