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Xe Sommet de la Francophonie

Paix, développement et Côte d'Ivoire

Lors de la cérémonie d'ouverture du Xe sommet de la Francophonie, les différents intervenants ont insisté sur les dangers de la crise ivoirienne. 

		(Photo : AFP)
Lors de la cérémonie d'ouverture du Xe sommet de la Francophonie, les différents intervenants ont insisté sur les dangers de la crise ivoirienne.
(Photo : AFP)
Le Xe Sommet de la Francophonie s’est ouvert, vendredi 26 novembre, à Ouagadougou. Une douzaine de personnalités ont pris la parole à l’occasion de cette cérémonie et ont planté le décor des travaux qui vont avoir lieu pendant un jour et demi entre les chefs d’Etat et de gouvernement. Chacun d’entre eux est revenu sur les enjeux liés au développement durable, le thème de ce sommet. Mais ils ont surtout insisté sur les dangers de la crise ivoirienne et réaffirmé leur désir de voir s’améliorer la situation dans ce pays. Ces déclarations n’ont pas trouvé d’écho auprès des délégués ivoiriens. Aucun d’entre eux n’était présent.
De notre envoyée spéciale à Ouagadougou.

La cérémonie d’ouverture du Xe Sommet de la Francophonie a donné le ton. Comme prévu les chefs de délégation qui se sont exprimés ont fait part de leur préoccupation concernant la situation en Côte d’Ivoire. Jacques Chirac a abordé d’emblée ce problème très sensible lors de son intervention en réaffirmant que la France est «l’amie de la Côte d’Ivoire» qu’il a qualifiée de «grande nation si proche et si chère». Le président français a fixé le cadre de l’intervention militaire française dans ce pays et a expliqué que l’objectif de la France était «d’éviter la guerre civile» et d’aider le peuple ivoirien «à trouver lui-même le chemin de la paix».

Jacques Chirac a expliqué à quel point la Francophonie avait un rôle à jouer dans le règlement de cette crise qui ne doit pas être «militaire» mais «politique». Et il a demandé aux dirigeants francophones de confirmer «le mandat politique» du secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, pour qu’il continue à participer à ce processus en faveur du retour à la paix. Ce désir de voir la Côte d’Ivoire revenir sur le chemin de la paix a aussi été manifesté par les principaux orateurs de la cérémonie d’ouverture. Et notamment par le président burkinabé, Blaise Compaoré, qui a insisté sur la nécessité «de continuer à appuyer les efforts de médiation africaine et internationale… pour trouver des solutions politiques aux crises en Côte d’Ivoire, en Haïti et dans la région des Grands Lacs». Il semble donc que la résolution que les chefs d’Etat et de gouvernement doivent adopter en fin de sommet ira surtout dans le sens d’un appel à la reprise du dialogue.

Pas de représentant ivoirien

Cet appel pourra-t-il être entendu en Côte d’Ivoire ? Cela reste à voir. Car cette première journée du Sommet de la Francophonie a été marquée par l’absence de tout représentant ivoirien à la cérémonie d’ouverture. Laurent Gbagbo n’avait pas pris l’avion pour Ouagadougou hier. Il avait néanmoins dépêché son ministre de l’Intégration Théodore Mel Eg. Mais il semble que ce dernier est reparti dans son pays directement après qu’une fouille de ses bagages a été effectuée à l’aéroport et que des documents ont été confisqués «au mépris de tous les usages diplomatiques», ont estimé les Ivoiriens qui ont donc décidé de pratiquer la politique de la chaise vide. Dans un contexte de relations très tendues entre la Côte d’Ivoire et le pays hôte du sommet, le Burkina Faso, cet incident ne va pas améliorer les choses.

Si la crise en Côte d’Ivoire semble bien partie pour être au centre des débats politiques lors du huis clos du samedi 27 novembre, le thème du développement durable ne sera pas pour autant oublié. Les participants du sommet ont même insisté sur les enjeux de la lutte contre la pauvreté qui frappe de nombreux pays africains. Abdou Diouf a d’ailleurs résumé la situation en déclarant à ce propos : «Notre devoir le plus sacré est de répondre à ce besoin si fort de solidarité qui nous interpelle à chaque instant». Il a d’ailleurs rappelé que la Francophonie soutenait «les démarches entreprises par la communauté internationale pour annuler la dette des plus pauvres». Une position sur laquelle il a reçu le soutien de Kofi Annan, le secrétaire général de l’Onu, représenté à Ouagadougou par son adjoint Ibrahima Fall qui a pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture. Tout comme l’ancien chef d’Etat malien Alpha Omar Konaré, président de la Commission de l’Union africaine.

20 millions d’euros pour développer le micro-crédit

Concernant le problème du développement, le président français a, quant à lui, fait part de son intérêt pour le micro-crédit dont l’inventeur, Mohammed Yunus, participe aux débats du sommet. Selon Jacques Chirac, il s’agit d’un moyen susceptible d’aider à lutter contre le pauvreté et de permettre aux populations les plus démunies de sortir de leur isolement économique. M. Chirac en a profité pour annoncer sa décision de débloquer un budget de 20 millions d’euros pour engager des opérations de micro-crédit dans les pays francophones «de la zone de solidarité prioritaire». La France accueillera d’autre part, en juin 2005, une conférence internationale sur ce thème.

Le président gabonais Omar Bongo a pour sa part affirmé que «la lutte contre la pauvreté» devait «mobiliser la solidarité francophone» et a insisté sur le lien entre l’éducation des populations et le développement en déclarant : «Ignorance et développement sont incompatibles». Mais il a surtout pris la parole pour rappeler que deux journalistes français sont otages en Irak et a demandé aux Francophones d’aller «au secours de ces journalistes». Christian Chesnot de Radio France Internationale et Georges Malbrunot du Figaro sont, en effet, retenus depuis 99 jours.



par Valérie  Gas

Article publié le 26/11/2004 Dernière mise à jour le 26/11/2004 à 18:54 TU

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